Margot fait une fausse-couche. Demain elle devra prendre le médicament qui lui permettra d’expulser l’embryon. Avant de faire ce geste, elle voulait témoigner, de la douleur, autant mentale que physique de cette épreuve, par laquelle passent tant de femmes. Voici son témoignage.
{Témoignage} Au revoir petite graine
Bonjour,
Je me présente brièvement, je m’appelle Margot, j’ai 27ans, et je viens de vivre ma première grossesse. Ma première fausse couche.
C’était hier. Quand tout a basculé.
Vous m’auriez rencontré il y a une semaine, je vous aurai dis que notre vie a basculé quand sur ce test était écrit « enceinte ». Mais finalement, il suffit d’un test, ou d’une phrase pour que tout rebascule en bien ou en mal.
Je suis en couple avec Charles, depuis 2 ans. Entre nous ça a été une évidence, une fulgurance. Nous nous sommes embrassés la première fois que nous nous sommes vus, et plus jamais quittés depuis. Quelques semaines après notre rencontre, je lui disais cette phrase « l’année de tes 30 ans, je te ferai le plus beau des cadeaux ». Et j’ai bien failli tenir promesse. Avril devait être le mois où j’aurais fais de Charles un incroyable papa. Malheureusement, ça ne sera pas le cas.
Nous avons donc appris ma grossesse la veille de notre départ en vacances. C’était une belle surprise, car après 12 ans sous hormones, la sage femme était assez pessimiste quant au retour rapide de mes cycles. A peine quelques semaines plus tard, j’étais pourtant enceinte. Presque trop tôt.
J’ai vécu ce début de grossesse assez bien, j’ai commencé à être nauséeuse et épuisée 15 jours après le test de grossesse. Nous avons donc pu profité de nos vacances en Croatie, heureux de cette nouvelle vie qui nous tendait les bras. Nous étions plein de projets et d’entrain, même si l’inquiétude pour notre petite graine était évidemment présente.
A notre retour en France, nous avions pris rendez-vous pour une échographie. Nous voulions être rassurés, savoir s’il y avait bien de la vie au creux de moi. Et quelle émotions d’entendre son Cœur battre, de découvrir ce qu’on imagine depuis plusieurs jours.
Petite graine est bien là.
Nous partions le jour même dans ma belle famille à 800 km de chez nous, nous allions profiter d’être là-bas pour annoncer la bonne nouvelle. Ma belle-mère rêve de devenir grand-mère, et une annonce de vive voix reste toujours un grand moment d’émotions. Alors nous partageons notre bonheur, en gardant a l’esprit le fameux cap des 3 mois. À ce moment-là je ne suis qu’à 6SA, la moitié du chemin parcouru. Nos proches pleurent de bonheur, nous de fierté.
Et je vois l’homme que j’aime me cherir, j’aperçois le futur père merveilleux qu’il sera. Et je l’aime encore plus…
Les vacances se terminent, nous reprenons le travail avec l’impatience du prochain rdv. Petite graine était petite la dernière fois que nous l’avions vue, et le sage-femme avait du mal à dater précisément la grossesse.
Puis nous nous rendons donc chez le sage femme pour notre échographie de datation bis. Avec une envie, entendre son cœur encore une fois. Il doit avoir des mains et des pieds, il doit bouger, mais on rêve juste d’entendre la vie encore une fois.
9SA+3. Le sage femme prend des mesures, m’appuie sur le ventre… il cherche encore. Nous voyons a l’écran notre petite graine, il ressemble à un gros haricot on distingue une tête, replié sur elle même. Le sage femme éteint tout.
« J’ai une mauvaise nouvelle »
Ça y’est tout bascule. Petite graine est bien là, mais ça fait déjà plusieurs jours, plus d’une semaine, que son Coeur ne bat plus en moi. Soudainement, on m’explique qu’il faut aller aux urgences. Parce que je suis dans la limite de temps pour les médicaments, il n’est pas sur. Il nous dit que ce n’est pas notre faute, que c’est presque 20% des grossesses. 1 femme sur 4 vivra une fausse couche dans sa vie. Et nous faisons partie des statistiques, c’est notre tour.
Alors on va à la maternité, on rentre aux urgences, je suis en pleurs. Une femme arrive un bidon de 9 mois devant elle, elle a perdu les eaux. Et moi j’ai perdu notre petite graine.
Charles est mon roc. Mais il ne craque pas pour que je puisse le faire. Son tour viendra, le soir dans le creux de nos draps.
Je vais devoir expulser notre graine, car visiblement mon corps n’en a pas envie. Je me sens toujours enceinte, les nausées, les vertiges, et en même temps je suis effroyablement vide. Vide de toute vie. Vide de toute envie. Quoi que, je veux que ça se termine. Mais ça ne se passe pas comme ça. Je suis à la limite. On me propose la chirurgie ou les médicaments. On m’explique les risques, et je choisis les médicaments.
Ça aura lieux dans 48h.
Demain donc, dans les bras de mon homme, je devrais prendre les gélules qui obligeront mon corps à se violenter pour sortir une poche, qui renferme la petite graine que j’ai portée presque 2 mois. Je vais souffrir, le médecin me l’a dit. Parce que je vais avoir mal, et parce que je vais ressentir physiquement ce que je vis psychologiquement depuis l’instant où on nous a dit « j’ai une mauvaise nouvelle ».
Alors petite graine ce soir, je voulais te dire :
Ton papa et moi, on t’aimait déjà tellement fort. Tu étais celui qui devait nous rendre parents pour la première fois. Et au fond tu as remplis ton rôle.
Tu resteras le premier à avoir fait battre notre Coeur, et le premier petit cœur à avoir battu en moi.
Petite graine bien accrochée. Petite graine silencieuse. Petite graine qui n’a pas réussi à pousser. Merci d’avoir été notre petite graine. Et merci de nous avoir procurer tant d’émotions. Merci pour tout.
Demain, nos chemins se séparent.
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Sosobio dit
Quel témoignage émouvant Margot ! J’espère que vous allez mieux… courage à vous !
Ralichon dit
Bonsoir,
Je me reconnais beaucoup dans ton récit. C’est fou comment nous nous projetons dès que le test est positif… alors que finalement tout peut s’arrêter du jour au lendemain.
J’espère que les médicaments auront fonctionnés. Pour ma part, mon corps a eu beaucoup de mal à évacuer cette grossesse (2 traitements et 2 opérations chirurgicales).
Je te souhaite beaucoup de courage, n’hésite pas à en parler autour de toi pour évacuer toutes ces émotions.
Je suis sûr que notre tour viendra, du moins je l’espère !