Alors qu’elle portait un stérilet et ne souhaitait plus avoir d’enfant, Marion s’est aperçue qu’elle était enceinte. Elle a hésité entre avorter ou poursuivre cette grossesse sous stérilet, avec les risques de fausse-couche encourus. Ce témoignage est très dur à lire, et on envoie plein d ‘amour et d’ondes positives aux mamans à qui cela pourrait arriver <3 Merci de nous envoyer vos histoires, qui aideront d’autres femmes qui passeront elles-aussi par là. Voici le témoignage de Marion.
{Témoignage} Grossesse sous stérilet, infection et fausse-couche tardive
Cette grossesse a été comme son annonce : violente et imprévue.
Je suis sous stérilet en cuivre depuis plusieurs années, j’ai confiance, je ne pense jamais à ma contraception. J’ai 31 ans, deja 2 grands enfants de 11 et 7 ans et notre famille est au complet.
Alors quand je remarque un retard de règles, je suis prise de doutes. Et si j’étais enceinte ? Impossible j’ai un stérilet.
Et pourtant, le test de grossesse affiche les deux barres et c’est une grosse claque au visage que je reçois. D’une violence incomparable, je me sent trahies par mon corps.
J’appelle ma gyneco, qui me programme un rdv 2 jours plus tard et une ordonnance pour 2 prises de sangs. Nous devons vérifier que ce n’est pas une grossesse extra-utérine, la probabilité est grande lorsque l’on a un stérilet.
Je vais à ce rendez-vous avec mon mari, la peur au ventre. Je viens de passer 2 jours avec la peur de faire une hémorragie due à cette supposée grossesse extra-utérine.
Et je pleure sans arrêt depuis l’annonce de la grossesse.
La gyneco annonce une grossesse viable, mais collée au stérilet, si je veux poursuivre la grossesse il faudra le garder jusqu’au bout.
Le stérilet est toujours bien en place, je fait partie du 1% de cas où ça ne marche pas.
Durant ce rendez vous on nous explique les risques de la grossesse sous stérilet (notamment le très gros risque de fausse-couche au 1er et 2 eme trimestre, et le risque d’accouchement prématuré)
On nous explique aussi les modalités d’un éventuel IVG. Je suis à 2 semaines de grossesse j’ai du temps.
On se donne 2 semaines pour réfléchir, et je passe 2 semaines à pleurer, je ne veux pas de 3 ème enfant mais je ne veux pas avorter non plus.
Je ressens tout le poids de la contraception qui pèse sur les femmes
Je me sens prise au piège, à côté de mon corps et je ressent tout le poids de la contraception qui pèse sur les femmes. Même si mon mari est d’un soutien sans faille, c’est mon corps qui est pris au piège, pas le sien.
Ensemble nous finissons par décider de garder ce bébé qui s’est imposé à nous. Devant cette situation imprévue, je choisis la vie plutôt que la mort, le bonheur d’une naissance plutôt que le traumatisme d’un IVG… Je vais vite déchanter.
D’abord je ressens un grand soulagement après cette décision. Ça y est, je reprends le contrôle, je décide pour mon corps. Mais on ne se projette pas trop, on connaît les risques.
Pendant 1 mois tout va bien et puis à 1 mois et demi de grossesse j’ai des saignements, abondants. Je pense faire une fausse-couche, je me rends aux urgences mais ce n’est qu’un minuscule décollement : « vraiment 3 fois rien madame, il ne faut pas s’inquiéter« , je n’ai même pas d’arrêt de travail.
Je suis rassurée, et je reprends ma vie.
Et puis plus rien pendant 1 mois, je commence à me projeter, à imaginer cette vie avec un 3 ème enfant, on lui fait une place dans nos vies et dans nos cœurs.
Et puis à 2 mois 1/2 je suis à nouveau prise de saignements, urgences, retour à la maison rassurée. Le scénario va se reproduire toutes les semaines voir 2 fois par semaine, à l’écho tout va bien, il y a ce léger décollement toujours mais rien d’alarmant. On fini par me dire de ne pas venir à chaque fois que je saigne que tout va bien, que c’est sûrement dû au stérilet et qu’on ne peut rien y faire.
On me dit : « venez aux urgences si les saignements sont associés à des douleurs ou s’ils durent plus de 2 jours« .
Ok, je ne comprends pas trop, je suis inquiète mais les gynécologues que j’ai vu aux urgences et celle qui me suit ne semblent pas inquiètes, la grossesse suit son cours.
A chaque saignements je pense à la fausse couche, mais non, tout rentre dans l’ordre. Un peu avant les 3 mois de grossesse, on annonce l’heureux évènement à nos proches, nos enfants…
Et puis un jour plus de saignements, je suis à 16 SA soit environ 3 mois et demi de grossesse.
Je me sens mieux, moins de fatigue, plus de nausées et enfin plus de saignements.
J’ai le sentiment que tout va mieux, que cette grossesse va enfin être agréable et j’y crois enfin.
