Le premier accouchement de Marie s’est déroulé à l’hôpital et a été beaucoup trop médicalisé à son goût. La jeune maman n’en garde pas du tout un bon souvenir. En se le remémorant, elle évoque même des maltraitances médicales. Alors, pour son second accouchement, hors de question de « subir » à nouveau cette naissance. Elle a donc décidé de donner la vie à son enfant chez elle. Voici son témoignage.
{Témoignage} Vivre totalement l’enfantement sans violence
Il y a quelques années la prise de conscience par rapport à la naissance de mon premier enfant a réellement émané d’une véritable remise en question vis à vis des violences gynécologiques et obstétricales. Lorsque le droit à la parole a éclaté chez les femmes victimes de l’indicible j’ai pu lire des témoignages, des cris d’alerte des sage-femme travaillant en milieu hospitalier. Ces faits m’ont permis de faire le rapprochement avec mon histoire vécue pleinement et de vouloir à mon tour révéler cet épisode. Des échos résonnant toujours en moi.
A chaque femme sa maternité
Il n’y a pas qu’une seule vérité. Seulement une cohabitation avec des ressentis issus des expériences distinctes. Ces dernières font des êtres puissants de leur fragilité.
Auparavant, en 2010, je n’ai pas été traitée correctement dans la pièce inhospitalière où j’ai donné naissance par voie basse à mon premier enfant, malgré la source de joie procurée une fois posé sur mon ventre.
J’étais comme un numéro parmi d’autres. L’implication du « non choix » parce que « c’est comme ça » m’a orientée sans trop me remettre en question à la maternité où le climat hormonal a été basé sur la peur de mal faire. Un refuge dans le conditionnement sociétal qui guide en toute confiance.
L’importance de se sentir bien a volé en éclat. Je me suis remise entièrement à l’équipe, à son autorité médicale avec l’oubli des réflexes d’empathie de base (soutenir, expliquer, écouter). Une confrontation. Celle-ci m’a coupée de mon instinct. Plus de racines, plus d’ailes. Sentiment d’insécurité physique et psychologique omniprésents avec une sur-stimulation du néocortex. Des décharges d’adrénaline sont provoquées. Tout le contraire de l’afflux des ocytocines.
Force est de constater que l’étymologie du terme « accoucher » est porteur d’un sens bien particulier
Il s’agit de « se mettre au lit pour cause de maladie » et il signifie proprement « se coucher, s’aliter ». Ce n’est que peu à peu qu’il a pris le sens exclusif de se mettre au lit pour enfanter en positon allongée.
On m’a forcée à être allongée avec les pieds calés dans les étriers alors que mon corps me disait d’être debout, d’être dans le mouvement. C’est « normal » pour ne pas dire exigé dans la salle d’accouchement classique voire médicalisée où tout est assisté et contrôlé.
Le nombre de gestes invasifs sans m’expliquer, sans mon consentement m’a laissée des traces physiques. Perfusée au sérum glucosé (interdiction de manger et de boire), aux hormones de synthèse (ocytocines), un trou noir (évanouissement ?) avec une surveillance accrue du fœtus par monitoring et la péridurale ont supprimé toutes les sensations. Plus de repères pour moi pouvant me guider sur la route de la venue au monde.
Cet accouchement s’est « bien terminé » (épisiotomie et forceps dans l’urgence vécues réellement comme des agressions) au niveau de mon intimité. Mais je me suis sentie émotionnellement et psychologiquement vidée à long terme… Une partie invisible m’a été arrachée. De ce moment de vulnérabilité le sentiment d’avoir été déshumanisée m’a poursuivi avec de la culpabilité et de l’incompréhension pendant longtemps.
Le temps m’a permis d’apprivoiser de nouveau le rôle que m’offre une deuxième grossesse.
Je l’ai abordée de manière beaucoup plus sereine en sachant déjà d’avance que le choix était réellement porté sur la naissance à domicile. Il s’est fait rapidement après un passage non satisfaisant à la maternité. Une prise de décision en toute liberté et éclairée avec la confiance en la vie, la nature du corps et de l’esprit. Ce sont mes intuitions qui m’ont réellement guidées pour ce choix de naissance à domicile. J’ai été soutenue à long terme par mon compagnon et une sage-femme libérale avec un suivi particuliers pendant 9 mois. Pendant cette période à aucun moment donné j’ai douté de ma décision malgré certains propos extérieurs basés sur la peur et le manque d’informations.
