Restaurateurs, entreprises du tourismes, quand on parle de la crise du coronavirus, on a tout de suite une pensée pour ces secteurs directement impactés par l’épidémie. Mais qui parle du business du mariage, lui aussi touché de plein fouet par le COVID-19 ? Car contrairement à ce qui est dit aux informations ce ne sont pas que des « petits photographes » ou des « petits DJ » qui risquent aussi de faire faillite mais tout un secteur d’activité, qui n’est d’ailleurs que très rarement pris au sérieux.
Le business du mariage est professionnel
Qu’on se le dise, les photographes de mariage et DJ ne sont pas des amateurs / amatrices qui exercent cette activité pour arrondir leur fin de mois. Et c’est tout autant le cas pour les autres domaines de la profession. Traiteurs, salles de réception, wedding-planner, fleuristes, allianciers, créateur·ice·s de papeterie, de robes de mariée, prestataires pour les cadeaux invité·e·s, boutiques de décoration, coiffure, maquillage, vente d’accessoires, organismes de formation… Oui, on vous parle bien d’entreprises à parts entières, avec des charges, des salaires et des salarié·e·s à payer. On vous parle de dirigeant·e·s trop souvent « invisibles » et qui pourtant s’inquiètent tout autant que les autres de l’avenir de leur business.
Les pros du mariage ne vendent pas -que- des paillettes.
Notre travail est un vrai métier qui nous rapporte un vrai salaire. L’univers du mariage compte des indépendant·e·s, mais aussi des start-up, des entreprises avec plusieurs dizaines de salarié·e·s, qui travaillent en B to B, en B to C, il y a des salons professionnels, d’autres pour les particuliers… le champs d’activité est vaste, comme dans n’importe quel secteur économique. Nous sommes autant du côté industriel que des services… Et ce sont des dizaines de milliers de travailleuses et travailleurs qui sont frappés de plein fouet par la crise du COVID-19.
Alors pourquoi ne sommes-nous jamais pris au sérieux ?
Ce qui est triste c’est que lorsque le thème des mariages est abordé aux actualités, on ne parle que des futur·e·s marié·e·s dans l’obligation de décaler leur jour J, et parfois des « petits » prestataires qui risquent d’en pâtir mais qui « feront des remises pour 2021″… Le sujet est complètement survolé, le fond et les réels enjeux pas du tout abordés.
Oui, nous sommes très tristes que les couples ne puissent pas se marier, nous faisons d’ailleurs tout notre possible pour les aider à reporter leur mariage dans les meilleures conditions possibles quand c’est obligatoire (à cause de la date de fin de confinement par exemple) ou du moins les tenir informés des dernières actualités pour prendre les meilleures décisions .
Mais on voudrait aussi que notre secteur d’activité soit enfin pris au sérieux et que l’impact de la crise du coronavirus, soit reconnu et étendu à l’ensemble des prestataires mariage, pas seulement du point de vue des client·e·s.
L’univers du mariage dans le flou total, comme les autres entreprises du secteur événementiel
Il y a quelques jours, l’Unimev (union des métiers de l’évènement) précisait au magazine Les ECHOS « Nous estimons que 15 milliards d’euros de retombées économiques directes et indirectes, soit le tiers de la contribution annuelle de notre industrie, sont déjà perdus pour l’économie française depuis le début de la crise ». 15 milliards d’euros de pertes dans ce domaine à cause de l’annulation ou du report de plusieurs milliers d’évènements, mais aucune donnée pour le secteur du mariage dont on ne parle pratiquement pas.
Et pourtant, en 2017, les revenus engendrés par le secteur du mariage étaient de 3 milliards d’euros.
Nous n’avons aucune information sur ce qui va se passer dans les semaines et mois à venir. Quand les « grandes réunions familiales » seront-elles autorisées à nouveau reste LA grande question qui laisse tout notre secteur d’activité en suspend. Mais pour que les futur·e·s marié·e·s se rendent compte des enjeux, il faut arrêter de minimiser la valeur de nos professions.
« Mais c’est pas grave de reporter un mariage »
Non ce n’est pas « grave » de devoir reporter un mariage, comme ce n’est pas plus grave que de devoir attendre quelques semaines pour aller au restaurant, sauf que pour les dirigeant·e·s, ce sont les même inquiétudes : des pertes nettes qui ne pourront pas être rattrapées.
