Mother Dragon a été élevée par une maman extrêmement possessive, voire toxique, et l’éducation promulguée par ses grands-parents n’étaient pas mieux. Aujourd’hui que la jeune femme est à son tour maman, elle voudrait arriver à des relations plus saines mais en a marre d’être culpabilisée de ses prises de décision. Comment faire ? Voici son témoignage.
{Témoignage} Famille toxique : comment revenir à des relations plus saines ?
Bonjour à toutes !
Je me présente : Mother Dragon.
J’ai 31 ans, mariée depuis 4 ans à mon âme sœur, maman d’un adorable petit garçon de 3 ans et actuellement enceinte de 7 mois d’un deuxième petit garçon très attendu !
Pour faire court : je pourrais faire un témoignage sur le déroulement de mon mariage ou encore ma maternité belle mais pas toujours simple… cependant je suis actuellement en souffrance face à un sujet plutôt tabou, j’ai besoin de vider mon sac et d’avoir un maximum de réactions pour une éventuelle remise en question :
L’amour d’une mère à son enfant a t’il des limites ? Une mère qui aime trop son enfant peut elle en devenir toxique ?
Dans mon cas personnel je vais vous parler de ma relation avec ma mère
Mes parents m’ont conçu très jeune et je n’étais pas vraiment prévue au programme. 4 mois seulement de relations, un père tout juste salarié et une mère qui vivait encore chez ses parents : panique à bord !
Ma mére me racontera avoir vécu une grossesse angoissante, et mon arrivée n’arrangera pas les choses car elle ce retrouvera en dépression post partum.
Voilà de ce que je sais.
Suite à ça une relation fusionnelle va naître : je suis vite devenue son monde et elle le miens.
A telle point qu’elle évitait tout contact avec des personnes extérieures et avec le monde extérieur pour me protéger. Seuls ses parents avaient le droit de créer un lien avec moi, et d’ailleurs ça n’a pas était la meilleure décision car ils se sont avérés être encore plus derrière mon dos, jusqu’à mettre mon propre père à l’écart ! En résumé j’étais surprotégée de tout.
Et puis un jour j’ai eu 3 ans et il a fallu que je rentre à l’école : cela a était le début de mon mal-être.
Ma mére n’était pas prête, moi non plus.
Je me suis retrouvée rapidement coincée dans un engrenage :
Je me suis retrouvée balancée dans un univers qui me semblait agressif, j’avais d’énormes difficultés à tisser des liens avec les autres, avoir des relations amicales… j’étais très renfermée sur moi-même.
J’étais en échec scolaire et cela a entraîné une faible estime de moi même qui m’a suivie toute ma vie. J’étais dans une anxiété maladie, avec la peur des autres, du jugement….
Et le harcèlement scolaire dont je je serai victime au collège ne fera qu’empirer les choses.
J’avais une mère à l’affût du moindre obstacle, dès que je rencontrais une difficulté elle était là. Non pas pour m’aider à la surmonter mais carrément la surmonter à ma place ! Ne me laissant pas le temps de m’affirmer, apprendre à dire non et exprimer une opinion. Si un prof avait le malheur de souligner ce qui n’allait pas, elle réagissait de suite l’accusant de revoir sa pédagogie et de se comporter autrement avec moi qu’avec les autres élèves car je suis une jeune fille fragile.
J’ai vite été cataloguée comme telle et pas seulement par les autres : aussi ma propre famille.
Mes grands parents étaient sans arrêt là pour me rappeler à quelle point je suis faible, si petite, si chétive… en me considérant comme un petit enfant incapable d’avoir une autonomie.
À 14 ans j avais encore droit aux surnoms enfantins, aux gros bisous sur la joue, à me faire caresser les cheveux sans mon consentement, être prise par la main… c’était de l’affection, mais je ressentais cela comme une grande humiliation.
Et le pire du pire : mes frères plus jeunes étaient considérés comme plus mâtures et débrouillards à leurs yeux !
J’appréhendais toujours de les retrouver dans mon salon quand j’invitais le peu de copines que j’avais, et par malheur si ça ce produisait : un gros malaise faisait son apparition me mettant dans une situation vraiment très inconfortable….et honteuse.
