La vie de Lili était parfaite à son goût. Un conjoint solide, un métier qui la passionne et un petit bébé de prévu. Mais en l’espace de quelques semaines, tout a basculé. Fausse-couches, rupture, la future maman a enchaîné. Voici son témoignage.
{Témoignage} Quand tout bascule en peu de temps
Bonjour à toutes les lectrices du blog,
A 27 ans, l’avenir était tout tracé pour moi, du moins je le croyais. Sage-femme depuis plus de 3 ans, en couple depuis près de 10 ans et un bébé prévu pour décembre 2019, je ne pouvais rêver mieux. J’étais heureuse, dans mon couple comme au travail.
Pourtant je crois que rien n’aurait pu me préparer à ce que j’ai vécu…
Fin novembre 2018, peu de temps après l’achat d’une maison, nous avons décidé d’avoir un enfant. Avec une endométriose sévère de stade 4, bien que superficielle, j’étais persuadée qu’une grossesse ne pourrait survenir naturellement et que nous devrions passé par la PMA.
Quelle surprise lorsque j’ai découvert à peine 2 mois plus tard que j’étais enceinte. Malheureusement cette première grossesse s’est avérée être un œuf clair et j’ai fait une fausse-couche spontanée. Déformation professionnelle, je n’avais pas du tout investi cette grossesse. Je savais que tant que je ne verrai pas à l’échographie un petit embryon avec un cœur qui bat je ne pourrais pas me projeter. Ça va peut être choquer mais j’étais même contente que la grossesse s’évacue spontanément, au moins je n’avais pas besoin de passer par la case curetage. Déformation professionnelle encore …
Deux mois après ma fausse-couche, à ma grande surprise encore une fois j’ai découvert que j’étais de nouveau enceinte. Une échographie à 7SA a bien montré un petit embryon avec un coeur qui bat. J’ai alors commencé à investir la grossesse, j’avais des nausées le soir-même de cette échographie alors que je n’avais rien eu jusque là malgré un taux d’hormone assez élevé… Je crois que le mental joue beaucoup…
L’accouchement était prévu pour décembre
Mais sans savoir pourquoi j’avais un mauvais pressentiment. Comme si je savais au fond de moi que cette grossesse se terminerai mal. Quand j’y pensais, je me disais que c’était dû à mon métier et j’essayais de chasser ces pensées négatives. Dans le même temps je sentais mon conjoint s’éloigner. Jamais nous n’avions eu de soucis dans notre couple mais j’avais des doutes sur une éventuelle liaison avec une de ses collègues… Je me disais que ce n’était pas possible, pas après toutes ces années, pas avec un bébé en route … et pourtant les indices étaient sous mon nez mais je crois que je ne voulais pas les voir.
En juillet, enceinte de 4 mois j’ai voulu en avoir la certitude. Alors j’ai profité d’un moment où il était occupé et avait laissé son téléphone à traîner. Malheureusement mes doutes se sont confirmés. Bien qu’il m’ait affirmé qu’il ne s’était « rien passé » avec cette collègue (en gros il n’a pas couché avec elle), pour moi il m’avait trahi au pire moment. Je ne suis pas du tout de nature jalouse, je ne l’ai jamais empêché d’avoir des ami·e·s et même de les voir sans moi. Mais le fait qu’il me cache les choses, qu’il aille la voir pendant que je travaillais, j’ai vraiment considéré ça comme une trahison… au pire des moments.
J’ai décidé de lui pardonner, à condition bien sur qu’il ne la voit plus. Je sentais qu’il restait avec moi juste parce j’étais enceinte et mon pressentiment que ma grossesse se terminerait mal s’amplifiait.
J’ai eu ma deuxième échographie quelques temps après. La plupart des femmes attendent avec impatience cet examen. Moi au contraire je le redoutais et je n’avais qu’une hâte, que ça se termine et que l’on me dise « tout va bien ». Morphologiquement tout était normal mais il était un peu plus petit que la moyenne. J’ai essayé de me rassurer en me disant que je n’étais moi même pas très grande.