En 2020, à domicile, en pleine nuit, je suis entrée spontanément dans un autre état de conscience en toute autonomie. L’ambiance, se sentir à l’abri, me l’a réellement permis. La liberté de ne pas avoir peur, pas de stress avec le cerveau archaïque qui a pris le relais. J’ai retrouvé un comportement instinctif plus proche de l’animal, du mammifère. Le fait d’avoir pu externaliser sans crainte la douleur en la gérant à ma manière comme une personne pensante et ressentant avec légitimé l’accès au sens véritable du mot « naissance » : vivre totalement l’enfantement sans violence. Le sacre de la naissance. Un épisode unique, authentique. Cet instant momentané fragile a été respecté avec un retour à mon essence profonde en toute plénitude.
On a refait la nuit autour de nous tels des amants chuchotant et s’effleurant pour accueillir à bras et à cœur ouvert ce nouveau voyageur. Avec nos mains et nos regards aimants dans une paix profonde, le temps a semblé s’être arrêté et figé dans l’instant présent. Il est né avec les yeux grands ouverts vers nous grâce à une pénombre apaisante avec une douce vibration sonore emplissant la pièce tamisée. Son âme habite désormais notre maison.
Il faut se battre, constamment, contre la machine médicale en faisant face à une multitude d’idées reçues, de jugements et de mépris.
Pourquoi être forcée d’accoucher à l’hôpital ?
L’accouchement n’est pas une maladie, à moins d’avoir une grossesse à risque ? Croire en la capacité à donner la vie semble être le meilleur remède pour que tout se passe bien…
La naissance de votre enfant vous appartient, et que vous pouvez vous aussi vous donner les moyens de vivre l’accouchement dont vous souhaitez réellement du moment où il n’y a pas de contre indications médicales. Soyez maîtresse de votre mise au monde. C’est votre moment, à vous et à votre enfant.
Vous souhaitez publier votre histoire sur le blog ? Déposez votre témoignage mariage ou témoignage maternité ici.
ClStine dit
Pour contrebalancer un peu les commentaires :
Lorsque j’ai enfin été enceinte, je me suis inscrite à l’hôpital pour accoucher. C’était un choix qui me paraissait sécuritaire. C’est vrai on entend partout dire que sans ça on mourait en couche et bébé serait handicapé. Comme j’avais confiance en la vie, je pensais que je pourrais accoucher naturellement et qu’on respecterait mes choix de femme libre. Hahaha ! Je suis entrée à l’hôpital en bonne santé, jeune, avec aucun risque. L’équipe m’a maltraitée, torturée, violée et je suis sortie non seulement avec une enfant handicapée mais en plus avec un conjoint et moi-même traumatisés. Difficile de s’occuper de son enfant dans ces circonstances… La cascade de merde. On te force à prendre la péridurale, on t’allonge donc le travail ne se fait pas, donc on te met des hormones de synthèse donc… Ton enfant est handicapé donc il ne fait pas ce que fait un bébé en bonne santé donc on te dit que papa est incompétent et toi folle. Bref, si c’était à refaire, je choisirais l’accouchement à domicile. Malheureusement après une césarienne je crois que ce n’est pas possible et puis il n’y en a pas dans mon secteur. Et puis surtout, surtout avec ce vécu je fais une croix sur mon envie de famille nombreuse.
Alors peut-être que l’hôpital a sauvé des vies le jour où il a découvert l’hygiène. Mais s’il en sauvait encore tant que ça, les ARS ne fermeraient peut-être pas les maternités de proximité parce que j’ai quand-même une copine qui a accouché sur la route. Et finalement mieux vaut être bien accompagnée à domicile que seule dans sa voiture. Alors arrêtez avec vos témoignages hyper flippants. Essayons de laisser chacune faire ses choix sans terroriser. Parce que j’en ai encore un peu sous le coude, je vous le remets ?!
Estelle dit
Bonjour,
Personnellement, je me suis sentie en sécurité justement car c’était médicalisé. Je ne travaille pas dans le domaine médical donc j’ai fait totalement confiance aux équipes des deux hôpitaux où j’ai accouché. J’ai eu une épisiotomie mais je ne l’ai pas du tout vécu comme une violence mais comme un acte réalisé dans mon intérêt.
