Lorsque Lizzie a annoncé sa grossesse à son manager, celui-ci n’a plusfa du tout était conciliant. Essayant de la faire craquer en lui imposant des déplacements malgré le coronavirus et son état, la jeune femme ne s’est heureusement pas laissée faire. Voici son témoignage.
{Témoignage} Harcèlement moral au travail à cause de ma grossesse
Je m’appelle Lizzie et j’attends un petit garçon pour cet été. C’est mon premier. Je suis dans une entreprise où d’autres collègues étaient enceinte l’année dernière et il n’y avait eu aucun problème pour elles. J’ai donc pensé naïvement que l’annonce de ma grossesse se passerait bien, bien que j’ai changé de manager en novembre 2019. Comme quoi, tout peut dépendre d’un seul homme. J’ai annoncé ma grossesse dès la fin de mon premier trimestre à mon manager car j’avais beaucoup de trajets (2h30 par jour) pour rejoindre mon travail et que j’avais de fortes nausées depuis le début. J’avais réussi à me débrouiller avec ces désagréments et la fatigue au début mais là je ne pouvais plus tenir physiquement.
Annonce de ma grossesse à mon manager et réaction
Début d’année 2020. Ce jour là je passais mon entretien annuel. Mon manager notait sur le bilan « énormément de déplacements pour l’année à venir ». A la fin de l’entretien lorsqu’il m’a demandé de signer mes objectifs je lui ai dit que je ne pouvais pas m’engager sur ce qu’il avait décrété car j’étais enceinte et que je ne pourrais pas passer l’été à l’autre bout de la France en déplacements car je serai en train d’accoucher.
Il y a eu un gros blanc… puis il a conclu par : « oui mais tu as choisis de tomber enceinte ? donc tu dois assumer« .
Douche froide !
Je ne me suis pas démontée et j’ai enchaîné en lui disant que les déplacements actuels étaient déjà dur à supporter et que j’aurai apprécié une journée de télétravail (commun dans mon entreprise) pour me reposer un peu. Il a refusé et m’a dit qu’il était hors de question que j’ai un quelconque aménagement pendant ma grossesse.
La semaine suivante j’avais le rendez-vous de suivi à la maternité, un vendredi après-midi. J’avais posé mon vendredi car nous avions des démarches administratives à faire le matin. Je lui explique donc ce que je vais faire pendant mon congé mais que pour les mois suivant si le rendez-vous tombe en semaine (plus que probable vu les horaires du gynéco) je devrais banaliser ma demi-journée et non imputer sur mes congés.
Il m’a alors demandé de rattraper mes heures le midi pour compenser. Visiblement il n’a pas bien compris le principe. J’ai donc hoché la tête pour clore cette discussion stérile et j’ai contacté la RH par mail le lendemain pour faire appliquer mes droits.
Femmes enceintes, médicaments et conséquences au travail
3 semaines avant le début de l’épidémie de covid19, je déclenche une bronchite. Ne pouvant pas prendre les médicaments habituels je mets une bonne dizaine de jours à m’en défaire. Et comme j’étais très fatiguée, le docteur m’avait donné 15 jours d’arrêt. Je reviens au travail en toussant encore beaucoup, la voix très grave mais je me suis reposée et ça a fait du bien. J’apprends 2 jours après mon retour que je dois faire une passation de connaissances auprès d’un stagiaire qui vient d’arriver car je vais quitter le projet. En effet, 15 jours d’arrêt pour une bronchite c’est inadmissible et j’aurai mis le projet en danger avec mon arrêt…
Je reçois des réflexions sur mon état de santé toute la semaine. J’ai même droit à mon chef qui vient à mon bureau me demander comment je gère mes hormones depuis le début de ma grossesse. Là-dessus, je devais refaire un point avec mon docteur le vendredi. Lors de ce point, il me parle de l’évolution de l’épidémie de covid et du manque d’informations sur les femmes enceintes et leur résistance à ce virus. Comme j’avais 2h30 de transports en commun par jour, il décide de m’arrêter préventivement vu que mon entreprise me refuse le télétravail depuis février. Vu ma semaine, aucun scrupule à prendre cet arrêt.
L’épidémie de covid19 et l’humanité du manager
Le confinement est décrété, mon mari travaille de la maison et son entreprise pressentant les impacts de l’épidémie s’engage à le laisser en télétravail jusqu’à mon accouchement pour nous protéger (enfin des gens bien). Au début de l’épidémie je suis en arrêt maladie. Mais celui-ci prend fin au milieu du confinement. Je pense naïvement être mise en chômage partiel comme certains de mes collègues…
Je reçois un appel de mon manager m’expliquant qu’il refuse de faire le dossier de chômage partiel et qu’il ne me reste que 2 solutions : congés sans solde ou arrêt maladie car hors de question que j’impacte sa prime !
Je recontacte mon médecin et je lui explique cette situation ubuesque vu que le chômage partiel ne coûte rien à mon entreprise. J’ai de nouveau un arrêt d’un mois.
Fin du confinement et retour au travail ?
Le déconfinement va être acté mais étant en région parisienne il reste strict. Cela fait plus d’une semaine que mon manager appelle tous les jours pour faire pression et me demander un nouvel arrêt maladie car il ne veut pas gérer mon retour alors que je suis enceinte. J’en parle à mon médecin qui me dit que c’est illégal de joindre un collaborateur pendant son arrêt maladie. Je ne réponds donc plus au téléphone et j’ai droit à une flopée de messages pas toujours très gentils…
Dans le même temps je reçois un courrier de la direction disant que malgré le déconfinement ils s’engagent à protéger leur salariés et vont adapter les postes pour les personnes à risque, dont les femmes enceintes via du télétravail.