Et puis j’ai mon rdv du 4 eme mois, la gyneco voit un bébé en forme mais un peu petit par rapport à mon terme, et les marqueurs sérologiques de ma prise de sang pour la trisomie 21 ne sont pas bons. On nous donne un rdv 1 semaine plus tard dans un service de diagnostic anténatal pour pratiquer une amniocentèse. Elle me rassure sur le fait que mon placenta qui saigne depuis des semaines peut fausser ces résultats mais que stérilet + saignements + prise de sang mauvaise + petit bébé à l’écho : on ne prend pas de risques et on fait ce diagnostic.
Je sors en larme sans comprendre ce qui arrive.
Et puis je me fais à cette idée, confiante, ça va aller, on va me faire une amniocentèse me dire que mon bébé va bien mais que mon placenta est un peu pourri à cause du stérilet mais qu’il fait son travail et tout ira bien… encore une fois je vais déchanter.
Avant même d’avoir des réponses à mes interrogations, j’ai un nouveau symptômes : des pertes vaginales bizarres, je pense à une mycose mais nous sommes samedi, je prends un rdv pour lundi chez un médecin pour la traiter.
Sauf que, je me réveille dimanche matin avec des frissons dans tout le corps, un état de fatigue extrême, je ne me suis jamais sentie aussi mal.
Je n’ai pas de température, alors je me recouche en espérant que ça passe.
Mon mari me tourne autour comme une mouche, inquiet, il appel SOS médecin qui ne peut envoyer personne avant 3h30, puis le SAMU qui ne répond pas, il veut qu’on aille à la maternité mais je ne peux pas bouger, je suis incapable de me lever, je refuse.
A 12h enfin je vais mieux, mais je suis à 40 degrés de température.
Nous décidons d’aller à la maternité puisque je peux enfin me lever, nous jetons nos enfants chez des amis et arrivons aux urgences.
Je suis fatiguée mais je marche, je vais plutôt bien, je n’ai mal nul part.
Une sage-femme nous accueil et j’explique ma fièvre, mes tremblements et frissons et ma supposée mycose. Elle me fait une echo, me rassure avec le cœur du bébé qui bat et part chercher un médecin, c’est louche …
Le gynécologue arrive, reprend l’écho et me dit sans attendre : « il n’y a plus de liquide amniotique, vous avez perdu les eaux madame« .
Il est doux et emphatique mais son annonce est violente.
J’ai perdu les eaux, la fausse-couche arrive
Nous comprenons tout de suite que c’est fini, mon mari et moi avions ce risque en tête depuis le début, le stérilet a probablement fissuré la poche des eaux… on encaisse bien, comme préparés depuis des semaines à cette annonce.
Mais mon état inquiète le gynécologue, il me dit qu’il y a une infection il faut savoir où et la traiter. Je suis hospitalisée.
On me fait une prise de sang, une analyse d’urine et un prélèvement vaginale et je monte dans une chambre en maternité car j’ai besoin des soins d’une sage femme.
Mon mari rentre et récupère nos enfants à qui j’ai à peine dit au revoir, sans un câlin ou un bisou. Je ne vais pas les revoir avant jeudi soir mais je ne le sais pas encore.
J’ai une infection à cause du stérilet ?
J’ai deux antibiotiques en perfusions 4 fois par jours, on prend ma température toutes les 4h, mais on ne me donne aucune info, que va t il se passer maintenant ? Une fois une me parle comme si j’avais déjà fait une fausse-couche, et la fois suivante comme s’il y avait un espoir que le liquide amniotique revienne et que je poursuive ma grossesse.
Pourtant nous n’avons aucun faux espoirs. On sait que c’est déjà fini.
Je n’ai pas droit à la visite de mes enfants à cause du covid. C’est dur, autant pour eux que pour moi.
Mais mon mari est à mes côtés tous les jours.
Je suis là depuis dimanche midi, nous sommes mardi après-midi et on ne sait pas ce qu’on attend, mon état ne s’aggrave pas mais ne s’arrange pas, et personne ne surveille le bébé.
On ne trouve pas mon infection et une sage-femme fini par nous dire que c’est probablement une chorioamniotite, une inflammation du placenta ou du liquide amniotique ou les deux.
On insiste pour voir la gyneco dans la journée et être enfin fixés.
Elle arrive rapidement, me fait une écho et nous annonce que le cœur de notre bébé ne bat plus, c’est terrible mais c’est presque un soulagement, on s’en doutait mais on est enfin fixés et ça nous fait du bien de savoir enfin.
Elle nous explique ce qui va se passer et pourquoi rien n’a été fait avant.
Tant que le bébé est en vie, on ne peut pas mettre fin à la grossesse sans accord du service de diagnostic anténatal même sachant que la grossesse n’est plus viable. Et il n’y a pas de soin particulier à faire pour éviter sa mort, à mon terme, il n’est pas viable et la seule solution dans ce genre de diagnostic est la naissance rapide du bébé. Impossible donc à 16 SA.
Maintenant que le bébé est mort on peut agir, je vais recevoir un premier traitement visant à préparer mon corps pour un accouchement, ensuite si mon corps n’expulse pas le bébé seul, on déclenchera mon accouchement jeudi matin.