Nous sommes partis en vacances comme prévu au mois d’août, sur le lieu de notre rencontre, comme tous les ans.
Quelle fierté j’avais de montrer mon petit bidon
Et pourtant, encore et toujours, je sentais que quelque chose n’allait pas, sans pouvoir l’expliquer. Dans le même temps je savais aussi qu’au terme où j’étais (23SA) on ne pourrait rien faire si quelque chose se passait mal. Une semaine après l’arrivée et au bout de 2 jours sans le sentir bouger j’ai fini par dire à mon conjoint que quelque chose n’allait pas et qu’il fallait aller à la maternité. J’avais comme l’impression que j’allais accoucher. Mon pressentiment depuis toujours s’est malheureusement confirmé, le cœur ne battait plus. À ce moment-là le ciel nous tombe sur la tête, c’est un déchirement inexplicable, une douleur immense. Mon petit garçon est né sans vie trois jours après. Les jours qui ont suivi je pleurais beaucoup mais la seule personne à qui je me confiais était mon conjoint. Je ne pouvais me confier à personne d’autre. Il a été très tendre avec moi, très gentil, très présent lors de l’accouchement et après.
Le retour de vacance était terrible, j’avais un terrible sentiment de vide. J’étais partie avec mon bébé, je revenais le ventre vide … En temps normal je me confie très rarement et je garde tout pour moi. C’est également ce que je fais suite à ce terrible évènement … De plus je « m’interdisais » de souffrir. Je me disais que je n’étais qu’à 23SA et qu’en tant que sage-femme j’avais déjà vu pire… Nous avions fait le choix d’avoir un autre enfant rapidement et je n’avais qu’une hâte : être à nouveau enceinte !
Je bénéficiais du congé maternité et théoriquement je devais reprendre le travail seulement en décembre. Mais je suis de nature à ne pas me laisser abattre et j’ai repris dès que j’ai pu, soit début octobre.
À partir de ce moment-là j’ai de nouveau senti mon conjoint s’éloigner et j’étais persuadée qu’il revoyait sa collègue. Dans le même temps l’idée d’une nouvelle grossesse devenait une obsession et je pensais à tord que cela réglerait son « problème » et qu’il serait de nouveau présent. Je prenais sur moi, je ne voulais pas déclencher de dispute, j’avais tellement peur de le perdre.
Quand tout a basculé
Un jour il a été désagréable avec moi, une fois de plus. C’était la fois de trop je n’ai pas pu me retenir je lui ai demandé ce qui n’allait pas. Alors il a fini par dire qu’il avait moins de sentiments, qu’il voulait une pause. Une semaine après il m’a annoncé vouloir qu’on se sépare et à force d’insister, il m’a avoué que cette fois-ci il y avait bien eu quelque chose avec cette collègue. Il est parti, me laissant seule dans notre maison. Évidemment tout le traumatisme lié à la mort de notre bébé que j’avais tenté de refouler à resurgi.
En moins de 3 mois j’avais perdu mon bébé et l’homme de ma vie, ma moitié, mon pilier, celui à qui je me confiais, celui à qui je parlais tous les jours depuis plus de 10 ans, celui qui me faisait vibrer, celui avec qui je pensais même à me marier, moi qui avait toujours refuser cette idée. C’est tout mon avenir qui s’écroulait, tous mes projets dont celui d’une autre grossesse que j’attendais tellement.
S’en est suivie une période très difficile, je ne dormais plus, je ne mangeais plus. Je me plongeais dans le travail pour me maintenir la tête hors de l’eau. En 4 mois j’ai perdu 10 kilos, passant d’une taille 40/42 à une taille 36/38.