Fin de mon arrêt, je réponds donc à mon manager qui m’apprend qu’il a trouvé un projet pour moi, juste pour les mois avant mon congé mat : A Lyon avec 3 jours de déplacements par semaine…
Nouvelle douche froide. Je lui dis que je suis dans mon dernier trimestre, à risque, lui renvoie par mail le courrier de la direction et lui dit que je refuse ce projet dans mon état sachant qu’il ne m’a fourni aucun matériel de protection.
Là-dessus je rappelle mon médecin en lui expliquant les plans de mon manager. Celui-ci me confirme que c’est n’importe quoi vu la situation. Nouvel arrêt. J’en parle aussi à mon gyneco qui me dit qu’il me mettra en congé pathologique à la fin de cet arrêt pour que je ne retourne pas là bas dans ces conditions.
Fin de grossesse un peu plus tranquille
Je suis donc encore en arrêt alors que j’étais en capacité de travailler, mon poste le permettant et les outils actuels aussi. L’avantage c’est que j’ai le temps de préparer l’arrivée de mon fils. J’angoisse un peu du retour post congé mat et des déplacements que mon manager voudrait m’imposer. Je pense au congé parental pour repousser l’échéance et pouvoir allaiter le petit et ensuite chercher une autre boîte.
En attendant cette épidémie aura vraiment fait ressortir l' »humanité » de certains quand il est question de leur prime.
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Aurel dit
Bonjour Lizzie,
Je suis également en Île de France, j’attends mon deuxième enfants et mes responsables on était également très désagréable à l’annonce de cette grossesse alors que comme vous une autre collègue avait eu un enfant peut avant nos congés maternité se serai croisé (retour début d’année pour elle, départ en été pour moi)
Je vous passe toutes les réactions du « mais c’était voulu?, tu as déjà un enfant c’est un accident ?, la prochaine fois que tu envisage d’écarter les cuisses tu pourrais nous prévenir (pardon !!!).
Épidémie de Convid « tu n’es pas malade la grossesse n’est pas une maladie tu continue tes déplacements et tes visites même pendant le confinement »
Ma sage-femme et mon médecin généraliste m’ont pousser vers l’arrêt rapidement et maintenant mon gynéco m’a également arrêter… je ne souhaite pas y retourner sauf pour mon préavis de départ tellement je suis déçu de cette réaction… ca m’a gâché mon début de grossesse.
Bon courage à vous profitez bien de vitre petit garçon !
Bouinette dit
J’ai vécu exactement la même chose !!!
Je suis dans mon 8eme mois de grossesse, bébé prévu pour août, et en arrêt depuis le 30 decembre (puis chômage).
Je travaillais à l’hôpital, dans les essais cliniques avec déplacements réguliers dans toute la France (en services d’infectieux…). J’ai donc annoncé très tôt que j’étais enceinte, pour éviter les déplacements, surtout avec le Covid arrivant en France, et parce que j’avais déjà du mal à me déplacer à cause de douleurs aux bassins et hanches (maladie pré existante avant la grossesse).
J’ai eu le droit à beaucoup de réflexions désobligeantes de mon équipe… « tu n’arrivera jamais à terme en étant comme ça des le premier mois / t’es sûre de vouloir être enceinte ?/ tu nous mets dans la merde en tombant enceinte maintenant » et j’en passe !
J’ai vu mon médecin qui m’a mise en arrêt prolongé tout de suite, avec relève par le gynéco. J’ai vu la médecine du travail qui m’a dit que c’était clairement du harcèlement et m’a déclarée inapte au travail pour que le gynéco puisse prolongé les arrêts sans être embêté par la sécu.
Jetais en CDD qui se terminait début avril et devait être transformé en CDI : je n’ai pas été renouvelée et suis donc au chômage depuis ! Mais finalement, ça m’arrange. Je n’ai plus besoin de retourner à l’hôpital pour y bosser, et je vais pouvoir profiter de mon fils à sa naissance et prendre le temps de trouver un autre job !
Courage à vous !!!! Et changez de job si vous le pouvez ! Vous n’en serez que plus heureuse après plutôt que d’y retourner la boule au ventre tous les matins (surtout s’ils vous comment plein de déplacements avec un nourrisson à la maison pour se venger…)
Banane dit
Je pense comme Agnès que vous auriez pu contacter la RH et la médecine du travail. Conservez bien les preuves de ce qu’il a fait, il semble que vous pourriez en avoir besoin pour des démarches type Prud’hommes dans les mois à venir.
Mon ancien manager m’a aussi harcelée en arrêt maladie, j’ai tout gardé pour pouvoir me défendre si besoin contre mon entreprise.
C’est une honte de se comporter comme il l’a fait et que personne ne réagisse au sein de la société.
Agnès dit
C’est absolument révoltant ! Vous n’avez pas essayé de contacter les rh ou votre n+2 ? Si votre entreprise a envoyé un mail disant qu’ils veulent prendre soin de leurs employés je suis persuadée qu’ils auraient été à l’écoute. Rien que de leur dire que vous avez dû demandé des arrêts répétés car votre manager n’a rien fait pour vous et vous a mis la pression ( je pense que tous les mails et journaux d’appel feront foi). Et si rien de leur part, faites appel à votre syndicat . Vous comptez changer de boîte et j’imagine que vous avez d’autres raisons, il n’empêche qu’il faut prévenir la hiérarchie du comportement de cette personne pour que votre entreprise soit vigilante. Et avec un peu de chance ça lui sucrera sa prime avant votre départ !
Bonne chance