On peut penser, à tort, que les symptômes de la dépression post-partum sont les mêmes chez toutes les femmes. Mais ce n’est pas du tout le cas. Chez Nina, cela s’est traduit par l’apparition de violentes crises d’angoisse, qui l’ont obligées à se faire suivre depuis sont accouchement. Heureusement, aujourd’hui elle va mieux, mais l’enfer qu’elle a vécu a laissé des traces. Voici son témoignage.
{Témoignage} La dépression post-partum a déclenché de violentes crises d’angoisse
Bonjour,
Je m’appelle Nina et j’ai 36 ans. Cela fait quelques temps que j’avais envie de témoigner ici car je trouve que le partage d’expérience est très riche ! J’ai vécu une dépression post-partum dont je commence tout juste à me remettre et qui a beaucoup chamboulé ma vie.
J’ai rencontré mon chéri il y a maintenant 13 ans (déjà !) A l’époque je lui avais dit vouloir 5 enfants ce qui l’avait fait bien rire, lui n’était pas sûr d’en vouloir un. 5 ans plus tard à Noël il m’offre un bon pour un bébé : je suis aux anges !
Mais les choses ne se passent pas comme prévu et nous entamons un long parcours de 6 ans de PMA. Avant le premier confinement je fais une 2ème FIV avec don d’ovocytes qui est encore une fois négative. Mais cette fois nous avons un embryon congelé donc je garde espoir. Avant le rendez vous pour la réimplantation j’ai un retard de règles. Je fais donc un test de grossesse, c’est la procédure.
Et là miracle je suis enceinte !
Un petit bébé couette est venu se nicher pendant le confinement ! Je suis la plus heureuse du monde! La grossesse se passe bien même si je suis très angoissée à l’idée qu’il puisse arriver quelque chose à notre bébé miracle. 3 semaines avant la date prévue d’accouchement je perds les eaux. Direction la maternité où on finit par me déclencher. C’est long mais je suis heureuse car je vais bientôt rencontrer mon bébé. Malheureusement le travail finit par s’arrêter complètement alors que je suis dilatée à 7 et nous devons partir pour une césarienne.
Le moment où je vois mon fils pour la première fois est magique, je trouve que c’est le plus beau du monde ! Mais je ne supporte pas bien les produits anesthésiques et je vis un cauchemar. Physiquement pas de problème (même si je tremble beaucoup et que je vomis) mais je ne supporte pas de ne pas sentir mon corps. J’ai l’impression que je vais rester paralysée toute ma vie, que je suis déjà un cadavre… Des pensées affreuses et personne pour m’aider, l’infirmier me dit juste que tout va bien et que je dois me reposer. Au moment de retourner dans la chambre pour retrouver mon mari et mon fils je ne veux pas y aller je me sens trop mal j’ai juste envie de mourir pour que ça s’arrête (je n’exagère pas, c’est vraiment ce que je ressens sur le moment).
Quand les effets du produits s’atténuent et que je peux recommencer à bouger ça va mieux même si je suis encore secouée par l’expérience que je viens de vivre. J’arrive à m’occuper de mon fils et a mettre en place l’allaitement tant bien que mal avec l’aide de l’équipe de l’hôpital. Je pleure quand même beaucoup et rapidement je vois un psychiatre qui m’explique que j’ai vécu une angoisse de morcellement. Le retour à la maison n’est pas simple je suis un peu perdue, heureusement le papa et la famille proche sont présents pour me soutenir. Vers 2 mois mon petit garçon déclare un RGO. Il dort très peu, pleure beaucoup et passe son temps au sein. De ce fait je dors très peu moi aussi et je suis désemparée devant sa souffrance. On trouve un traitement assez efficace mais les problèmes de sommeil continuent.
Vers ses 5 mois il peut se réveiller jusqu’à 15 fois par nuit et c’est très long de le rendormir. Je sombre peu à peu, je ne dors plus même quand il dort, je ne mange plus, je ne supporte pas que quelqu’un d’autre s’occupe de lui, j’ai l’impression d’être la seule qui arrive à l’apaiser. Pourtant je supporte de moins en moins ses pleurs continuels (il est épuisé avec une grosse dette de sommeil le pauvre).
Je me sens coupable d’être si malheureuse avec ce bébé que j’ai tant désiré
J’essaie un tas de chose pour l’aider à mieux dormir, je suis tous les conseils qu’on me donne mais rien ne marche. A bout de force je demande à être hospitalisée fin juillet. Ce n’est pas facile mais je dors pendant 3 jours complets. Puis je sors contre avis médical, je ne supporte pas d’être sans mon fils. De retour à la maison les choses s’apaisent peu à peu.
Je passe les journées avec mon bébé et la nuit je dors chez ma sœur, c’est mon mari et ma belle-mère qui s’occupent de Sacha. Mi-août miracle il fait ses nuits ! Le diagnostique de dépression post natal est posé et je commence à prendre un traitement antidépresseur. En septembre je reprends le travail et Sacha commence la crèche. Rapidement il attrape les petits virus de la crèche, rien de bien grave mais les nuits compliquées recommencent. C’est pareil pour tous les parents me direz-vous mais je ne supporte pas bien de gérer les nuits et le boulot qui n’est pas facile (je suis enseignante avec des enfants handicapés).
Mon médecin finit par me mettre en arrêt et je me dis que les choses iront mieux avec un peu de repos. Mais un soir je fais une très grosse crise d’angoisse parce que Sacha n’arrive pas à dormir. Je ne contrôle plus mes gestes ni mon visage, j’ai l’impression d’être découpée, d’être un cadavre c’est affreux. J’ai très peur et mon mari aussi.
Je pense que je suis entrain de déclarer une schizophrénie. Sur ce point je suis rassurée par le CMP où je suis suivie, comme je garde contact avec la réalité ce n’est pas de la schizophrénie.
Pendant tout l’automne et l’hiver les crises d’angoisses se succèdent plus ou moins fortes et impressionnantes. A Noël je fais une énième crise qui me laisse KO. J’ai des envies suicidaires je demande à mon mari d’emmener mon fils chez mes beaux-parents, je n’arrive plus à m’en occuper. J’ai eu tellement peur de détruire ma famille que cette crise m’a fait un électro choc. Je n’en ai plus fait depuis.
Je continue le suivi au CMP et le traitement ça va de mieux en mieux. Je travaille avec ma psychologue sur le trauma de la césarienne. Mon fils va bien, il a un an maintenant et il est en pleine forme. Je pense qu’il a réussi à être le plus préservé possible grâce à l’amour de son papa et ses grands parents. Nous avons toujours une relation très fusionnelle mais j’arrive à le faire garder un peu à la crèche pour avoir du temps pour moi.
Je voulais juste pour dire que toutes les dépressions post-partum ne se ressemblent pas et elles n’arrivent pas forcément tout de suite après la naissance. Si vous n’allez pas bien n’hésitez pas à demander de l’aide si vous n’allez pas bien c’est ce qui m’a sauvé ! Merci d’avoir lu mon long témoignage.
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Lec dit
Merci pour ce témoignage authentique et brut. Je t’embrasse bien fort