Laure fait partie de ces très rares femmes qui après leur accouchement ont eu un problème d’éclampsie : tension qui monte, rétention d’eau, l’éclapsie est une hypertension artérielle intracrânienne qui peut être très dangereuse, voir fatale. Elle a du être ré-hospitalisée juste après être sortie de la maternité. Voici son témoignage.
{Témoignage} Éclampsie post-partum : les soucis de tension après l’accouchement
Bonjour à toutes les lectrices de La Mariée en Colère
Moi c’est Laure, et je vais vous parler de l’éclapsie post-partum, quand tout bascule après l’accouchement. C’est ce qui m’est arrivée, après 7 ans d’attente pour avoir notre bébé entre fausse-couches à répétition et PMA pour recevoir un don d’ovocytes. Bref, après beaucoup de péripéties, ça y est, je suis enceinte, la grossesse s’est déroulée parfaitement et il n’y a plus qu’à accoucher… si seulement c’était si simple !
Samedi 20 Aout 2016, jour du terme, je fais une visite aux urgences gynécologiques. Une visite qui se rallongera car on nous garde ! Super ! Nous sommes ravis : l’accouchement est pour bientôt.
Le col se raccourcit mais il manque du liquide amniotique donc les médecins décident de me déclencher ! Ma tension est un peu élevée, on n’y prête pas attention ; les médecins ne semblent pas s’inquiéter de cela : 15/10, c’est peut‐être dû à l’excitation.
Après ce parcours de PMA avec don d’ovocyte, ces échecs à répétition avec les môles hydatiformes, cette mutation du gène qui cause tout cela, nous allons enfin vivre un très grand jour dans quelques heures ; celui d’être parents d’une enfant en bonne santé. Quel bonheur s’ouvre enfin à nous !
L’accouchement est déclenché : c’est parti !
RAS pendant les contrôles de la journée malgré le gel mis en place, le col ne bouge pas. Mon mari a une très bonne idée : si nous marchions hors de l’hôpital. C’est parti pour 3 kilomètres de promenade ! Une sortie agréable, en fin de journée nous respirons un peu mieux, car dans la chambre nous avons 30°. On parcourt ces kilomètres, entre jardins, animaux et champs. Nous partons quelque part sans savoir exactement où cela va nous mener. En prime, on se fait manger par les moustiques, merci pour les démangeaisons ! Surtout aux jambes, c’est le calvaire car quand tu es incapable de t’abaisser pour te gratter ! De retour vers l’hôpital, terre promise, je souffle !
Ce n’est pas fini, je pensais rentrer directement dans la chambre, mais changement de programme. Mon mari me fait traverser l’hôpital, jusqu’au au sous‐sol de l’hôpital, on visite même si on n’est pas certains d’avoir la permission. Tant pis, nous y sommes. Nous arrivons enfin à la fin du bâtiment, et là de grâce, il y a enfin une porte qui mène à l’extérieur ! Une fois dehors, nous contournons l’hôpital mais pas seulement ! J’ai le droit à un entrainement militaire : « tu marches trois pas tu descends, tu marches trois pas tu descends ». Il me fait faire des squats. – Mais il veut m’achever ! – « C’est pour t’aider ma chérie ça va accélérer le travail » me dit-il. L’entrainement terminé, je suis rincée, nous regagnons la chambre. Je commence à avoir quelques contractions en soirée, la nuit se passe ou presque (merci les moustiques).
Le lendemain, Belle maman qui travaille en pharmacie vient à mon secours avec une crème apaisante. La journée me semblera que meilleure.
Dimanche matin, rendez‐vous pour un contrôle, et il n’y a toujours pas de changement. Au monitoring, je m’inquiète car le cœur de bébé monte à plus de 200 et redescend à 40. Comment ne pas être angoissée en voyant ces fluctuations. A priori rien de grave, on me rassure, mais je reste tout de même inquiète, mon mari fixe le monito également. La journée se passe, je vois mes voisines de chambre en salle de naissance arriver puis repartir et nous, nous sommes toujours là. Le col ne se modifie que très peu. La journée s’achève, le Week end se termine. Nous repartons nous reposer car demain sera certainement une longue journée.
Lundi matin, direction de bonne heure, en salle de naissance pour le contrôle, les douleurs se font de plus intenses et présentes, le col ne bouge toujours pas. Au moment, où je devais avoir un tampon de prostaglandine ; je souffre, j’hurle, j’ai mal, les douleurs me prennent dans le dos, le ventre et m’irradient jusque dans les jambes. La sage-femme décide de l’enlever directement. Le col ne se modifie pas plus que ça. Être à 2,5 pour deux jours de présence, ce n’est pas suffisant.
Il est 10h, je n’en PEUX plus, sauvez‐moi, j’ai mal. Et effectivement, rien ne bouge. On me propose de m’installer en salle d’accouchement pour la péridurale et la mise sous ocytocine (produit injecté qui agit sur le travail). La péridurale, pas de crainte. J’ai tellement mal que je donnerai tout ce qu’il faut pour être soulagée. J’avais fait des séances d’hypnose, j’ai donc essayé de me mettre dans « ma bulle », c’est déjà fini !
