40 ans de vie commune, un quotidien construit ensemble, des enfants, des petits-enfants… et pourtant, lorsque notre lectrice a commencé à parler union légale, la réponse a été claire et précise : pas de mariage ! Elle témoigne sur son incompréhension face au refus de son conjoint.
{Témoignage} Une vie ensemble et pas de mariage possible
Bonjour à tous,
Cela fait maintenant 40 ans que je partage ma vie avec mon compagnon. Ensemble, nous avons construit une famille, élevé trois enfants et accueilli deux petits-enfants. Une vie riche, pleine de souvenirs, de complicité, et pourtant, un sentiment de vide persiste, un vide qui s’est accentué avec le temps et dont je souhaite parler ici anonymement.
Le poids de son refus
En 2021, un peu par hasard au détour d’une conversation avec mon conjoint, j’ai évoqué l’idée potentielle du mariage et de me marier avec lui. Ce n’était absolument pas une demande officielle, juste une pensée que je partageais avec lui, malheureusement, sa réponse a été immédiate et sans équivoque : un « non » ferme, presque brutal et que j’ai tout de suite compris comme être une opposition définitive. Ce n’était pas un simple refus poli ou hésitant, mais un véritable « non », celui qui sort du fond du cœur, un rejet total de cette possibilité de s’unir tous les deux.
Évidemment, j’ai été profondément blessée. D’ailleurs, ce n’est pas tant le refus en lui-même, mais la manière dont il a été exprimé. C’était comme si, pour lui, cette idée était inconcevable, presque absurde. J’ai senti à cet instant que ce refus ne venait pas seulement de lui, mais qu’il portait en lui les mots et les convictions de quelqu’un d’autre : sa mère.
L’ombre de sa mère dans le refus de se marier
Depuis toujours, sa mère a été opposée à l’idée de notre mariage. Pendant des années, elle a su imposer ses arguments, si bien que même moi, à une époque, j’étais convaincue qu’elle avait raison. Elle avait cette capacité à manipuler les choses, à faire croire que son opinion était la seule valable, et l’une des raisons principales de son refus tenait à la maison. Cette maison qui appartenait à ses parents et dont mon compagnon est aujourd’hui le seul propriétaire. Pour elle, le mariage signifiait une intrusion dans ce patrimoine familial. Elle ne supportait pas l’idée que je puisse un jour avoir des droits sur cette maison.
Une autre raison, tout aussi marquante, était son refus catégorique que je porte le même nom de famille qu’elle. Cette idée la répugnait, comme si cela portait atteinte à son identité ou à celle de son fils.
Avec le recul, je me rends compte à quel point elle a influencé mon compagnon. Ses mots, ses idées, son mépris presque palpable envers moi, tout cela s’est inscrit profondément en lui et en fait devenir notre avenir incertain selon moi.
Sa mère est décédée en 2023, mais son influence persiste. Aujourd’hui encore, il parle d’elle, cite ses arguments comme s’ils étaient les siens. Depuis son décès, je n’ai plus reparlé de mariage. Pourtant, le sujet me hante, car il ne s’agit plus seulement d’un symbole ou d’un rêve, mais d’une réalité juridique.
En effet, je suis inquiète pour mon avenir. Mon compagnon, unique propriétaire de la maison, envisage de faire un testament pour léguer l’intégralité de ses biens à nos enfants. Pour lui, c’est une évidence : il doit protéger ses enfants. Mais il ne réalise pas ce que cela signifie pour moi. Si je lui survie, je pourrais me retrouver sans rien. Sans maison, sans sécurité, après une vie entière passée à ses côtés et beaucoup d’amour (parce qu’outre l’histoire du mariage, pour passer 40 ans avec quelqu’un il faut forcément beaucoup d’amour !). Donc, au-delà de l’amour ou des traditions, le mariage est une protection, un cadre juridique qui assure une sécurité à celui ou celle qui reste.
A ce jour, je n’en parle plus avec lui, mais je suis à l’écoute de vos conseils sur ma situation si vous en avez !
