Après de longues heures -jours- de contractions épuisantes, Vivi a fini par donner naissance à son bébé. Mais juste après l’accouchement, elle a fait une hémorragie qui la marquera à vie… puisqu’il lui est désormais fortement déconseillé de retomber enceinte, au risque d’avoir le même souci. Voici son témoignage.
{Témoignage} Accouchement & hémorragie : je n’aurai plus d’enfant
Et voilà nous y sommes. 9 mois que j’attends de donner la vie. Une journée ordinaire je vais pour allez faire pipi (pour la 20 ème fois de la journée, ce qui est plutôt courant pour une femme enceinte), il est 18 h. Mais là surprise : je n’ai en fait pas du tout envie de faire pipi : je suis en train de perdre les eaux… Tant de sentiments m’envahissent tout à coup ! La peur, la joie, l’inconnu… Ma première réaction est de m’enfermer dans la salle de bain et de verser ma larme, puis de prendre une grande inspiration pour annoncer à mon conjoint que j’ai perdu les eaux. Je vois les mêmes sentiments l’envahir.
Je décide de prendre une douche avant de me rendre aux urgences.
C’est parti pour la maternité
19h30 j’arrive aux urgences. Je suis prise en charge assez rapidement. On me met un monitoring et me consulte : le col de l’utérus est à peine ouvert. On me dit alors que je dois rester et on m’installe dans une chambre, mon conjoint doit partir (dur moment, nous qui pensions pouvoir rester ensemble). Me voilà alors seule dans ma chambre, mon conjoint une fois rentré m’appelle et nous restons une bonne partie de la nuit au téléphone.
Mes premières contractions commencent à se faire sentir le vendredi à 2h30 du matin elles sont douloureuse mais supportables car espacées de 10/15 minutes… Vendredi 8h mon conjoint revient (et ne repartira pas avant l’arrivée de notre petit ange), 10h du matin des contractions toutes les 5/10 minutes commencent. On m’ausculte je suis ouverte à 1, la journée passe, les contractions deviennent dures à gérer mais mon col ne s’ouvrira pas plus pour aujourd’hui.
Samedi 8h30 du matin : contractions toutes les 5 minutes depuis la nuit dernière, mais je suis ouverte seulement à 1,5.
On me pose un tampon pour déclencher l’accouchement
Les contraction deviennent beaucoup plus intenses, je souffre toute la journée et reste sous monitoring la plupart du temps, 16h30 je suis ouverte a à peine 2. On me dit que ce n’est pas suffisant pour allez en salle d’accouchement…ma longue souffrance continue. Je reste le plus longtemps que je peux sous la douche (je contrôle mieux les contractions sous l’eau). Je perds le tampon qui a été posé le matin. J’appelle la sage-femme qui m’ausculte à nouveau mais il n’y a toujours pas de changement au niveau de mon col de l’utérus. On me dit que si ça ne bouge pas le lendemain matin on me remettre un tampon, je commence à perdre patience plus de 48h que je suis là et plus de 40h de contractions inefficaces…
Le samedi soir, changement de personnel et enfin arrive une sage-femme qui m’écoute et me propose le bain voyant que je me sens mieux dans l’eau, 22h je suis mise dans une salle très zen dans un bain bien chaud, je suis comme en dehors de mon corps. Mon conjoint impuissant fasse à ma souffrance me soutient du mieux qu’il peut 50h qu’il n’a pas dormi non plus…
Dimanche 1h du matin. Cela fait 3h que je gère des contractions très douloureuses espacées d’à peine 3/4 min. J’appel la sage femme… miracle ! Je suis ouverte à pratiquement 3. Je passe en salle d’accouchement et on pose la péridurale très vite. Quel soulagement, je me dis que le pire et derrière nous…
15h : je suis à dilatation complète.
On s’installe et je commence à pousser.