Un peu de répit, les douleurs se sont atténuées. Nous écoutons de la musique dans la salle, enfin surtout moi, car musicalement parlant chéri chéri n’adhère pas à mes références musicales. Mais aujourd’hui, la reine, c’est qui ? C’est moi : je souffre et m’apprête à donner la vie donc je crois avoir le choix de la musique (je le taquine). En tout cas, le personnel soignant est enchanté en entrant dans la salle ; certaines chantonnent, se déhanchent. L’atmosphère est bien plus sereine comme ça. 16h, la péridurale ne fait plus trop d’effet. Je commence à ressentir des douleurs. J’appelle, on regarde mon col et pas de changement. On me propose de percer la poche des eaux : ce n’est pas très agréable comme sensation mais ce n’est pas douloureux ; je sens le liquide coulait et la chaleur de celui-ci. La sage‐femme ne dit rien, s’en va et revient avec plusieurs collègues. Inutile de me dire, je crois comprendre qu’il se passe quelque chose. Elles vérifient le monito : un œil sur la fréquence cardiaque de la petite. La sage-femme me dit que la couleur du liquide est teintée. Oui et donc ? Le bébé a commencé à faire ses selles et il y a un risque d’infection pour la petite.
Le médecin décide de la césarienne en urgence.
Après le déclenchement, la césarienne
Aucune déception, je m’y étais préparée ; limite c’est ce que j’attendais depuis le début. Vu que rien ne bougeait et que le cœur de la petite faisait un peu yoyo. On me l’aurait faite avant, j’aurais été soulagée également. J’ai tellement d’appréhension, qu’il arrive quelque chose à notre fille. Le but est de tout faire pour qu’elle aille bien, peu importe les conditions.
Donc code orange, tous se précipitent et en 10 minutes j’étais au bloc. Mon mari ne pas réalise ce qui se passe de par la réactivité du personnel médical autour de nous. Un bisou attrapé au vol dans le couloir, les portes s’ouvrent et il me voit entrer dans le bloc. J’ai froid. On me dit de me mettre sur le brancard d’à côté. Ils râlent après moi pour que je me déplace. Ils sont rigolos, je suis sous péridurale, mes jambes ne bougent plus. Un peu d’aide serait mieux, non ?
On me « propulse » dans le bloc, on me branche de partout. Ils me mettent un drap devant la tête pour cacher l’opération. Je tremble de froid, de stress, j’ai hâte. J’entends ce que le médecin dit et je ressens l’ouverture de mon ventre, je crois qu’il tire beaucoup sur la peau, j’ai l’impression d’avoir ressenti un étirement jusqu’à ma poitrine.
En à peine 10 minutes, 16h41, j’entends le premier cri de mon bébé, c’est magnifique ! Mes larmes coulent, je ne peux m’empêcher de pleurer. [L’émotion est encore présente au moment où je l’écris] Nous l’avons tellement désiré. Je lui fais un petit bisou volé, ses yeux sont bien ouverts, elle regarde partout et repart avec la soignante. L’infirmière anesthésiste me dit :« il ne faut pas pleurer madame !». Je vais me gêner, tiens ! Pour l’avoir tellement attendu, cela en devient même un droit !
Elle rejoint papa pour ses premiers soins et son premier peau à peau. Je ne sais pas ce qui se passe mais en tout cas, je suis confiante, elle semble aller très bien.
La chirurgie se termine avec un grande cicatrice et 17 agrafes mais 17 agrafes de vie ! Je me retrouve en salle de réveil, je les vois arriver tous les deux, c’est magique, nous sommes parents ! L’auxiliaire de puériculture me la pose au sein, sa première tétée. Elle est belle, elle a un petit nez retroussé comme sur l’échographie.
Je suis émerveillée, elle est sur moi, contre moi, je la sens, je la vois. Un moment privilégié à trois gravé à jamais. Elle est très belle. La question que je me suis forcément posée durant toute ma grossesse ; à qui va-t-elle ressembler ? Elle ressemble énormément à son papa et j’en suis fière.
Nous remontons dans la chambre vers 18h. Nous annonçons la naissance de notre poupée à notre entourage.
Là voilà, Notre Augustine de 2.895kg , une petite poupée tellement désirée.
Nous nous reposons, demain tellement de personnes voudront faire sa connaissance.
La mise en place de l’allaitement : la galère et l’échec
Je veux allaiter ma fille, donc je la mets au sein mais ce n’est pas simple, j’ai mal.
Dans la chambre, il fait 31° et Augustine est quant à elle en hypothermie, nous devons la couvrir. Je continue de l’allaiter mais j’ai des difficultés pour la positionner. Les puéricultrices, et les auxiliaires se suivent dans les visites et aucune n’apporte le même discours.