Je décide pour la première fois d’en parler à ma mère mais elle ne voyait absolument pas où il y a un problème. J’étais aussi une toute petite fille pour elle, sa petite fille à elle.
C’est de là qu’une immense colère est apparu en moi. Le moindre mot, la moindre caresse me faisait exploser si bien que je reconnais avoir eu des mots blessants envers elle. Je le vivais très mal.
J’étais devenue un monstre alors qu’elle étais une mère si aimante…
Et puis je suis devenue adulte.
C’est à 23 ans que j’ai pris mon indépendance suite à une rupture amoureuse chaotique. J’avais un travail, un appartement, petit, mais qui me correspondait. Quelques temps après je rencontre celui qui deviendra mon futur mari et père de mes enfants. 6 mois de relations, un bonheur immense : je me lance dans les présentations avec mes parents. J’appréhendais car ma mère n’a jamais supporté un seul de mes ex, ma fois cela se passe très bien. Je suis conquise.
3 ans après nous étions mariés, un mariage à la hauteur de mes attentes… mais pas vraiment à ceux de ma mère.
Plus on avançait dans les préparatifs plus je sentais un malaise de sa part. La veille du jour J, lors de la mise en place de la salle elle s’est éclipsée et est rentrée chez elle nous laissant en plan sans que l’on comprenne pourquoi (y compris mon père). Elle m’avouera avoir du mal avec ma belle-mére, je passe outre.
Le jour J, le malaise est de nouveau de retour, mais de mon côté cette fois. Ayant dormit chez mes parents et lui les siens c’est avec elle que je me prépare à cette magnifique journée qui est la mienne. Des préparatifs jusqu’à l’église je me suis retrouvée avec une mère étouffante. Sans arrêt en train de me toucher, m’embrasser, toucher ma robe (avec ma grand mère), me tenir la main limite m’interdisant d’aller voir mes propres invités… elle cherchait à me retenir. J’ai profité d’une faille pour lui échapper, à elle et mes grands parents. Le reste de la journée et soirée s’est merveilleusement bien passé, au dessert nous annoncions un heureux événement : j’étais enceinte de 2 mois !
Et puis je suis devenue maman à mon tour, et notre relation s’est détériorée.
Cette première grossesse s’est relativement bien passée et je dois avouer que cela m’a rassurée de savoir ma mère présente pour répondre à mes questions.
Un soir je perds les eaux : direction la maternité. Je ne peux l’expliquer mais j’ai eu ce besoin d’en informer ma mère, j’aurais peut-être mieux fait de m’abstenir…
Le travail était long, très long , mon col ne voulait pas s’ouvrir. Au bout d un moment, sous l’accord de la sage femme mon mari s’est absenté pour rentrer se changer (il était au travail quand je l’ai prévenu) et également faire un peu de rangement dans la maison car nous sommes partis précipitamment.
C’est avec une grande surprise que je le vois revenir… accompagné de ma mère !
Il l’a retrouvée en panique sur le parking de la maternité.
J’aurais du être contente mais ce c’était pas le cas, moi qui voulais vivre ce moment intime rien que nous deux, c’était loupé. En plus pile au moment où les premières contractions firent leur apparition ! Elle a tout de suite pris la place de mon mari, me rassurant alors que je n’en avais pas besoin ! Je voulais juste qu’elle parte ! Elle avait les larmes aux yeux à me voir pliée en deux, dans ma tête je criais au secours ! Finalement elle n’est restée qu’une petite heure.
L’accouchement a été long mais s’est très bien déroulé. Mon fils est magnifique, ça y est je suis maman !
Et de là une cassure est née également.
Ma mère est une grand-mère aimante, mais la relation qu’elle entretient avec mon fils me met mal à l’aise… je me rend compte qu’elle reproduit un peu le même schéma mais encore d’une autre façon :
quand nous allons chez mes parents il n’y en a que pour mon fils, nous n’existons pas. Tant mieux dans un sens.
Elle ne me parle pas, ne nous calcule pas… et commence à être de plus en plus distante avec moi. Je ne comprends pas trop ce changement d’attitude soudain mais accepte la situation comme elle est sans me poser de questions.