Mais bébé n’est pas très bien engagé et on me dit qu’il est possible qu’on parte en césarienne (quelle déception pour moi après toutes ces heures à souffrir). Je me mets à pleurer. Les sage femmes me rassurent et me disent qu’on va essayer de voir comment je pousse. J’y mets alors toutes mes forces mais ça ne suffit pas, le médecin vient et m’aide avec les forceps. Après 25 minutes à pousser de toute mes forces la sage-femme me demande si je veux attraper mon bébé. Je n’y crois même pas je dis oui et l’attrape. Le temps s’arrête, je ne vois plus que lui. Il pleure. Je suis rassurée je le trouve tellement beau, on se regarde avec le papa nous sommes dans une bulle d’amour…
La sage femme prend mon petit pour lui faire quelque soins et je vois alors le médecin commencer à s’agiter. On me demande de pousser fort pour sortir le placenta, ma tête tourne et j’entends « on est à plus de 500ml de sang code rouge tu appelles tout le monde«
Code rouge : je fais une hémorragie
Mon mari et mon fils sont sortent de la salle d’accouchement en urgence et moi je me sens partir… tellement de gens autour de mois tout à coup… je demande ce qu’il se passe on me dit que je fais une hémorragie. Je demande si je vais mourir on me répond « on fait tout pour ne pas que ça arrive » (une phrase qui résonne encore et toujours dans ma tête). Je suis déboussolée je me sens partir, je ne peux plus respirer… on me met alors sous assistance respiratoire, on me pique de partout au point que n’ayant plus de veine disponible on me pique dans les oreilles…je pense avoir perdu connaissance. Je reviens petit à petit à moi on me dit que l’hémorragie est contrôlée mais que j’ai perdu 2 litres de sang, ce qui est énorme, et que je dois rester en salle encore 5 heures sous surveillance.
Je me sens totalement perdue, je suis branchée de partout sous une couverture chauffante, mon conjoint et mon fils regagnent la chambre et je vois dans les yeux de mon mari le choc de me voir dans un tel état et d’apprendre que je venais de frôler la mort. Je suis incapable de me relever, je ne fais que vomir. Puis l’anesthésie s’estompe et je sens peu à peu les douleurs de l’accouchement arriver (déchirure + épisiotomie = 12 points de suture).
Après 5 heures de surveillance je suis remontée en chambre à 21h30. Je n’ai toujours pas pu prendre mon fils dans les bras. En plus on m’annonce que mon conjoint ne peu pas rester et que ne pouvant pas me lever, je ne pourrai pas garder mon fils. Je me retrouve alors à nouveau seule après toute ces émotions.
Je ne reverrai mon fils que le lendemain matin.
A l’arrivée de mon conjoint je lendemain, je peux enfin sentir mon enfant contre moi : quel bonheur intense… Dans la matinée on vient m’annoncer que mes résultats sanguins ne sont pas bons : anémie totale, je n’ai plus du tout de fer, je dois être transfusée le jour même. On m’annonce également que l’hémorragie étant un problème au niveau au de mon utérus il est préférable que je ne refasse pas d’enfant car je referai à coup sûre une hémorragie…
Ce sera donc mon premier et dernier accouchement
Après de longues journées à restée sous surveillance rapprochée tout au long de mon hospitalisation, nous sommes rentrés chez nous pour une hospitalisation à domicile de 4 jours supplémentaires.
Me voici alors maman d’un merveilleux petit garçon que j’aime plus que tout au monde mais aussi avec un lourd traumatisme avec lequel j’apprends à vivre. Cela fait 2 mois et le souvenir de cet accouchement est toujours trop dur. Et puis je dois également faire le deuil d’une éventuelle future grossesse : à 27 ans c’est dur de se dire qu’on ne pourra plus redonner la vie. Il est compliqué d’assimiler que pour moi, donner la vie est désormais lié au risque de mourir…
Heureusement mon garçon me comble d’amour et de tendresse. Merci de m’avoir lu.
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Wendy dit
Je partage l’avis des autres personnes qui disent de prendre un second avis. J’ai également fait une hémorragie a environs 1l, perte de fer, anémie à n’en plus tenir debout etc… et on ne m’a jamais conseillé de ne plus avoir d’enfants (du moins, pas pour cette raison-là). J’ai eu un autre enfant après mon hémorragie, je n’en ai pas refait d’autres. J’ai eu deux enfants avant mon hémorragie et je n’en ai pas fait non plus. J’essaye d’avoir un cinquième enfant, tout le monde écrit dans mon dossier que j’ai fait une hémorragie, ils prévoient des poches de sang au cas où, mais personne ne m’a inquiété à cause de ça (encore une fois, j’ai une pathologie donc je suis tout de même une personne à risque).
Ça me parait très radicale cette idée de dire de ne plus faire d’enfants. Un accouchement n’est pas un autre et surtout on a des moyens d’éviter ça (tel que la césarienne programmée).
Après, votre bébé est vraiment jeune, et pour moi même avoir failli mourir lors de l’accouchement de mon troisième, l’hémorragie n’étant qu’un probléme parmi bien d’autres, j’étais très traumatisée. N’hésitez pas à en parler à un professionnel ! je regrette vraiment beaucoup de ne pas l’avoir fait car les conséquences sont venues après.
Bon courage à vous !
