Marie allaitait son enfant et lorsqu’elle a repris son poste, elle s’est rendue compte qu’aucun aménagement n’était fait pour les jeunes mamans souhaitant continuer l’allaitement au travail. Pire, elle a vu son salaire diminuer. Voici son témoignage.
{Témoignage} J’ai dû perdre de mon salaire pour nourrir mon enfant
Je suis l’heureuse maman de 2 garçons que j’ai pu allaiter jusqu’à leurs 15 mois pour mon premier et 12 mois pour le 2e.
Voici ce que j’ai vécu il y a 3 ans:
J’ai commencé un nouveau travail en 2015. Et 6 mois après, j’ai appris une heureuse nouvelle, j’allais devenir à nouveau maman, pour notre plus grande joie. Ma grossesse s’est malheureusement avérée compliquée, diabète, problème de croissance fœtal, mais finalement tout s’est très bien passé…
J’ai dû être arrêtée peu de temps après l’annonce faite à mon employeur, car j’avais des contractions précoces. Je sais d’ores et déjà que ça n’a pas plu ! Pourtant j’avais proposé de faire du télé-travail, mais je n’ai jamais eu de réponse à ma demande…
Un mois avant mon terme, je contacte mon responsable pour lui faire part de mon souhait de prendre 3 mois de congé parental pour allaiter mon enfant, chose à laquelle il n’émet pas de refus. Je lui évoque le fait de reprendre à 80%, et là il me propose une rupture conventionnelle ! Mince avec mes petits bouts qui ont 2 ans d’écart ça va être compliqué. Je ne peux clairement pas me permettre de perdre mon travail, je vais avoir une nouvelle bouche à nourrir !
On en reste là pendant quelque temps, c’est les vacances d’été. Je relance plusieurs fois pour mon congé parental et n’ai aucune réponse. Je n’insiste pas plus, et attends patiemment que mon pti loup pointe sa bouille.
Après sa naissance, je recontacte mon employeur. Je reçois une lettre stipulant que mon congé parental est refusé car (à 5 jours près) je n’ai pas 1 an d’ancienneté dans la société ! Beaucoup m’ont dit « tu t’attendais à quoi, c’est normal tu as été longtemps absente, tu ne pensais quand même pas prolonger tes vacances« .
Décision très injuste à mon sens, d’autant plus que je souhaitais allaiter mon fils comme je l’avais fait pour mon ainé de façon naturelle, et sans aucune contrepartie de mon employeur à l’époque (sans congé, et en alliant travail et allaitement).
Quel déchirement pour une jeune maman.
J’avais pourtant envie d’avoir du temps pour m’occuper de mon bébé. J’ai eu beaucoup de mal et pense ne jamais avoir accepté cette nouvelle. Nous avons dû faire garder nos 2 enfants (l’ainé n’allant pas encore à l’école), niveau budget, ça a été dur…
Je reversais la quasi-totalité de mon salaire à notre assistante maternelle.
A moment de la reprise, psychologiquement, j’allais mal. J’ai beaucoup pleuré cette séparation.
Il a fallu que nous trouvions notre rythme. Bébé ne faisait pas ses nuits et je désirais continuer à l’allaiter même en reprenant le travail. Je l’avais fait pour mon premier.
Lorsque j’ai informé mon employeur, il m’a précisé qu’un avenant à mon contrat me serait adressé. Oui vous avez bien lu…
Voici ce qui m’a été précisé : je demande du temps pour tirer mon lait, je ne serai donc pas rémunérée pour ce temps de pause dans la journée.
La loi française se cache bien de mentionner que ce temps doit être rémunéré ou non ! C’est donc au bon vouloir des entreprises (sauf si accord de branche ou mention dans la convention collective).
La juriste de la société me répond à l’époque que c’est normal, puisque pendant ce temps je ne travaille pas ! Ce sont 20 min de pause pour allaiter mon enfant, mais 20 min de travail non effectué.