Le fait d’avoir un enfant handicapé à cause d’une naissance qui s’est mal passée dans la famille de mon conjoint joue aussi beaucoup dans ma perception des choses.
Agnès dit
C’est vrai que ça fait réfléchir, ce témoignages et les commentaires. Maison = cocon et risque, Hôpital = sécuritaire et roulette russe du personnel. Mon idéal c’était les maison de naissance, qui permette un accouchement en sécurité mais aussi une intervention rapide en cas de problème. Mais bon, il n’y en a pas proche de chez moi.
J’ai été à l’hôpital et ça s’est plutôt bien passé. Ca ne reste que quelques jours et le plus important pour moi, ce n’est pas ces quelques jours que je conserve comme un souvenir mitigé (bien mais aurait pu être mieux) mais bien la suite avec mon bébé extra.
Quelque soit le choix du couple, contraint ou non, il faut l’accepter avec les contraintes et les risques et les assumer derrière.
Emily dit
J’aurais tellement aimé accouchée à domicile. Mais la réalité est tout autre.
Après de nombreux renseignements pris, AUCUNE sage-femme ne pratique l’accouchement à domicile chez moi. Et il n’y en a qu’une dans les 300kms. Autant dire aucune chance pour moi.
Je ne rêve que d’une chose, pouvoir gérer suffisamment longtemps à la maison et peut être ne pas avoir le temps de partir. Quitte à faire venir les pompiers/SAMU, je préférerai accoucher chez moi.
Mais bon, dans le doute, je m’inscris en maternité privée pour le « au cas où ».
Ce genre de projet n’est malheureusement pas possible partout, et encore plus en France ou les sages-femmes ne sont pas assurées pour ce genre d’actes. Elles sont donc frileuses et à raison, car elles engagent leur responsabilité propre.
Quand j’en ai parlé à la maternité, à ma gynéco et ma sage-femme, tout le monde m’a dit que ce n’était pas sécuritaire, qui s’il se passait ci où ça. Ce à quoi je me suis plu à dire « et si ça se passait bien? »
C’est même pas une option dans un monde de la maternité ultra médicalisée.
Je vais faire un projet de naissance mais il y en a tellement à retirer (pas de monito, pas de perfusion, pas de péridurale…), je ne suis pas certaine que l’on respecte nos choix.
Super pour celles qui y arrivent.
Agnès dit
Je me permets juste. On sent que vous êtes déjà un peu déçue de ne pas avoir de vrai choix et vous avez peu d’illusion sur votre projet. Ecrivez le, insistez mais ne vous accrochez pas. Rester dans cet état d’esprit désillusionné. Quoi qu’il se passe, vous serez contente si il est respecté en parti et pas trop déçue s’il n’a aps été possible de le suivre. Le plus important pour l’accouchement, c’est d’être serein et pour se mettre dans cet état d’esprit, il faut faire des sacrifices qui ne sont finalement pas si important quand on considère la chance qu’on a de donner la vie. Ils ne respecteront pas forcément votre confort, mais il feront toujours passer la vie de votre enfant et la côtre avant tout.
Ève dit
Ce que vous pouvez déjà faire pour faire avancer les choses c’est d’aller sur le site de l’apaad et remplir le fichier spécifique. Il relève toutes les femmes qui souhaitaient un aad mais qui n’ont pas pu en faire faute de manque de SF aad ou autre. Ça permettra à terme de faire remonter les besoins et peut-être de faire bouger les choses
NI NOU dit
Très joli récit qui vend du rêve mais qui ne montre absolument pas la réalité d un accouchement sur grossesse classique. Il suffit juste de bien choisir sa maternité et d y aller avec confiance.
Chaque naissance doit être un choix et le lieu aussi. Ne pas vendre du rêve. Laissez le choix au parent oui mais expiiquer aussi les risques de l accouchement au domicile me paraît juste primordial.
En accouchant au domicile pour mon premier il y serait passé avec un accouchement traumatique, un bébé souffrant avec une double circulaire non prévisible car le cordon c est coincé pendant le travail.je remercie la péridurale!!!