Non, tous les prestataires ne pourront pas reporter gratuitement les mariages prévus sur 2020, encore moins sur des week-ends en 2021. Non les prestataires ne pourront pas forcément faire des « remises » pour les mariages de la saison prochaine. Parce que cela aurait trop d’impact sur leur chiffre d’affaire et les conduirait tout droit à la faillite. Oui il va falloir trouver un terrain d’entente, avec des client·e·s, malheureusement pas toujours conciliant·e·s.
Le marché du mariage était déjà impacté par la baisse du nombre d’unions célébrées chaque année et l’hyper concurrence de son domaine d’activité. Les acteurs devront donc rebondir après cette crise, mais pour cela ils devront pouvoir être pris au sérieux par leurs client·e·s qui se rendront compte des enjeux économiques et sociaux qu’il y a derrière.
On a beau « vendre du rêve », on vit quand même dans la réalité.
Celle où il faut travailler, payer ses impôts et se nourrir. La crise du coronavirus touche toute l’économie, et les prestataires de mariage sont loin d’être épargnés.
Matthieu dit
Bonjour, je suis dans une situation bien délicate : notre mariage étant prévu le 1er mai 2020, nous avons dû le reporter au 1er mai 2021. Nous avions réglé 600 € (sur 1400€) à notre DJ, et depuis quelques jours … plus de nouvelles, pas de réponses à nos mails, numéro de téléphone non attribué, site internet qui n’existe plus.
Peut-être a-t-il fait faillite ?
Mais qu’en est-il de nos 600 € ?
Avons-nous un espoir de les récupérer ?
Pourquoi cette avance est encaissée alors que la prestation n’est pas assurée ?
Cédric Nicolle Photographe de mariage dit
Mes couples sont pour la plus grande majorité, super conciliants pour trouver des dates ensemble ! Il faut anticiper, accompagner, conseiller et tout se passe bien ! 2020 va être très difficile à passer, 2021 sera peut être la meilleure année pour tous les professionnels.
Minaris dit
Bonjour,
Attention quand vous écrivez « Non, tous les prestataires ne pourront pas reporter gratuitement les mariages prévus sur 2020 »
Si il y a eu un contrat de signé et que la date doit être décalé, alors le contrat est « suspendu ». C’est à dire que vous avez convenu d’une nouvelle date mais les termes du contrat restent inchangés. En particulier le tarif convenu à la base.
Si vous proposez un supplément aux mariés, ils ne sont pas obligé d’accepter. (ils peuvent le faire par solidarité mais là c’est une autre histoire)
L’important est de trouver une solution ensemble et que chacun fasse des efforts. Le prestataire peut proposer un max de dates dispos qui lui conviennent et les mariés ne peuvent pas imposer une seule date de report en plein été par exemple, juste parce que c’est ça ou rien.
Marion dit
J’ai du mal à comprendre pourquoi faire payer un surplus pour décaler une date … les mariés non pas fait un choix mais subissent comme les prestataires cette situation. oui il y a un manque à gagner et oui cela mais en péril les entreprises du secteur mais comme dans beaucoup d’autres secteurs qui ne vont pas vous faire payer plus cher quelques mois plus tard leurs produits ou prestations !
Clement dit
Dans quelques mois je m’attend a ce que ca soit la foire chez les prestataires. A celui qui fera la meilleures promo pour attirer du monde.
Ca a déjà commencé chez certains photographes malheureusement. J’ai peur que chez les intégres, on soit nombreux a perdre des plumes
Clément dit
Bonjour,
Vous ne pouvez pas accuser les clients de ne pas être conciliants, il est normal qu’ils puissent décaler leurs prestataires sans frais supplémentaires, eux aussi sont affectés par la situation, eux aussi n’ont peut être plus de revenu depuis un mois et ne savent pas combien de temps cela peut durer, vous ne pouvez pas faire payer aux clients les conséquences de cette crise. Je ne doute pas que ça doit être difficile pour votre secteur mais ça l’est aussi pour d’autres.
Bien cordialement,
Sophie
Lucie dit
Bonjour
Je suis photographe de mariage et il m’est impossible de déplacer gratuitement un mariage prévu en mai 2020 sur un week-end de 2021. Cela me ferai perdre trop d’argent. Il ne faut pas oublier que l’on ne travaille pas tous les mois de l’année mais simplement sur une saison. C’est un gros manque à gagner et certains mariés ne comprennent pas cela. Je ne veux pas aller jusqu’au juridique pour régler ce genre d’affaire, mais si je n’ai pas le choix je le ferai pour la survie de mon entreprise.