Pour mettre les bouts de sein, une me dit que c’est dans ce sens ; 10 minutes plus tard, une autre me dit « mais ce n’est pas comme ça qu’il faut le mettre ». Il fait chaud, j’ai mal au ventre, j’ai mal au dos, j’en ai marre, les discours sont différents ; comment ne pas craquer ? D’un commun accord avec mon mari, nous passons au biberon, nous sous sentirons moins stressés. Et puis, je n’ai pas envie de faire une dépression post-partum parce que nous n’avons pas le même son de cloches à chaque fois. Parents pour la première fois, nous avons besoin d’être guidés et pas déstabilisés.
Notre petite poupée dort bien, même trop bien, elle ne réclame pas, nous sommes obligés de la réveiller nuit et jour pour boire ; elle ne boit pas beaucoup donc perd un peu de poids. Donc on nous garde un peu plus à la maternité.
Les visites s’échelonnent, c’est fatigant et, en même temps, c’est même primordial pour nous, qu’ils viennent la voir. Elle était tellement attendue de tous. La réussite d’avoir enfin notre bébé !
Nous rentrons à la maison le vendredi, mais je me sens très fatiguée, je ressens une barre sous la poitrine qui irradie dans le dos, on me prend la tension 14/9 donc pas de problème pour rentrer à trois. Je mets cette douleur sur la fatigue, ou simplement mes douleurs chroniques qui me font souffrir depuis quelques années. Nous remercions le personnel et partons.
Les premiers signes de l’éclampsie post-partum arrivent
Première nuit à la maison, nous prenons nos marques. Nous avons une chienne, elle semble accepter la situation, ne semble pas jalouse.
Le lendemain, je me lève vraiment fatiguée mais qui n’est pas fatiguée après ce bouleversement ?
Après des visites, je reste assise sur le canapé, j’ai mal au cœur, j’ai le souffle coupé.
Je dégaine mon tensiomètre et le résultat est de 16/ 11. J’appelle le SAMU qui nous envoie les pompiers au domicile. Le hic, c’est que je viens d’accoucher. Et qu’est-ce qu’un nouveau‐né a-t-il le plus besoin ? C’est de sa maman et dans l’état dans lequel je me trouvais, je devais être transportée à l’hôpital.
Les pompiers décident alors de nous transporter tous les trois (Papa sans permis).
Arrivés à la maternité, on m’annonce que je fais une éclampsie post-partum, c’est rare mais possible. Comme on aime faire les choses différemment, pourquoi les faire autrement ?
Quant à ma fille, elle est vue par un pédiatre, elle régurgite beaucoup. Après quelques heures en salle de naissance pour ma part, avec surveillance tension et un traitement pour baisser la tension, ils décident de nous garder quelques jours à la maternité pour le suivi.
« Coucou, nous revoilà ! » Le deuxième séjour à la maternité commence. Nous y restons tous les trois, 4 jours de plus, le temps de stabiliser ma tension. Prise de tension régulière nuit et jour, prise de sang, obligation de boire de l’eau en quantité pour éliminer. Je dois uriner dans des grands pots en plastique pour quantifier les urines et pour les analyses. Ça me fait penser à des pots aux laits mais en plastique ! Ça va mieux, je respire enfin ! Cette barre était bien un symptôme de cette l’éclampsie, sans compter les poteaux aux jambes (rétention d’eau) que je n’ai pas mentionnés.
Nous rentrons enfin, deuxième retour également. Les nuits sont courtes mais on sait pourquoi, c’est pour mieux profiter d’elle. Car même en une semaine, quel changement !
La famille continue de venir nous voir, nous sommes tellement aux anges et tellement heureux de leur présenter.
Nous avons réussi à fonder une famille malgré et grâce à ce parcours du combattant.
Mon conseils pour les jeunes mamans à qui cela pourrait arriver
Suivez votre instinct, que ce soit pour l’allaitement ou pour prendre toutes autres décisions. En tant que parents, vous êtes les seuls à savoir ce qui est bon ou mauvais pour votre enfant et pour vous-même.
Gardez espoir si vous traversez un parcours du combattant. Le bonheur arrivera même s’il prendra plus de temps que prévu. Une fois arrivé, il fera la joie et la fierté d’un grand nombre de personnes autour de vous. Malgré les désagréments de la vie, le visage d’un enfant nous fait oublier à quel point cela a pu être difficile à mener.
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Noémie dit
Quel beau témoignage très émouvant ! Je me reconnais beaucoup dans ce que vous dites! La grande fierté d’avoir enfin réussi à avoir une famille aprés autant d’attente, la joie de présenter son bébé à la famille… et les difficultés après l’accouchement. Comme vous pour moi accouchement déclenché et très long qui fini en césarienne. De mon côté j’ai très mal supporté l’anesthésie et nous sommes restés longtemps à la maternité. Et pourtant c’est quand même le plus beau jour de ma vie. Malgré les difficultés pour l’allaitement (ah les personnels soignants qui ont tous un avis différent ! Ça me rendait folle!).