Pour la deuxième rien à dire, accouchement de rêve…à l’hôpital. Intime, peu de contrôle du col et sans douleur. Un peau à peau rapide, une péri juste dosée et equipe au top.
Le troisième accouchement rapide pour bébé mais hémorragie non prévisible pour moi. Au domicile je serais morte en laissant mon mari seul face à cet événement et avec 3 petits bouts.
Alors le domicile c est top mais y a des imprévus pouvant amener à des drames et même la présence d’une sage femme à nos côté peut ne pas suffire.
Melba dit
Totalement d’accord avec vous ! Chacune est libre de ses choix mais il faut assumer les risques qu’implique un accouchement à la maison en cas de soucis car j’ai l’impression qu’on ne parle que des accouchements qui se sont bien passés…
Pour ma part: premier accouchement au top avec une équipe médicale très attentionnée et respectueuse, j’en garde un très bon souvenir ! (il y a certes des abus/personnes irrespectueuses mais il faut aussi parler du personnel compétent, dévoué et passionné qui apporte soutien, respect et compassion aux futures mamans car ils sont nombreux).
Du coup pour le deuxième j’étais plutôt confiante, aucun problème pendant la grosses ni « risque » particulier, je suis retournée dans la même maternité, tout allait bien, péri posée et le travail suivait son cours… puis tout a dérapé: procidence du cordon (coincé entre la tête et la sortie), j’ai du avoir une césarienne en extrême urgence sous anesthésie générale, ils avaient 10 minutes et étaient 15 personnes pour intervenir… Sans eux j’aurai perdu mon bébé et sans l’extrême rapidité d’intervention, il aurait pu être très lourdement handicapé… Heureusement qu’ils étaient là, je leur en serai éternellement reconnaissante ! Certes cette complication n’avait que 0.3% de chances d’arriver mais une sage femme seule à la maison n’aurait rien pu faire…ça fait réfléchir !
Ève dit
Double ou triple circulaire c’est plus de 40% des naissances qui ont lieu avec un cordon autour du coup et ça ne fait absolument rien il y a juste à le dérouler doucement à la sortie. C’est une fausse croyance que de penser que ça étrangle le bébé.
Ce qui est triste c’est que seulement 10% des naissances nécessitent réellement un accouchement médicalisé.
Saviez vous qu’avec une péridurale on vous injecte quasi automatiquement de l’ocytocine de synthèse ? Savez vous que cette hormone empêche l’ocytocine naturelle de la femme de se faire et qu’elle est essentielle à l’attachement ?
Savez-vous qu’une intervention médicale entraîne toute une cascade d’autres interventions et que l’on pense souvent que le médecin a sauvé le bébé alors que s’il n’y avait pas eu d’intervention l’accouchement ce serait bien passé ?
Pour mon premier accouchement j’ai cru que l’équipe médicale m’avait sauvé moi et mon bébé. Mais inconsciemment je savais que quelque chose n’allait pas. J’ai mis 10 ans à comprendre ! Je me suis instruite à l’aide de revues scientifiques et de grands noms. Le savoir est extrêmement important. Les sages-femmes n’apprennent pas dans leur cursus la physiologie de l’accouchement pas plus que les positions pour aider une femme à accoucher. Ni même les hormones qui rentrent en jeu. Les gynécologues non plus. Il faut vraiment apprendre et réfléchir. N’allez pas dans un endroit pour le plus beau jour de votre vie sans savoir ce dont vous avez vraiment besoin. Et sachez vous écouter.
Ssereno dit
certes ce n’est pas une maladie mais jusqu’à y il y a 150/200, accoucher étais la première cause de mortalité des femmes et des nouveau né.
je ne suis pas contre l’accouchement a domicile a partir du moment ou les gens sont informés des risques qu’ils prennent.D’autant plus a une e^poque ou les maternités ferment et qu’il faut parfois plusieurs dizaine de minutes pour rejoindre la maternité
Je pense qu’il est important de donner le choix, de rendre les maternité le plus humaines possibles….mais pas de considérer les maternité comme des endroits a eviter, des endroits inutiles
Ma mère n’a officiellement a l’époque pas eu de complications lors de sa grossesse et pourtant, si elle n’avais pas accoucher a l’hôpital, elle serai morte et ma sœur aussi