Puis au fil du temps elle me fait comprendre que mon mari dérange
En gros s’il ne vient pas aux repas de famille ce n’est pas plus mal, voir mieux. Je suis blessée mais pareil j’accepte la situation sans trop poser de questions.
Puis elle commence à critiquer mes beaux-parents, leur manière d’être, de se comporter avec elle et avec moi. Elle souhaite remettre ma belle-mère à sa place… ce que je refuse ! Ma belle-mère n’est pas parfaite mais je ne veux pas que ma mère s’immisce dans ma vie, si j ai un problème je veux le résoudre moi-même.
Un froid s’installe et ma mère qui était toujours présente devient limite inexistante et jamais disponible pour nous rendre service.
Elle vit mal le fait que mon fils passe plus de temps chez ses autres grands-parents et me le fait savoir en se victimisant, mais en même temps quand j’organise quelque chose elle et mon père ont toujours une excuse pour ne pas venir… je comprendrai plus tard que c’est la présence de ma belle-famille qui gène.
C’est une fois de plus mes grands-parents qui vont tout faire exploser.
Des grands-parents qui ne se sont jamais remis en question et j’en suis arrivée à les détester.
Depuis le mariage je ne compte pas le nombre de remarques que j’ai du me prendre entre les « tu es grosse, tu t’alimentes mal depuis que tu es avec lui« , « tu fais souffrir ta mère« , « tu fais n’importe quoi… » et j’en passe… pas un mot de remerciements pour le mariage ni pour le baptême de mon fils par contre il fallait que je sois reconnaissante envers mes parents (alors que c’est mon mari et moi qui avons organisé les deux événements ?).
Au baptême de mon fils mon grand-père a été horrible, et ne m’a jamais fait autant honte en se mettant en scène, forçant ma belle famille à applaudir mon père car c’est à lui qu on devait cette journée (?), manquant de respect envers les grands-mères de mon mari… bref c’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.
Plus ma deuxième grossesse qui est mal accepté, s’en est trop !
J’en parle à ma mère, tout part en live, et elle aussi.
Elle me balance une tonne de reproches qui selon moi sont injustifiés, pour elle je suis monstrueuse : prendre mes distances avec mes grands-parents alors qu’ils sont agés et ont toujours étaient là pour moi. Selon elle je suis devenue pédante, je me fais manipuler par ma belle-famille et j’ai honte de ma famille … ce qui est faux !
Je m’invente des souffrances car une personne qui aime ne peut pas faire de mal et surtout elle a bien su me mettre dans les dents que je lui fais du mal.
Elle finit par dire cette fameuse phrase : « ta famille c’est nous, pas les autres et pas celle que tu as avec ton mari« .
Si mes grands-parents sont ne sont pas invités au baptême de mon deuxième fils elle ne viendra pas.
Et voilà où nous en sommes.
Alors je me pose une question : suis-je vraiment une fille ingrate face à une mère débordante d amour ?
Un amour peut-il détruire une personne ?
A savoir que je suis obligée de suivre des thérapies pour combattre mes démons et avoir enfin une revalorisation de moi-même. Et ne pas sombrer dans une dépression.
J’aimerais pouvoir discuter mais je ne sais pas comment faire ni comment me faire comprendre.
Je suis perdue, je ne veux pas la perdre mais je veux aussi être maître de mon destin.
En tout cas merci de m’avoir lue.
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fauchoix dit
Bonjour,
Je viens de lire votre témoignage et vous avez beaucoup de lucidité sur le comportement de votre mère et de vos grands parents. Je ne pourrais que vous conseiller de prendre des distances car avec le temps les choses ne s’arrange pas avec ces comportements.Les enfants grandissent et peuvent se retrouver au coeur des brouilles non résolues des adultes. Protégez vos enfants des problèmes passés qui n’ont pas été réglés. Tôt ou tard cela revient sur le tapis et malheureusement ce genre de mère possessive et manipulatrice n’a en général jamais consulté et cela s’aggrave avec l’âge. De mon côté j’en ai fait les frais, mon fils vit avec elle depuis 2 ans, elle l’a monté contre moi et a attendu qu’il est 18 ans pour me diaboliser encore plus avec l’aide de mon frère qu’elle a aussi manipulé depuis enfant. Il n’y a rien à faire avec ces mère là, il faut les laisser seule et lâcher prise de notre passé sinon elle nous dévore jusqu’au dernier. Je vous souhaite le meilleur pour vous et vos enfants. Tenez bon. Ca vaut le coup.
