Faire une fausse-couche est une chose malheureusement banalisée : beaucoup de femmes passent pas cette épreuve, surtout lors d’une première grossesse. Elle n’en reste pas moins une épreuve traumatisante pour la future maman. Marie avait déjà deux enfants, et savais que cette troisième grossesse ne se déroulait pas « normalement ». Sa fausse-couche s’est déroulée naturellement, sous la douche, et la jeune maman était choquée de ce qu’il s’est passé, sans qu’on la prévienne. Voici son témoignage.
{Témoignage} Je sentais que cette grossesse ne se déroulait pas normalement
Bonjour à toutes les lectrices du blog
Je suis maman de deux enfants, j’approche de la quarantaine et en juin dernier, je m’autorise à penser qu’une troisième grossesse est possible. J’arrête donc ma contraception en septembre et ayant eu mes deux premiers enfants assez facilement, je suis confiante bien que l’approche des 40 ans me questionne.
Mon gynéco me rassure et me dis allez-y ! A ma grande surprise, début décembre, je fais un test à 2 jours de retard de règles (j’ai des cycles 28 jours très réguliers), le test de grossesse est positif. Je trouve dingue la rapidité avec laquelle je tombe enceinte, mais je me dis que c’est un beau signe de la vie.
Je confirme cette grossesse par une prise de sang : beta hcg a 6 sa (4000ul/l) et j’attends avec impatience la première échographie à 12 SA (je n’arrive pas à obtenir un rendez-vous avant). Le seul symptôme de grossesse que je ressens est une tension très importante dans les seins au point que je dois dormir en soutien gorge. Je n’ai aucun autres symptômes alors que j’ai été très malade pour mes deux premières grossesses (nausées +++). Je me dis à nouveau que c’est un signe de la vie !
Mais je trouve ce début de grossesse particulier malgré tout. Mon corps ne change pas et je ne me sens pas enceinte (humeur constante, pas d’excitation particulière). Si, j’ai le ventre un peu gonflé mais je me dis que c’est peut-être avec l’âge, que l’utérus fait de la place et que ça se voit plus vite du fait des deux grossesses précédentes.
Et puis à 8 SA j ai des petites pertes de sang plutôt brunâtres
Je ne m inquiète pas trop car ça peut arriver en début de grossesse. Le lendemain, petite pertes rouges mais pas abondantes. Je file quand même aux urgences car j’ai des doutes sur cette grossesse. Aucune douleurs. L’interne en gynéco des urgences me fait une écho qui dure un moment, elle ne parle pas, elle cherche mais je me demande si elle sait ce qu’elle cherche. Moment atroce. Je vois à l’écran une poche d’environ 6 cm avec rien dedans si ce n’est qu’un petit grain de même pas 1 cm. L’interne me dit que c’est une grossesse qui démarre doucement. Je lui dis qu’à 8 SA normalement on devrait voir quelque chose quand même. Elle me répond que je ne suis pas à 8 SA. Euh… si madame je connais mes cycles et j’ai aussi mes dates de conception de ce dernier cycle.
Elle a fait comme si ma parole ne comptait pas, comme si je me suis trompée, car parfois les femmes se trompent sur leur cycle. Ce mépris m’énerve franchement. J’ai déjà eu 2 enfants, je connais mon corps ! Bref, vu l’attitude de l’interne, je n’insiste pas. Elle est appelée toutes les 5 minutes pour des urgences, elle est sur tous les fronts, comment lui en vouloir. Elle me dit de ne pas m’inquièter et qu’on refera une échographie dans 1 semaine.
Je refais une prise de sang. Les beta sont à 12000. Donc ça veut dire qu’ils ont triplé en 2 semaines alors que ce taux doit doubler toutes les 48h. Je me rends bien compte que quelque chose ne se passe pas normalement. Et puis j’ai le souvenir des mes premières grossesses et à 8 SA je sais qu’on ne voit pas « rien ». Je quitte la consultation, et dans ma voiture je fonds en larme, je pousse un cri de colère. Je sais que c’est terminé mais je suis loin d’imaginer ce qui m’attend. Je passe la nuit sans problème particulier, mais à mon réveil j’ai des contractions, je perds du sang mais rien d’abondant.
Je me dis que le processus de la fausse-couche s’est enclenché
Je sais que je vais commencer à perdre du sang comme pour des règles. Mais les contractions continuent et les saignements augmentent. Je vais donc prendre une douche et je sens une boule au niveau du vagin, je regarde, je suis sidérée car ce n est pas du sang qui s’écoule, c’est une boule qui est coincée. Je me dis que je dois la faire sortir. Je respire un bon coup et je pousse comme pour mes précédents accouchement. Je me dis « allez tu sais faire ». Je viens d’expulser un sac gestationnel dans ma douche.
Je suis en état de choc, je me sens d’un coup vidée et sonnée de ce qui vient de se produire en l’espace de quelques minutes. Je suis KO, je me couche, en larmes et je m’endors. J’ai perdu pendant 4 jours des membranes et autres tissus embryonnaires. Jamais je n’aurais imaginé que ça se passait comme ça car on en parle peu. L’interne avec les signes cliniques qu’il y avait à l’échographie aurait dû me faire de la prévention sur ce qui pouvait se passer. C’était très animal ce moment, même si la nature fait son travail, se retrouver accroupie à pousser d’un sac embryonnaire ça fait un choc.
Heureusement, suite à ces évacuations qui se sont poursuivies durant 4 jours, j’ai consulté en urgence dans un autre hôpital. La gynéco m’a fait une écho, elle m’a confirmé la fausse-couche spontanée complète. Elle m’a dit « même si c’est triste aujourd’hui, beaucoup de femmes vivent une fausse-couche au moins une fois dans leur vie, c’est une anomalie au moment de la division cellulaire « .
Bien que ça soit banalisé, ça m’a quand même fait du bien de l’entendre. Maintenant j’ai besoin de digérer tout ça et on verra pour la suite. La confiance en soi, en son corps en prend un coup. Mais me dire qu’il n’y avait rien dans ce sac gestationnel me permets d’accepter plus facilement car peut-être que l’embryon n’a même pas eu le temps d’exister et c’est mieux ainsi.
Vous souhaitez publier votre histoire ou vos conseils sur le blog ? Déposez votre témoignage mariage ou témoignage maternité ici.
Esther Benevolo dit
Bonjour Marie,
Merci pour votre témoignage. Merci de poser des mots sur votre vécu et sur celui de beaucoup de femmes. Merci d’oser dire la solitude, le manque de reconnaissance, le bafouement de votre parole. Je tiens à ajouter que ce n’est pas parce que c’est « banal » pour certaines personnes que ça l’est vraiment. Pour vous, comme pour chaque femme qui le vit, c’est une étape de vie qui demande soutien, consolation, présence et chemin de deuil. Je vous souhaite beaucoup de douceur dans ce moment de vie que vous traversez et j’espère que vous trouverez des oreilles plus à l’écoute à l’avenir et qui sauront vous accorder crédit, confiance, bienveillance et soutien. Douces pensées pour vous