Je me retrouvais à prendre un mélange de somnifères, anxiolytiques et antidépresseurs. J’ai commencé également un suivi psychologique mais il ne m’a pas vraiment aidé. J’ai perdu certaines personnes que je pensais être des amis mais j’ai aussi pu compter sur le soutien de beaucoup de vrais amis et de ma famille. C’est dans les moments comme ceux là que l’on voit qui tient vraiment à nous et j’ai eu de sacrées surprises, des bonnes comme des mauvaises. Il y a aussi des personnes maladroites et j’ai eu beaucoup de remarque du style « c’est peut être mieux comme ça pour le bébé ». Non … comment leur faire comprendre que j’aurais largement préféré avoir ce bébé seule …
La renaissance
Aujourd’hui cela fait 5 mois et je me suis relevée. Je ne prends plus aucun médicament, il faut dire que les anti-dépresseurs m’ont fait plus de mal que de bien ! J’ai toujours beaucoup de sentiments pour le père de mon enfant, un mélange d’amour et de haine mais j’apprends à les contrôler et à vivre avec. J’ai eu quelques aventures et une relation un peu plus sérieuse en ce moment bien que je ne sois pas encore vraiment prête. J’ai quand même hâte de retrouver une belle relation de couple et d’avoir enfin une vie de famille.
Certaines cicatrices ne disparaîtront pas et certaines blessures seront là à vie mais j’ai appris à vivre avec. Comme l’a si bien dit Nietzsche « ce qui ne nous tue pas nous rend plus forts ».
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Gallen dit
Bonjour
J’ai vécu la même histoire mais de À à Z
Certains hommes sont lâche et je peux dire que je suis contente de pas avoir eu cette enfant bec lui aujourd’hui j’ai refais ma vie je vais avoir une maison et hier j’ai appris que je suis enceinte.
Bon courage 🥰
Dina dit
Bonsoir, votre histoire m’a beaucoup touché. Je suis moi-même passé par ce triste événement à 3 reprises, et vraiment avoir le soutien de ses proches mais surtout de son homme est primordial parce que ce petit être qui grandit en nous c’est une partie de nous 2. Pour faire court moi aussi endométriose détectée à 35 ans , FIV à 36ans, fausse-couche tardive et dépression, un an plus tard 2nde fausse-couche tardive et c’est là le drame. Mon compagnon m’annonce après 13 ans, alors que mon bb est en train de partir qu’il veut que l’on se sépare devant les Sages-femmes, Gynécologues, et je ne l’ai plus revu. Même pas un appel il m’a laissé à la maternité seule avec mes doubles larmes. Après l’accouchement une Sage-femme l’a appelé de force pour qu’il vienne me chercher mais son cœur n’y était pas. Un an après, comme il nous restait un autre embryon j’ai voulu réessayer même si la séparation était en place, 3ème fausse -couche. Je dirais celle de trop parce que c’était pire que tout, je suis depuis en reconstruction, c’est dur parce que j’ai insisté pour qu’il m’explique le pourquoi du comment, et il m’a dit que tout était de ma faute, ma santé, les fiv ratées, tout . C’était juste un moment terrible. Mais aujourd’hui, j’avance petit à petit, personne ne peut te dire quoi que ce soit, parce que ce que tu vis c’est un double deuil, vraiment je te souhaite le meilleur du meilleur.
Anne dit
Bonjour à toutes
J’ai 36 ans, j’ai rencontré mon compagnon il y a maintenant 4 ans, il est plus jeune que moi, il a 27 ans.
On a commencé à désirer un enfant au printemps 2021, on a acheté un appartement ensemble à ce moment là, on a emménagé en juillet 21 et puis en aout 2021 je suis tombée enceinte. Tout allait pour le mieux.
J’ai perdu mon bébé en novembre 2021, ce fut très difficile pour nous 2, mais on est resté soudé. Debut avril 2022 je suis de nouveau tombée enceinte, on était heureux mais prudent.
Tout se passait bien, même si la 1ère fausse couche nous avait quelque peu refroidi, nous commencions à nous projeter.
Et puis fin juillet 2022 j’ai de nouveau perdu mon bébé. Le terme était suffisamment avancé pour qu’on puisse lui donner un prénom et reconnaître l’enfant. Chose que nous avons faite. Notre petite repose au cimetière avec une plaque avec nos 2 noms. Nous avons reçu notre livret de famille . Ce fut extrêmement difficile pour nous 2, j’étais au plus mal. Mais il était présent, il m’a promis qu’on resterait soudé, il m’a parlé de pacs et de mariage. En août nous sommes partis faire de la randonnée en Norvège pour voir personne. Et puis septembre est arrivé, que j’appréhendais: reprise du travail pour nous 2, sauf que lui était en reconversion professionnelle: donc en alternance avec des jeunes de 21-22 ans 2 jours par semaine en cours et 3 jours en entreprise (nouvelle entreprise et nouvelle classe).
