Lili est une maman comblée, mais qui ne veut pas être cantonnée à ce rôle. Malheureusement, trop souvent son entourage juge la manière dont son couple gère la situation. Il est encore très difficile aujourd’hui de faire comprendre à certaines personnes qu’une femme n’a pas à rester à la maison avec les enfants pendant que son mari travaille. Lili milite pour que les couples aient plus de choix quant à l’application du congés parental proposé lors de l’arrivée d’un enfant. Voici son témoignage.
{Témoignage} Mon coup de gueule sur l’égalité entre parents
Bonjour tout le monde,
Je m’appelle Lili, j’ai 29 ans, je suis en couple avec Mr. D depuis bientôt 13 ans et nous avons eu la chance de nous marier comme nous voulions le 12 septembre 2020. Nous sommes également les heureux parents d’un mini-nous depuis septembre 2019. J’étais déjà venue vous raconter mon accouchement ni de rêve ni catastrophique (presque banal) et je vous écrivais que bien que ma grossesse se soit super bien passée, je n’avais pas aimé être enceinte, je ne m’y étais pas du tout épanouie.
Je reviens aujourd’hui pour un petit coup gueule : le grand sujet du moment et que l’on lit un peu partout sur les blogs de grossesse et les émissions spécialisées, c’est la demande d’allongement du congés maternité et la potentielle obligation du congés paternité. Alors pour le coup, je dois faire partie de cette toute petite minorité qui n’aime pas l’idée de cette prolongation si elle est obligatoire.
Pourquoi allonger le congé maternité pour les mères qui ne le veulent pas
Pour être honnête, si j’avais pu, je serais revenue travailler bien plus tôt. Ne vous méprenez pas, j’aime mon fils, c’est ma merveille, mon bonheur mais mon Dieu que je n’ai pas aimé ce temps à la maison. Je suis responsable de production dans l’industrie lourde et toujours dans l’action et j’ai souffert du manque de stimulation intellectuelle suite à la naissance de mon fils. Je n’ai pas la chance d’avoir de la famille à proximité : ma famille et ma belle-famille se trouve à 3 heures mini de route. Et j’ai souffert de rester seule avec mon fils toute la journée, avec lui comme seule interaction sociale, avec pour presque seules occupations les différentes tâches ménagères quand mon fils dormait.
Alors oui, les journées sont chargées car avec l’entretien de la maison, le linge et tout le reste, 24h ne suffisent pas. Mais définitivement, je ne suis pas faite pour être femme au foyer ! (d’ailleurs pour celles qui le sont, je vous admire sincèrement, je ne sais pas comment vous faites !). Bref, mon travail me manquait (alors oui j’ai répondu à des mails pendant ce temps), le contact des gens et les interactions et surtout le challenge intellectuel. Car soyons honnêtes, changer des couches, se changer 3 fois par jour parce qu’on s’est fait régurgiter dessus (on finit d’ailleurs par ne plus se changer), tirer son lait et gazouiller avec son bébé, ce n’est pas le plus stimulant intellectuellement parlant. Cela a été un soulagement pour moi de retourner au travail. Et oui mon fils va en crèche depuis ses 2 mois et demi et il n’est pas malheureux pour autant !
Aujourd’hui, j’ai pris du recul et j’ai arrêté de me poser mille questions sur la maman que je suis, de culpabilisé parce que je voulais tant reprendre le travail !
Car j’en été arrivée au point de me demander si j’étais une « bonne maman »!
Aujourd’hui, ça ne me pose aucun soucis de dire aux gens que je n’ai pas aimé être à la maison, que je n’ai pas aimé être enceinte et que je ne m’épanouie pas si je porte uniquement l’étiquette de maman, mais pour la plus grande majorité de la société, ce sont des affirmations dures à entendre et une incompréhension totale. C’est comme quand j’ai dit que je ne voulais pas allaiter (j’ai tiré mon lait) pour diverses raisons. Le nombre de fois où j’ai entendu : « Mais tu ne veux pas le meilleur pour ton fils ?« . Bin si justement, et je pense que le meilleur pour mon fils c’est d’avoir une maman épanouie, bien dans son équilibre de femme et de maman, qui apprécie chaque moment passé avec lui et non pas une maman qui s’acharne, qui galère, se fatigue ou se force. L’allaitement ou non doit être un choix qui doit être respecter.