Je ne parle pas des conditions. J’ai eu une clef pour accéder au réfectoire, mais quand on doit faire ça sur la pause déjeuner, le réfectoire est plein, à cet heure les gens déjeunent…! Et les stores ne ferment pas, niveau intimité ce n’est pas idéal d’être à la vue de tous.
Il m’a fallu un plan B et un autre local. En attendant j’ai dû m’installer dans mon bureau avec mes collègues, en espérant ne pas les mettre mal à l’aise avec le bruit du tire-lait et le fait que je sois à même le sol sur la moquette… Niveau confort j’ai connu mieux, mais allaiter a toujours été un choix personnel que j’assume, et peu importe les conditions.
J’ai néanmoins senti que je dérangeais mes collègues même si elles ne m’ont fait aucune remarque.
J’en ai parlé autour de moi pour trouver une autre alternative. J’ai tout de même réussi à obtenir un local (non chauffé, ce n’est pas grave, mais en janvier il fait frais). Au moins, je pouvais fermer à clef, et ne déranger personne. J’avais aussi une prise pour pouvoir brancher mon appareil.
Mes heures supplémentaires m’ont été déduites, niveau salaire j’ai constaté une baisse de 100€ net/mensuel. Je ne parle pas des douleurs que j’ai pu avoir en attendant 12h30 pour pouvoir vider mon lait (oui, excusez-moi, pour le terme employé, mais là je ne parle pas de nourrir mon enfant, tellement j’ai pu être parfois engorgée, surtout quand le matin bébé ne prend qu’un seul sein). Les mamans allaitantes me comprendront sans aucun doute. Mais par tous les moyens (même au détriment de douleurs très intenses) j’ai essayé de perdre le moins possible sur mon salaire vu les conditions imposées.
J’avais également essayé de trouver un arrangement pour ne pas que mon temps soit retiré à la fin du mois car je disposais de 9 min de pause le matin et l’après-midi.
J’avais donc demandé à cumuler ce temps pour ne pas avoir de retrait de salaire. Nouveau refus.
Ce n’était pourtant pas une pause pour une cigarette (et je n’ai rien contre les fumeurs) mais un temps pour donner le meilleur à mon bébé, qu’il soit en bonne santé.
Pourtant, de études ont montré que le taux d’absentéisme était diminué pour les bébés allaités, et l’efficacité des mamans au travail prouvée une fois leur conscience bien tranquille. D’ailleurs je n’ai même pas pensé préciser que je travaillais à l’époque dans le secteur de la pharma, et que cette société fabrique des compléments alimentaires, et produits d’hygiène bébé (marque nationale vendue en grande surface).
Des produits bio ou le naturel est mis en avant et la santé, la priorité pour les clients.
Mais visiblement pas pour les salarié(e)s! L’ambiance a été très pesante, même si j’ai été soutenue par mes collègues, mais mon responsable ne m’adressait plus la parole.
Quel crime d’être une femme et d’avoir des enfants…
J’ai donc dû donc retourner l’avenant à mon contrat signé sur le champ (au risque d’être renvoyée).
Je suis écœurée d’avoir dû perdre de mon salaire pour donner à manger à mon enfant (ce temps autorisé par la loi est jusqu’aux 1 an de l’enfant, soir une période limitée).
L’article L1225-30 du code du travail stipule ainsi : « Pendant une année à compter du jour de la naissance la salariée allaitant son enfant dispose à cet effet d’une heure par jour durant ses heures de travail« .
Je n’ai jamais compris ce qui c’était passé. Pour en parler 3 ans après, j’ai vraiment vécu un traumatisme.
J’ai été fortement touchée dans mon cœur de maman, et d’autant plus que 2 ans au préalable, dans une autre entreprise, j’ai eu la chance de faire la même chose pour mon ainé que j’ai allaité durant 15 mois. Je remercie du fond du cœur cet employeur, qui a toujours été discret, attentionné, et surtout, ne pas jamais posé de question. J’ai pu allier mon travail et l’allaitement en toute sérénité. Je suis certaine que cela a été bénéfique pour mon enfant, moi-même et la qualité de mon travail.