Donc rencontre de nouveaux collègues de classe et de boulot…
Moi forcément j’étais très mal et j’avais besoin de beaucoup d’attention. Attention que lui me donnait de moins en moins. En octobre 22 il est devenu de plus en plus désagréable, froid, distant, cassant… et moi plus il était comme ça, moins j’étais bien, et plus j’étais en demande.
Et puis en novembre j’ai découvert qu’il « flirtait » (sans bisous ni rien) avec une collègue de classe, et j’ai aussi découvert qu’il était allé sur un site de rencontre et qu’il avait eu un rdv. Il m’a juré que rien ne s’était passé…
Il a voulu rompre, il était perdu et puis finalement il a choisi de rester, avec des excuses et de belles promesses. Il a fait des efforts mais moi j’étais stressée, la confiance avait été cassée, comment avait il pu faire ça après tout ce qu’il m’avait dit et tout ce qu’on avait traversé. Malgré qqs grosses disputes les choses se sont tassées, et on a re tenté d’avoir un bébé, mais là après plusieurs mois rien… et vu mon age il ne fallait pas tarder. Donc j’ai fait des analyses. Et là en mai après une hysterosalpingographie j’ai appris que depuis ma dernière fausse couche, des sortes de kystes étaient venus boucher mes trompes! Il ne manquait plus que ça! Et depuis l’annonce je suis mal, et lui est redevenu comme en octobre et novembre, froid, désagréable, distant, malgré toutes ses belles promesses et ses excuses qu’il m’avait faites en décembre. Il sort beaucoup, il veut sa liberté. Ne m’envoie aucun message, aucun appel. Il ne me touche plus, ne me caline plus. Et il m’a dit qu’il n’avait plus de sentiments. Et quand je lui demande pourquoi, il me répond des trucs incohérents mais en gros c’est toujours de ma faute. Il me dit n’avoir personne mais je n’y crois pas. Il reste pour 2 raisons: l’aspect pratique le temps de se retourner et aussi pour que ce soit moi qui prenne la décision pour ne pas porter la culpabilité! Quel lâcheté! Donc je me retrouve à 36 ans, après 2 fausses couches, à ne plus pouvoir avoir d’enfants naturellement sans passer par une fiv et célibataire.
Tous nos projets, tous mes rêves balayés.
Nina dit
Bonjour, je suis en train de vivre la même chose et je voudrais savoir comment vous allez quelques mois plus tard. Pour avoir l’espoir qu’on s’en relève. Pouvez-vous me donner de vos nouvelles? Ou éventuellement on se contacte en privé ? Merci
Nina dit
Bonjour. Un petit message de témoignage « qui finit bien », pour que vous gardiez le cap vers un bel avenir 🙂 Une de mes amies est passée par là aussi. Fausse-couche d’un bébé désiré à 2 suivie d’une rupture après 11 ans de relation, avec perte de son emploi en plus, déménagement et retour forcé chez ses parents à 30 révolus. Ça a été dur, oui, évidemment, intense aussi, oui. Elle a choisi de se reconstruire, d’avancer. Elle a appris à se reconnecter à elle-même et à ses envies/besoins, à pardonner aussi, à (re)faire confiance. Elle a pris le temps, « son » temps. Et un an et demi après, il y a 7 ans, elle a rencontré un chéri (par)fait pour elle, qui l’a fait devenir belle-mère puis mère, et aujourd’hui elle est heureuse, épanouie et bien dans sa vie et dans son couple.
Je vous souhaite la même évolution et plein de bonheur.
Clara dit
Ces mois ont dû être très difficile. Je vous souhaite beaucoup de bonheur à venir