Le témoignage de Mathilde est tout simplement époustouflant, poignant, incroyable… Quelle force ! Elle qui ne pensait pas vouloir devenir maman un jour s’est retrouvée à surmonter un nombre inconcevable de fausse-couches… ce qui lui a permis de se rendre compte de tout l’amour qu’elle avait pour ses bébés et du fait que Oui, elle pouvait être une bonne maman. Merci, merci MERCI pour votre récit Mathilde, je suis certaine qu’il aidera beaucoup d’autres futures mamans devant surmonter le deuil de leur bébé.
Voici son témoignage.
{Témoignage} Fausse-couches à répétition : garder espoir malgré les déceptions
Bonjour,
Je m’appelle Mathilde, et si je viens aujourd’hui témoigner c’est pour dire à toutes celles qui attendent de devenir maman de ne rien lâcher. Tant qu’il y de l’espoir, il reste une chance ! On ne naît pas maman, on le devient, c’est ce qui m’est arrivé.
Mon homme voulait des enfants, de mon côté après une enfance un peu chaotique je n’étais pas bien sûre de ce que je voulais… ma vie me convenait très bien, toute dévouée à ma carrière professionnelle, à mon amoureux, nos animaux, nos sorties, nos voyages… Mais, je voulais me marier ! On a donc un soir de rigolade « troqué » le mariage contre les enfants, avec la garantie que mon homme serait plus impliqué que moi, qui ainsi garderai une certaine liberté (un modèle « à l’ancienne » mais inversé donc).
Après un mariage en été, magnifique et parfait sous tout rapport, comme promis j’arrête ma pilule avant le voyage de noces aux Caraïbes l’année suivante.
De retour de voyage, j’ai des doutes, quelques saignements anormaux mais pas de vraies règles… Nous avons donc rapporté un petit clandestin de notre voyage ! Je ne me précipite pas, mon généraliste fait juste une prise de sang pour vérifier la grossesse mais j’ai un peu du mal à digérer que ce soit aussi rapide… j’ai pris la pilule non stop depuis plus de 10 ans, je m’étais mis en-tête que ça mettrait une année avant de se faire… malheureusement, quelques semaines plus tard, j’ai la drôle de sensation que c’est fini… je fais donc une seconde prise de sang, et effectivement, le taux d’hormone a chuté, quelques jours plus tard, mes règles arrivent à 8 semaines de grossesse environs… je m’en veux, mais dans ma famille c’est assez courant, alors cela ne m’affecte pas non plus trop… la prochaine sera la bonne.
Et effectivement à peine 1 cycle plus tard je suis de nouveau enceinte
J’essaye de me projeter un peu plus… mais la vérité c’est que je ne suis pas prête… la grossesse s’arrête à nouveau à 8 semaines de grossesse et là j’encaisse un peu plus : et si j’étais une mauvaise mère ? Peut-être je ne mérite pas cet enfant qui voulait venir mais ne s’est pas senti aimé à sa juste valeur… 8 mois s’écoulent ensuite sans que rien ne se passe, je déprime, je me dis avoir laissé passé ma chance… l’envie d’être maman naît de la difficulté à concevoir, je regarde d’avantage autour de moi, et je vois tout ce que la parentalité peut avoir de merveilleux au-delà des contraintes, je me documente beaucoup, je vois qu’une autre forme d’éducation est possible, bienveillante, maternante,… ça me parle, j’ai envie d’essayer, de changer l’histoire, de faire autrement que ce que j’ai moi-même vécu et reçu… mais quand l’enfant ne vient pas, que faire de tous ces beaux projets ?
Juste avant Noël, un beau positif et des nausées XXL m’indiquent que la chance a tourné ! Je suis enceinte ! Nous gardons précieusement le secret pendant les fêtes et je passe ma 1ère échographie aux urgences en début d’année pour des saignements anormaux, encore et toujours… je suis fataliste… quand l’échographe annonce : « je vois un 1er coeur et ici un 2nd« , je me dis : « merde, il y a une malformation »… non, j’ai mal compris : il y a 2 embryons qui vont bien ! On est tellement heureux, on se dit que notre patience a été récompensée !
Je suis enceinte de jumeaux !
Et le fait qu’ils soient 2 étrangement me rassure, si je ne suis pas la mère idéale malgré toute ma bonne volonté, il y aura entre eux un lien indéfectible qui compensera !