Aujourd’hui je suis un peu confrontée à la même chose: suite à une mutation professionnelle, et en attendant une place en crèche pour septembre prochain, je me retrouve à partir le lundi matin de bonne heure (voir le dimanche soir) et à rentrer le vendredi soir. Mon fils reste avec mon mari la semaine. Et là encore, je suis confrontée à l’incompréhension : « Mais comment tu fais ?« , « C’est pas trop dur ?« , « Moi je pourrais pas…« , « T’as vraiment du courage !« , « Mais tu as pensé à ton fils avant d’accepter ?« . Ce qui m’énerve dans ces réflexions, c’est que dans la situation inverse, quand c’est le père qui fait la même chose c’est presque normal alors que quand c’est la mère, elle passe pour une mère courage ! Non je ne suis pas une mère courage, j’aime ce que je fais, je laisse mon fils avec son père (ce n’est pas n’importe qui quand même) et je prends ma dose d’amour le week-end. Mon fils est content quand je rentre le vendredi, est heureux de me voir à l’écran tous les soirs (c’est moi qui lui raconte son histoire) et ne semble pas le moins du monde perturbé par cette situation !
Dans la même veine, nous avons aussi droit à des réflexions quand nous disons aux gens que le jour où la question se posera, c’est mon mari (lui aussi ingénieur) qui se mettra à 80% et pas moi.
Grands dieux, ce n’est pas la maman qui reste à la maison, sacrilège !
Voici mon plaidoyer pour plus de bienveillance envers les mamans comme moi, qui ont besoin d’une autre étiquette que celle de maman (même si c’est la plus belle étiquette du monde) et envers les papas qui font le choix de faire ce que l’on appelle encore trop souvent « le rôle de la maman » !
Bref, c’était mon petit coup gueule sur l’égalité entre parents ! Quand j’entends que l’on souhaite que le congés maternité soit rallonger et le congés paternité obligatoire, moi j’aurais tendance à souhaiter un modèle norvégien : 9 mois de congés parental, que les 2 parents se répartissent comme ils le souhaitent (avec un minimum pour la maman juste après l’accouchement). Comme ça, celles qui souhaitent rester avec leur merveille 9 mois peuvent le faire et celles qui, comme moi, adorent leur progéniture mais on besoin d’un équilibre entre leur rôle de maman, de femme et de manager peuvent reprendre le travail tout en laissant leur bébé avec le co-parent ! Et tout est bien qui finit bien !
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Émilie R. dit
Bonjour !
J’habite en Belgique et la règle ici c’est 15 semaines de congé de maternité pour maman et 15 jours pour papa, et 15 jours c’est déjà beaucoup ! Vous voyez le déséquilibre…!
Je n’ai pas vraiment d’avis sur les deux grossesses en dehors du fait qu’elles se soient bien passées. Je n’éprouve pas non plus l’envie de remettre le couvert même si elles se sont bien passées. Une petite fille de 4 ans et un petit garçon d’un mois, c’est complet !
Par contre, pour les deux, oui j’en ai eu tôt marre de pouponner ! Même après une première expérience déjà difficile, en sachant bien que ça ne durerait pas, je ne suis pas faite pour rester à la maison. Et je me retrouve tellement dans vos commentaires !
Ça devrait être normal pourtant… tu es une femme. Ou encore ça ne dure pas longtemps, prends sur toi..! Ou encore, tu n’as pas l’instinct maternel si tu n’aimes pas ça !
Bref ! Les gens, la société est dure. Et ici en Belgique, l’inégalité est forte en terme de répartition de ce congé. Je vois encore mon compagnon me dire « j’aurais encore bien voulu profiter de notre fils avant de reprendre le boulot ! » et moi de penser « je te donnerais ma place avec plaisir ! »
Heureusement que nous sommes un couple solide dans la tempête parce que notre bateau aurait déjà pu chavirer.
Merci pour ces mots. Vous faites un bien fou !!
Clara dit
Je pense que le congé paternel obligatoire vise à ce que le père soit présent les premières semaines pendant que la mère se repose de son accouchement. Ainsi les deux parents peuvent investir l’enfant les premiers temps, s’aider sans que la mère ne soit obligée de tout faire après 10jours de vie. Passe ce temps de remise en forme, je suis aussi pour un congé parental à partager. J’habite au Canada où le congé parental est de 1an à partager entre les parents avec 15 semaines pour la mère et 5 semaines pour le pere minimum. Les pères sont encouragés à prendre plus de semaines, ce qui permet d’allonger le congé parental de 1 an à 1an2 mois.
Je comprends tout à fait l’envie de reprendre sa vie, je le ressens vraiment aussi. Mais obliger le père (et surtout l’employeur) à prendre des semaines c’est aussi permettre une égalité dans le couple parental et limiter les inégalités qui s’installent dès le retour au travail.
Bene dit
Bonjour
Je suis totalement d accord avec vous. J adore ma petite fille qui a maintenant 2 ans mais je me suis sentie tellement seule pendant le congé maternité, pourtant mon conjoint a eu la possibilité de rester avec nous 1 mois.
J étais très contente de reprendre le travail et de retrouver une vie sociale et une stimulation intellectuelle.