Conseil pour les futures ou jeunes mamans qui liront ce témoignage
L’employeur doit mettre à disposition un local dédié (respectant des règles d’hygiène et de santé), permettant de pouvoir laisser cette possibilité à toutes les jeunes mamans désireuses d’allaiter, mais attention, cela concerne les entreprises de plus de 100 employés.
Nous disposons de 30 min matin et 30 min le soir, sauf si l’employeur met à votre disposition un local dédié dans les locaux, dans ce cas 20 min matin et soir sont autorisées.
Consultez votre convention collective, vous bénéficiez peut-être de conditions particulières (congé allaitement, temps rémunéré…)
Prévoyez un tire-lait adapté à vos propres conditions.
Me concernant j’ai fait appel à la société Grandir Nature qui a un très bon service, et des conseillères en allaitement si besoin. Ils proposent plusieurs appareils en fonction de vos besoins (silencieux, pas trop lourd, branchement secteur ou à piles…)
Soyez déterminée, prenez soin de vous (et reposez-vous au maximum) car c’est un rythme soutenu et fatigant sur les débuts. Monsieur doit impérativement vous soutenir dans cette démarche car c’est votre allié dans cette aventure. Il saura prendre le relai le soir ou même le week-end pour vous permettre de lever le pied quelques instants.
Sachez que c’est possible, c’est d’ailleurs un droit, certainement pas insurmontable.
Votre enfant n’a pas besoin d’être sevré, si vous ne le voulez pas, pour reprendre votre travail.
De plus, l’OMS conseille d’allaiter son bébé au moins 6 mois.
La lactation perdure si elle est stimulée. Avant 6 mois, il est donc compliqué de maintenir un allaitement uniquement matin et soir.
Votre enfant s’adaptera bien-entendu à votre décision.
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Marie dit
Clairement il y a eu abus de l’employeur, dans ce cas là il faut se rapprocher le plus rapidement des délégués du personnel et de l’inspecteur du travail.
Agnès dit
J’ai moi même pris un congé parental en grande partie pour pouvoir allaiter sans prise de tête. J’ai ainsi pu aller jusqu’au 8 mois de mon fils.
Mon entreprise l’aurai sûrement laisser utiliser un bureau inutilisé ( les accords salariales prévoient 1h de tirage payé pour le coup). En revanche je n’ai aucune idée de comment j’aurai pu stocker ce lait et étant en vélo ça ne m’arrangeait pas.
Vous êtes vraiment tomber sur de mauvaises personnes , je n’en reviens pas de conditions dans lesquelles vous avez fait ça, chapeau !
Comme sereno le suggère, ça ressemble fort à du harcèlement pour vous faire partir.
Leati dit
Punaise faur pas s étonner que le taux de maman allaitantes e france est faible quand on voit le peu de considération… j ai de la chance d etre infirmiere et j avais tiré mon lait ainsi que 3 collègues qui ont eu un bébé avant ou apres moi sur le lieu de travail dans une petite salle à part et le chef ne nous a jamais fait de remarque on tirait sur les pauses….
En tout cas ca doit pas etre facile dans la plupart des endroits… quand je pense ma mere qui me raconte qu à l époque les femmes quittaient carrement en voiture leur boulot piur aller allaiter et revenait bosser lol c etait dans les années 80
Sereno dit
Je souhaiterai ajouter qu’a partir du moment ou on a un an d’ancienneté, le congé parentale de se demande pas a l’employeur. vous l’informer de votre décision de prendre un congé parental et il ne peux le refuser.(par contre pas de salaire, pas de mutuelle, pertes de certains avantages)
ET, pour un congé parental partiel, l’employeur peux imposer l’organisation du temps de travail.
Marie, je crois surtout que des le début, un de vos N+, souhaitais votre départ et qu’il a user de tout les subterfuges possible pour vous pousser à la démission. Pour une autre cela se serai peut-être passer autrement. Quand un employeur ne veux plus de vous, il vaux mieux pour sa propre santé mental, éviter de s’acharner et si besoin aller directement aux prud’hommes