A. dit
Bonjour,
Votre témoignage me touche particulièrement, ma maman ayant fait une grave hémorragie lors de ma naissance. Les médecins lui ont également annoncé qu’une autre grossesse serait très/trop risquée.
Je sais que chaque femme est différente et que d’un cas nous ne pouvons en faire une généralité, toutefois sachez que malgré l’avis des médecins, j’ai eu un petit frère 4 ans plus tard. Son 2ème accouchement eu lieu de façon programmée par césarienne et tout c’est très bien passé.
Prenez bien soin de vous et de votre famille.
Sabrina dit
J’ai vécu ça pour mon dernier enfant … un très mauvais souvenir, j’ai subi une ovariectomie l’année dernière, le temps que le cheminement se fasse et on ne fait pas cette opération du jour au lendemain, il y a un temps de réflexion Imposé avant. Ça ne m’a pas empêché d’avoir un coup de blues après …
Banane dit
Dur témoignage!
J’aurais aussi tendance à vous conseiller de prendre un 2ème avis, lorsque le traumatisme sera moins présent et que vous serez prêts pour accueillir un autre enfant. Cela me semble bien extrême d’affirmer tout de suite qu’il n’y a pas d’autre solution que de vous priver de grossesse.
Et j’espère que vous trouverez quelqu’un à qui parler de tout ça, psy ou autre, pour adoucir cette expérience.
Liliwed dit
Prenez du temps pour vous, les faits sont encore très très récents mais ensuite, quand vous en ressentiez le besoin, demandez un deuxième avis. Vous avez cumulé d’un point de vue extérieur deux facteurs de risque pour cette hémorragie (un travail extrêmement long : l’utérus est fatigué et ne pouvait plus bien contracter, et une extraction). Donc prenez soin de vous, mais quand vous le souhaiterez, consultez un spécialiste afin d’avoir une réponse concernant cette question, quitte à envisager un autre mode d’accouchement. On nous dit à chaud pas mal de choses après un accouchement et des fois elles sont plus tributaires des croyances médicales que d’une réelle réalité scientifique (on m’a dit que le passage était fait et que clairement la césarienne n’était pas une option alors que j’ai eu une voie basse très musclée, finalement tous mes soignants maintenant orientent plutôt vers une césarienne programmée vu la façon dont cela s’est déroulé). Mais ne restez pas peut être sur cette idée de dysfonction de votre corps, aucun utérus n’est fait pour supporter facilement des jours entiers de contractions. Et en cas de malformation (car cela existe) il y’a des groupes de soutien, mais s’il a tenu jusqu’au terme votre utérus semble très fonctionnel.
Babelle dit
Bonjour, je suis indignée à la lecture de votre témoignage, et je comprends que vous ne parveniez pas à surmonter cet épisode douloureux… Parce que de ce que je lis, la prise en charge dont vous avez bénéficié a été humainement lamentable, et je pèse mes mots. Un aussi long temps de contractions inefficaces sans proposer des solutions pour vous soulager et vous permettre de souffler / récupérer, les mots prononcés, le fait que le papa ne soit pas resté, la séparation d’avec votre fils, tout cela constitue en réalité une véritable violence. J’ai eu un parcours obstétrical compliqué, avec de nombreuses fausses couches, plusieurs avec des complications. 3 accouchements avec à chaque fois un problème de délivrance, et pour le dernier une hémorragie à 1500 ml, moins sévère et mieux supportée que la vôtre, mais déjà considérée comme grave. Jamais on ne m’a dit de ne plus envisager de grossesse, mais d’être étroitement suivie et accompagnée. Pour mon dernier accouchement, je suis restée 12h en salle de naissance après l’accouchement avec une armée autour de moi… Mais mon mari y est resté également avec mon fils en peau à peau. Et il lui a été immédiatement proposé de rester à la maternité durant tout mon séjour pour nous occuper ensemble de notre fils. Durant toute cette période, pas une seule phrase alarmante de l’équipe médicale : des sourires, de l’humour même, uniquementent des phrases positives et rassurantes, et ensuite un bilan lucide mais rassurant lui aussi. Je vous raconte tout cela pour vous montrer qu’au-delà de l’hémorragie, vous avez vécu un accouchement traumatique parce que mal accompagné. Prenez déjà peut-être le temps d’un aide psychologique pour l’accepter, et ensuite, je vous conseille de chercher un gynécologue obstétricien spécialisé sur les pathologies obstétricales, bienveillant, pour faire un réel bilan de votre situation. Peut-être effectivement faudra-t-il faire le deuil d’une autre grossesse, mais peut-être pas…. Bon courage et profitez de votre petite merveille