Lucie
Sophie dit
Et bien je ne trouve pas ça honnête de votre part ! Les mariés sont contraints d’annuler ce n’est pas comme s’ils avaient le choix…
Tournez-vous plutôt vers vos assurances ou vers les aides de l’État pour compenser le manque à gagner mais pas vers les futurs mariés qui sont déjà super tristes de ne pas se marier cette année.
Lucie dit
Vous voulez que je décale sur des week-ends en pleine saison ? Mais je ne vais rien gagner dans ce cas-là… comment je fais pour me verser un salaire l’an prochain dans ces conditions ? On parle de mon salaire et de ma famille à nourrir… Je veux bien décaler en hors saison ou sur des jours en semaine mais je ne peux pas me flinguer ma saison 2021 en plus.
Lauren KIM-MINN dit
Bonjour Sophie,
Etant moi-même photographe, je me permets de vous répondre : ce n’est pas si simple, et c’est au choix de chacun et selon la trésorerie/fonctionnement de chacun que nous sommes obligés de composer.
Un domaine, comme un photographe, ne peut se dédoubler. Le nombre de week-ends sont limités et l’année n’est pas extensible. Ce qui veut dire que d’office : un report sur un week-end majeur et demandé par les mariés 2021, implique un solde repoussé à l’année suivante et une occasion de pouvoir réserver pour de nouveaux, au vu des nombreuses pertes : DATE BLANCHE. On cumule ça à – si les nouvelles sont mauvaises – la quasi totalité de l’année 2020 blanche, c’est tout simplement dramatique.
Pour ma part, je ne fais pas que du mariage, je réalise depuis toujours diverses séances, ce qui me permettra de garder la tête sous l’eau. Mais pour ceux qui ne font que du mariage (donc + que moi), la situation est tout simplement critique pour eux. Pour ma part, et parce que (pour le moment j’insiste), la situation me permet, je n’ai pas mis en place une augmentation. Mais dans un cas extrême, je crois que je vais être obligée… Au risque de me retrouver à la rue.
Nous avons tous besoin d’un minimum de compréhension de solidarité. Sinon vous verrez tous vos prestataires les moins solides, sombrer et surtout : tout perdre.
Bien-sûr, nous nous soucions de nos mariés. Et pour les plus passionnés, consciencieux, sommes tellement désolés pour eux… Nous avons conscience que c’est un projet, pensé, réfléchi, avec tout leur coeur pendant très longtemps. Nous avons aussi conscience de l’investissement financier que nous représentons pour eux. De la confiance qu’ils nous accordent.
Cependant, nous ne pouvons ignorer la précarité dans laquelle cette situation nous met. Situation que tout le monde subit de plein fouet… N’oubliez pas que si nous perdons, nous perdons tout. Les assurance ne nous assurent pas car le Coronavirus n’a pas été établi comme « Cas de force majeur » au niveau juridictionnel par l’état. Oui oui. Les restaurateurs se retrouvent face au même problème… Les aides, aujourd’hui sont là heureusement, pour ceux qui peuvent en bénéficier et beaucoup de mes collègues n’y ont pas le droit (Diminution d’activité à -50%, sauf que lorsqu’on ne gagne quasiment rien l’hiver et tout l’été ? ZERO). Quid de l’après ? Et que si nous perdons notre activité, nous perdons notre gagne-pain : celui qui nous fait vivre, manger, vivre nos familles… Et nous n’aurons pas droit au chômage. C’est très grave.
Si vous voulez que vos prestataires soient encore présents en 2021, c’est malheureux à dire, mais il va falloir dialoguer avec eux, être solidaire entre vous.
Sachez que vos prestataires (moi en tout cas), vous comprenons aussi. Nous ne sommes malheureusement plus en mesure de ne penser qu’à l’autre. Nous devons penser à notre survie.
Bien à vous et bon courage pour cette tornade qui nous traverse.
Elodie dit
Et donc vous appliquez des pénalités de changement de date??
Peut-être que vous pouvez décaler gratuitement sur des we d hiver moins demandés ou sur des we de 2021 non réservés…
Lauren KIM-MINN dit
Bien-sûr ! C’est ce que nous désirons ^^
Week-end de basse saison ou semaine. Nous sommes prêts à travailler 2 fois plus.
Sabrina Boulin dit
Merci beaucoup pour cet article, tout y est dit. Soyons solidaires dans cette crise qui ne nous épargne pas.
Bon courage
Une décoratrice événementielle.