On nous adresse à une gynécologue spécialisée dans les grossesses particulières qui nous annonce une grossesse monozygotes monoplacentaire (des vrais jumeaux avec un seul placenta), ce qui nous catégorise « à risque » à cause du risque de syndrome transfuseur-transfusé. On sera suivi tous les 15 jours à partir de ce moment pour suivre l’évolution de nos bébés. Nous apprenons que ce sont des garçons. On nous dit d’être prêts pour leur arrivée dès 6 mois de grossesse car avec les jumeaux tout est possible ! Nous sommes donc complètement équipés dès ma 24ème semaine de grossesse : poussette double, lits, habits… tout d’occasion mais on se réjouis tellement ! Malheureusement les échographies sont émaillées de mauvaises nouvelles pour l’un des deux bébés. Plein d’espoir nous ne voulons rien entendre : notre optimisme est sans faille, jusqu’à ce qu’on nous propose une amniocentèse… le vent tourne… 3 jours après cette opération douloureuse, je ne sens plus mon ventre bouger… il y a un problème… mon mari me dit qu’ils sont peut-être un peu calmes après toutes nos émotions… j’attends encore 2 jours avant de paniquer vraiment… le 3ème, je bois un grand verre d’eau très très sucrée et très fraîche à jeun tel qu’on me l’a conseillé… rien… mon mari revient en urgence du travail pour m’accompagner aux urgences…
Dès la 1ère minute l’échographe dit « je suis désolé« …
Je me rappelle avoir hurlé et avoir vu mon mari pleurer pour la 1ère et dernière fois… le reste est bien long à raconter, mais un déclenchement plus tard, nous avons accueillis François et Baptiste, qui étaient deux magnifiques petits garçons. J’ai eu peur jusqu’à la dernière minute de les rencontrer… et pourtant, à peine déposés dans mes bras, j’ai senti une porte se déverrouiller, et un sentiment inconnu inonder mon cœur, je me suis demandé comment j’ai pu douter un seul instant de ne pas aimer mes enfants, ces deux minis répliques de mon mari… j’avais tellement d’amour en moi que j’ai pu douter quelques instants qu’ils ne soient pas juste endormis. Le retour à la réalité fût douloureux et abrupte… Quand on perd un (ou plusieurs) bébés à ce terme, on a le droit à un congé maternité… au début ça peut sembler bizarre car toutes ces journées vides sans bébé… pourquoi faire ? Mais pour moi c’est plus que nécessaire, le temps de se reconstruire, un peu… organiser les obsèques, participer à des groupes de paroles, suivre une thérapie, ranger la chambre au grenier ou la vendre, roder un sourire de façade, apprendre à retrouver sans peurs et bien armurée ce monde pour qui rien n’a changé alors qu’il vous a laissé le plus atroce des vides intérieurs… avant de reprendre le travail, nous organisons un magnifique voyage de 3 semaines aux Etats-unis, histoire d’avoir un autre sujet de conversation avec les collègues au retour… oui oui… on en est là… moment difficile car ni l’un ni l’autre n’avons envie d’être là, trop conscients que dans une dimension parallèle nous devrions crouler sous les couches… finalement vous y arrivons et prenons même du plaisir à nous retrouver tous les 2…
Tellement qu’au retour, un nouveau passager clandestin s’est niché dans mon ventre, mais je ne suis pas prête, mon deuil est trop frais, j’ai beaucoup de mal à accepter être enceinte… je finirai par perdre ce bébé aussi vers 8 semaines, et il faudra un curetage pour qu’il accepte de partir (ou moi de le laisser partir) sous couvert d’une gastro-entérite pour justifier mon arrêt maladie au travail. Je ne veux pas être celle qui fait pitié… cette fois, je n’ai plus d’espoir… nous ne serons plus jamais parents par mon ventre…
On commence à se renseigner pour les démarches d’adoption
Aucune des analyses que nous avons pu faire n’ayant permis de révéler de problèmes d’infertilité… Nous nous inscrivons pour commencer les démarches pour une procédure d’adoption. Durant ce parcours, je tombe une nouvelle fois enceinte et perds encore ce bébé. Cela renforce ma certitude que définitivement, nous serons parents par l’adoption. Une année s’est écoulée, nous avons presque fini la 1ère étape quand j’apprends une nouvelle grossesse. Je suis au chômage à cette période, en pleine reconversion professionnelle, je prends les choses comme elles viennent, sans attentes ni trop d’espoir. Et pourtant ce bébé là aura décidé de s’accrocher pour de bon !