Tout le monde est étonné de notre réaction, nous sommes soulagés et pas du tout effondrés, on savait et pour ma santé il faut en finir.
Malgré les antibiotiques, l’infection ne peut être totalement guérie qu’après l’expulsion du fœtus.
J’ai tout de même un peu peur car l’anesthésiste ne peut pas me faire de péridurale à cause de mon infection encore trop présente, on poursuit le traitement antibiotique et on espère que mon corps attendra jeudi pour espérer pouvoir avoir une péridurale ce qui minimiserait le traumatisme d’accoucher d’un bébé mort.
Mon corps me sauve la vie en expulsant le bébé
Mais mon corps n’attend plus, je comprendrais plus tard qu’il me sauve la vie et décidant d’expulser la grossesse le soir-même.
Le travail commence doucement dans la soirée, je le comprends vite mais je préfère croire que ça attendra jeudi, et j’attends le dernier moment pour appeler une sage-femme et mon mari et leur dire que c’est le moment, il est 1h30 du matin mardi 2 février.
Je descends en salle d’accouchement, les contractions me font mal, mais je l’ai déjà vécu, je le gère bien. Je perds beaucoup de sang, et vu tout ce que j’ai déjà perdu depuis des semaines, je fais un malaise en salle d’accouchement au moment où l’anesthésiste arrive pour me dire qu’au vu du caractère spécial de la situation, elle accepte de me faire une péridurale, malgré mes résultats très mauvais à cause de l’infection.
« N’ajoutons pas la douleurs à ce moment difficile« , voilà ce qu’elle me dit.
Ma tensions est basse, du sang coule de mon entrejambe en continue.
Tout le monde est inquiet, mais d’une gentillesse à mon égard absolument remarquable.
L’anesthésiste me fait ma péridurale allongée sur le côté, puisque je suis incapable de m’asseoir sans faire de malaise. Mon mari est à mes côtés.
Et en quelques minutes tout va mieux, je n’ai plus mal je suis allongée en position gynécologique, et dans quelques instants tout ceci sera derrière moi.
Ma gynécologue arrive, elle me demande de pousser, je ne sens plus mes contractions mais après une mini poussée de quelque seconde, je sens le corps de mon bébé quitter le mien, il devait être minuscule. La sage-femme l’emmène sans qu’on le voit (c’était notre souhait) il est environs 2h30.
Mon placenta suit rapidement et la gynécologue me dit que mon stérilet est planté dedans comme un couteau. Cette grossesse n’avait aucune chance …
Le stérilet était planté dans le placenta comme un couteau
Ça n’a duré que quelques minutes, ça m’a paru facile et mille fois moins horrible que ce que j’imaginais.
Je me sens forte de le vivre si « bien »
On me fait une perfusion d’hémoglobine pour me remettre en forme et je remonte en chambre après 2h d’observation.
On me propose d’aller en chirurgie plutôt qu’en maternité si je le souhaite, mais je refuse.
Mon mari s’en va, je suis seule, épuisée, je viens d’accoucher de mon bébé, mort. Et je m’effondre, c’est la première fois que je pleure depuis que je suis hospitalisée, c’est long, douloureux et réconfortant à la fois.
Je m’endors en larme.
Mon état s’arrange rapidement mais je pleure tout les jours depuis mon accouchement. Mon corps va bien, je n’ai mal nulle part, mon corps s’est remis de l’accouchement en quelques heures, bien plus vite que pour les 2 précédents accouchements.
Mais ma tête est lourde et mon ventre est vide.
C’est fini et je ne le réalise que maintenant.
Tout les soignants sont gentils et prévenants avec moi, c’est réconfortant, je suis très bien accompagnée, une psychologue viens me voir tous les jours. Je demande à connaître le sexe du bébé, c’était un garçon.
Et nous autorisons une autopsie, pour savoir si notre bébé était malade, ce que nous aurait dit l’amniocentèse. Ça n’a plus beaucoup d’importance, il n’avait aucune chance de survie mais j’ai besoin de savoir.
J’attends encore cette information.
Voilà mon histoire. Nous sommes vendredi, je suis chez moi depuis hier. Et entre les moments de joies avec mes grands enfants et les moments difficiles de larmes et tristesses, j’avais besoin de raconter mon histoire. Pour moi d’abord, parce que l’écrire est plus facile que de la raconter à voix haute. Et peut être aussi pour être lue, par celles qui sont enceintes sous stérilet et qui hésitent à poursuivre leur grossesse, sachez que des grossesses vont à terme mais pas toutes. Et que finalement les histoires de ce type qui finissent bien sont plutôt rare.
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J’imagine le dilemme immense quand il a fallu choisir de continuer la grossesse. Il faut un moral incroyable et avoir un couple très soudé pour passer ces épreuves.
Je ne sais pas combien de temps s’est passé entre votre témoignage et l’actuelle publication. Est-ce que tout ça vous a fait réfléchir à l’envie d’un 3ème enfant finalement ? Ou au contraire de passer par une ligature des trompes pour ne plus avoir à prendre de contraceptif ?