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Bonjour,
Votre compagnon n’a pas besoin de rédiger un testament en faveur de ses enfants puisque ce sont ses héritiers. En revanche, si vous n’êtes ni pacsés ni mariés, à son décès à lui, la maison reviendra aux enfants qui eux, peuvent vous mettre littéralement à la rue (même si ce sont des enfants communs – a fortiori s’il y a un enfant non commun).
Le conseil que je vous donne, en ma qualité de juriste : pacser vous et faites faire à votre compagnon un testament qui vous permettra d’avoir un droit d’usage et d’habitation à vie / l’usufruit sur la maison, en cas de prédécès de votre compagnon. La nue-propriété reviendra aux enfants et la pleine propriété se reconstituera sur leurs têtes à votre décès. Cela a pour avantage :
– de vous transmettre quelque chose sans droits à payer au Trésor Public (les partenaires pacsés sont fiscalement considérés comme conjoints); si votre compagnon fait un testament en votre faveur (en l’absence de PACS), il faudra acquitter 60 % de droits car juridiquement, vous êtes des étrangers l’un pour l’autre;
– de trouver un bon compromis entre son refus catégorique de se marier et la nécessité de vous protéger juridiquement vous; à ce sujet, le fait que la maison soit à lui n’empêche absolument pas le mariage. Il faudrait une clause d’entrée en communauté pour que la maison tombe dans la communauté…. et rien ne vous empêche de vous marier sous un régime séparatif.
– de ne pas désavantager ses enfants (le seul « désavantage » c’est qu’ils devront attendre votre décès pour vendre la maison, ou du moins, nécessiter votre accord pour le faire).
Courage à vous. Ce n’est pas une situation simple pour vous, et à titre purement personnel, je vous trouve très courageuse d’être restée avec un homme dont la mère ne vous aimait pas et qui fait peu de cas de votre protection à vous.
Les 2 raisons ne sont plus valides. Elle est décédée donc le nom que vous portez lui importe peu. De plus ce n’est pas une obligation de changer et après 40 ans, ce n’est peut-être plus ce que vous désirez. Et puis l’héritage qu’il a reçu avant le mariage est bien le sien et ne sera pas le vôtre, uniquement ce que vous recevrez pendant le mariage, et selon le contrat de mariage choisi. En revanche pour le patrimoine monétaire, c’est là que vous serez protégée. Vous n’êtes pas obligé de vous marier si d’autres solutions sont mises en place. Par exemple vous pouvez devenir bénéficiaire de son/ses assurance vie si vous avez pu mettre de l’argent de côté.
En tout cas une bonne discussion s’impose pour lui montrer la précarité dans laquelle vous serez s’il décède. S’il vous aime aussi fort que vous dîtes, il vous écoutera.
Votre conjoint peut être opposé au mariage, pour autant il paraît indispensable de protéger la personne qui partage sa vie. A t’il bien réalisé que vous pourriez effectivement vous trouver sans droit sur le domicile s’il décède avant vous ? La maison dont il a hérité reste de toute façon un bien propre, mariage ou pas. Il faut prendre conseil auprès d’un notaire.
Bonjour,
Je vous conseille le livre « parents toxiques, comment échapper à leur emprise » ça traite de ce sujet après il faut voir si votre mari est prêt à travailler sur lui. Je comprends totalement votre sentiment et c’est dur de ce dire que tout ça est dû à une mère toxique et que votre mari vous fait du mal. Non pas en vous disant non au mariage mais avec tout ce qu’il y a autour.
Je vous conseille la lecture du livre le « Genre du Capital » ou alors sa version en bande dessinée « le prix à payer » qui décrit parfaitement votre situation. Faites-le lire à votre conjoint. Vous avez parfaitement raison, la question juridique est centrale. La « liberté » de concubinage s’est accompagnée d’une précarisation malheureusement et nos grands-mères avec la communauté de biens étaient mieux protégées que nous.