Berenice dit
Bonjour,
Votre témoignage m’a beaucoup touchée. Il m’a fallu des années pour commencer à comprendre ce que vous exprimez.
NON vous n’êtes pas ingrate ! Le rôle des parents (et de la famille en général) est d’aider un enfant à cheminer vers l’autonomie et à se construire sa propre vie : pas une extension de celle de ses parents ou la vie que ses parents ont imaginée pour cet enfant. Vous n’avez rien de faible : vous avez construit un foyer et vous avez le courage de prendre soin de vous en suivant une thérapie, et celui de poser des limites. Si vous ne le faisiez pas, la situation finirait par exploser tôt ou tard (et je sais malheureusement de quoi je parle). Je vous souhaite beaucoup de courage.
audrey dit
Bonjour,
en lisant votre témoignage, je ne vous trouve pas du tout ingrate, au contraire, et c’est très bien que vous vous rendez compte que votre famille est toxique, et vous étouffe, car il y a de l’espoir que vous ne reproduisez pas la même chose avec vos enfants!!
Mais bien sur que votre famille est celle que vous avez construite avec votre mari, la phrase de votre maman qui dit que votre famille c’est elle et vos grands parents uniquement, ca fait très toxique!! et si votre maman ne passe pas du temps avec ses petits enfants car votre belle famille est présente, tant pis pour elle, elle se punit toute seule!!!!!
Je vous souhaite du courage pour affronter votre famille, et du bonheur pour la suite!!!
Virginie dit
Bonjour,
J’ai été comme vous, un peu dans le flou pendant des années à me remettre en question et à étudier le comportement de mes parents (pour savoir si le problème c’était moi)
Je pense que si un enfant reproche qql chose à son parent, il lui doit de l’écouter car c’est rarement sans raison qu’on arrive à des situations pareilles.
Personnellement, j’ai essayé de nombreuses fois de mettre les chose à plat avec ma mère et elle ne s’est jamais remise en question. Donc pour mon bien être j’ai coupé totalement les ponts et je me sens beaucoup mieux
Je vous souhaite beaucoup de courage dans ce cheminement
Agnès dit
Un bon parent c’est une personne qui fait en sorte de rendre son enfant indépendant pour faire face à la vie. Je suis toujours la petite fille de ma mère (j’ai 3 grands frère donc j’ai un statut un peu spécial) et elle a encore du mal à se dire que je suis maman mais elle est fière de la femme que je suis devenue et c’est bien une preuve d’amour. Etouffer son enfant n’est pas une preuve d’amour, c’est un manque de confiance en lui. Vous avez raison de suivre une thérapie et de remettre votre famille en question. Il faut suivre votre chemin. J’ai l’impression que votre père est très en retrait et qu’il ne s’affirme pas non plus.
Ma mère a aussi une relation traumatique avec sa mère mais pour les raisons inverses. Elle était l’ainée de 4 filles et a beaucoup dû prendre la place de maman, ma grand-mère n’assumant pas son rôle de mère. Ma grand-mère était de cette génération des années 20, il fallait que tout soit impeccable dehors mais par contre dedans… Ma mère a beaucoup souffert de n’avoir aucune reconnaissance de sa mère, que du dénigrement, elle a toujours cherché son amour. Elle a fait une dizaine d’année de thérapie pour ne plus chercher cet amour chez elle. De même mon grand-père était « soumis », il était gentil mais je lui en ai toujours voulu de ne pas avoir protégé ma mère.
Trop d’amour ou pas assez d’amour, ce n’est pas ça qui fait des enfants confiants et équilibrés. Vous avez tout à fait raison de vous rebeller et de dire que ce n’est pas normal. Ne cherchez pas à les changer, vous allez vous épuiser pour rien. Votre famille c’est votre mari et vos enfants, les autres sont des satellites et certains méritent d’être plus loin que d’autres.