Mon bébé miracle…
Nous mettons en pause les démarches d’adoption, car nous savons pertinemment qu’avec nos âges respectifs et un enfant biologique, tout en respectant l’ordre de la fratrie, nos chances ont tournées au quasi nul pour un enfant sans particularités. Nous acceptons de n’avoir qu’un seul enfant ! La grossesse se déroule très bien, on décide d’accueillir notre enfant en maison de naissance. Tout se passe merveilleusement, je me suis beaucoup préparée mentalement à ce jour. Mais j’ai oublié « l’après » et j’ai beaucoup de mal à atterrir : il est vraiment à moi ce bébé ? Pour de vrai ? C’est enfin mon tour ? Mais s’il me quittait lui aussi… je crève de peur… ambiance anxiogène au maximum… on cododote pour que je puisse surveiller son sommeil… insomnies, allaitement difficile, bébé à coliques… je m’accroche envers et contre tout dans un oubli total et une fusion complète. J’ai beaucoup de chance à ce moment-là d’avoir un mari en or. Il me seconde, il ne me juge jamais, il fait son maximum pour me soutenir dans tous mes choix, notamment celui de l’allaitement (il notera pour moi tous les ml prélevés pour stimuler mes seins, m’aidera à mettre en place le DAL, bercera bébé des heures pour calmer ses coliques en écharpe pendant que je grappillerai quelques heures de sommeil…).
Aujourd’hui, notre petit Thomas est un amour de petit garçon !
Très doux, très vivant, plein de douceur et d’explosions, un petit garçon normal et facile à vivre !
Apres 2 années de pur bonheur, notre fils devenant de plus en plus indépendant, mon mari a l’envie d’un petit 2ème. Je fini par accepter de retenter notre chance malgré la douleur que m’a laissé notre parcours pour devenir parents. Après tout, le karma a peut-être tourné ? Je tombe enceinte très rapidement mais j’ai des réserves… je saigne un petit peu continuellement (placenta praevia) mais j’essaie de rester positive malgré une intuition que je ne m’explique pas qui fait que très peu de gens seront au courant de ma grossesse même après 3 mois. La prise de sang du 1er trimestre nous donne un risque de 1/102 pour la trisomie, quel choc… Le résultat est confirmée par une amniocentèse : trisomie 21 et des échographies plus avancées détectent également une malformation cardiaque.
Le sort s’acharne… nous programmons donc une IMG à presque 5 mois de grossesse
(qui sera passée inaperçue pour la plupart de nos voisins, amis et collègues…). Notre petite Magali est née dans sa poche des eaux, tout en douceur… Nous avons travaillé toutes les 2 ensemble, sans péridurale malgré le déclenchement pour que je puisses l’accompagner du mieux possible, en pleine conscience. Nous avons pu faire du peau à peau pendant que cette vie la quittait et l’entourer surtout de tout notre amour, de nos regrets, de nos larmes en se promettant de se retrouver dans une autre vie. C’était une âme magnifique et forte avec qui je me suis connectée durant tout cet accompagnement et que je ne regrette pas un instant d’avoir porté dans mon ventre.
Au moment où j’écris, je suis enceinte de presque 3 mois à nouveau. J’espère que tout se passera bien cette fois.
Mon témoignage aujourd’hui était pour dire à toutes celles qui désespèrent de devenir maman que la vie nous envoie parfois des épreuves mais que ce sont elles qui nous font grandir et mûrir… Je suis tellement différente de la Mathilde s’il y a 6 ans… une bien meilleure maman, inconditionnellement, une bien meilleure personne, qui sait la valeur des choses et le prix de la persévérance.
Mais par dessus tout, je suis heureuse…
Après toutes ces années de douleur, je sais qu’on peut tout surmonter, qu’on peut sombrer aussi bas que possible mais que si on est bien entourée, on peut tout réussir. Ma carte chance, c’est mon mari… Avec lui tout est possible ! Je vous souhaite à tous et toutes beaucoup de belles choses et plein de miracles !
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CME dit
Je suis juste dans voix… J ai dans mes amis un couple au parcours difficile (perte de triplés a 4 mois et demi, 4 enfants naissent par la suite, perte d une petite Céleste a 8 mois de grossesse -mort qui m’a énormément ébranlée a l’époque…- heureusement ils ont eu une petite fille un peu plus d’un an après) et qui sont pour moi un exemple de courage, mais franchement je vous admire et vous respecte énormément devant votre parcours et votre force a nous le témoigner…j’espère que votre grossesse se passera au mieux…
Audrey dit
J’en ai les larmes aux yeux de vous lire, quel parcours ! et quel courage surtout !
Je vous admire sincèrement. Quel beau message d’espoir et de force.
Je vous souhaite que tout se passe au mieux pour cette nouvelle grossesse et que vous soyez une famille comblée avec votre mari et vos enfants.
Agnès dit
Que d’épreuves, j’en suis bouche bée ! Énormément de courage et sans Aucun doute beaucoup de soutien. Oui c’est bien un message d’espoir pour toutes celles et ceux pour lesquels s’est si dur !
Je vous souhaite que cette grossesse aille à terme et tout le bonheur qui s’ensuit.