Depuis 1 an et demie , j’essaie de ne pas culpabiliser de prendre du temps pour moi et d’ssumer d’avoir plusieurs casquettes dont celle de mère. Mais ce n est pas facile. J ai l impression que certaines personnes me figent dans le rôle de mère…
Je comprends tout à fait votre coup de gueule ( j ai aussi envie de hurler par moment…)
Oriane dit
Vous n’êtes pas seule dans votre impression de décalage, je partage vos réflexions. Je suis actuellement enceinte de mon deuxième enfant, pour lequel je vais prendre un petit congé parental de deux mois à la suite de mon congé mat. C’est un choix personnel, que je fais pour cette grossesse qui sera la dernière, mais j’aurais détesté que cela me soit imposé pour ma fille. Comme votre fils, elle est allée à la crèche à 2 mois et demi et, à bientôt 3 ans aujourd’hui, c’est une petite fille épanouie qui n’a pas été traumatisée par l’expérience. Et à la fin de mon congé, c’est mon mari qui prendra un 80%. C’est une décision mesurée, tant en termes d’envie (il n’attend que ça !) que de logique financière (je gagne mieux ma vie), mais c’est vu par nos proches comme une décision risquée (pour lui évidemment…) et révolutionnaire. C’est amusant, personne ne suppose jamais que mon mari pourrait regretter de ne pas passer assez de temps avec ses enfants ou que diminuer mon temps de travail pourrait nuire à me carrière et avoir un impact sur ma retraite. L’inverse, par contre…
L’avantage du deuxième enfant, c’est qu’on se sent encore plus légitime à assumer ses choix : on peut adorer ses enfants et avoir besoin de se réaliser dans son travail sans que cela leur nuise. Et on peut détester être enceinte et être une bonne mère par la suite 🙂
Bonne continuation Lili et merci pour votre témoignage !
Marina dit
Je te comprends totalement !
Comme toi je n’ai pas apprécié être enceinte et je ne pense pas qu’être mère soit la plus belle chose du monde. Je me suis beaucoup ennuyée les premiers mois avec mon bébé. (Et je n’ai pas souhaité allaiter dans un pays ou plus de 80% des bébés sont allaités au moins 9 mois.)
La différence c’est que je n’hésite pas à le dire et à prévenir mes amies (qui me demandent ma vision de la maternité).
Tu m’as l’air d’avoir confondu le congé parental et le rôle de femme au foyer. Le congé maternité est fait pour se reposer, se remettre de l’accouchement et de la grossesse et pour créer du lien avec un petit bébé qui a grandement besoin d’attention. Pas pour tenir la maison, faire les courses ou le repas ! Le job de parent est aussi important, prenant, fatigant… que de bosser à l’extérieur.
Par contre, je pense que les bébés sont mieux à la maison la première année de leur vie. Juste parce que je pense qu’1 adulte, 1 bébé à cette période c’est le mieux pour le bébé (donc maman, papa, grand parent ou baby-sitter).
Et j’habite en Suède qui a un très bon système pour la maternité: 18 mois à se répartir entre les 2 parents (3 mois chacun minimum), payé à 80% du salaire (car c’est souvent ce qui empêche les papas de prendre un congé parental). Crèche accessible à tous les enfants (pas de stress et max 150€/mois) à partir de 1 an.
Je pense qu’il est vraiment important que les deux parents passent du temps seul avec leur enfant pendant plusieurs semaines. Ca permet de faire comprendre aux 2, les soins que demandent bébé, la charge mentale associée, à quel point s’occuper d’un enfant peut être fatigant, prenant et parfois aussi sympa.
Et dans les pays comme la Suède ou la Norvège ou les parents ont un long congé, il y a plein d’activités proposées aux parents qui permettent de voir d’autres adultes, d’avoir des conversations intéressantes et de faire des choses sympas (rando en famille, bébé nageurs, chansons, bibliothèque…). Ca change le congé parental.
Je n’aurais pas souhaité passer la semaine entière loin de mon enfant, je ne trouve pas ca juste pour le parent qui gère seul le quotidien et je pense aussi que bébé m’aurait manqué. De même, je n’aurais pas voulu que mon mari fasse ce choix là. Par contre, pré-covid, on voyageait souvent avec notre boulot, chacun notre tour, sans que ca ne soit un problème.
Et vu que bébé 2 s’annonce, nous avons fait le choix que passé les 2 premiers mois à la maison (pour me remettre de la grossesse/accouchement), ce soit le papa qui prennent le relais les 6-7 mois suivants et que moi je finisse le congé parental quand bébé est plus vieux. Le papa a envie de s’occuper un tout petit bébé car il ne l’a pas fait la dernière fois. Et moi je veux m’occuper d’un bébé qui pourra déjà interagir avec moi, ramper, manger…
Il n’y a pas de parentalité universelle, à chacun de décider ce qui est le mieux pour sa famille !