Carole est en pleine dépression post-partum. Difficile pour elle de voir le bout du tunnel. Saurez-vous trouver les mots pour lui remonter le moral (et celui de toutes celles dans le même cas qui tomberaient sur cet article) ? Voici son témoignage.
{Témoignage} Comment sortir de ma dépression Post-partum ?
Nous avons commencé les essais bébé avec mon compagnon en 2011. Malheureusement en 2012, après 11 semaines de grossesse, j’ai fait une fausse couche. En 2014, je tombe à nouveau enceinte mais après 3 semaines je fais à nouveau une fausse couche. A noter qu’en 2010, avec mon ancien compagnon j’avais déjà fait une fausse couche à 4 semaines. Donc au total cela fait 3 fausses couches. Je n’y croyais plus. Puis en 2014 je subis une hystéroscopie opératoire pour « utérus cloisonné » et en septembre 2015, je retombe enfin enceinte, par Insémination artificielle. Le bonheur. Un début de grossesse « normal » avec des nausées et de la fatigue mais ça pouvait aller. Sauf qu’en janvier 2016, à 24 SA, on me détecte un problème à l’utérus qui engendre un risque d’accouchement prématuré. Je suis restée à l’hôpital alitée de fin janvier à début avril sans pouvoir me lever. Un cauchemar. Moral à zéro, à pleurer tous les jours etc… Sans parler de la peur de perdre à nouveau ce bébé. Heureusement que mon compagnon venait me voir tous les jours, sinon je n’aurais pas tenu. Après avoir reçu l’accord de mon médecin pour rentrer chez moi à 33 SA, je reviens à l’hôpital 3 jours après car la poche des eaux s’est rompue. Rupture a 22h30, césarienne a 00h15. Je n’ai rien vu. Vu la prématurité de mon bébé, il part directement en couveuse et il y restera pendant au moins 3 semaines. Je suis restée à l’hôpital pendant 12 jours (je voulais allaiter mais j’ai eu un autre problème physique qui m’en a empêché). Au bout d’une semaine, j’ai eu une crise d’angoisse alors que j’étais encore à l’hôpital. D’un coup, j’ai été paralysée dans ma tête et dans mon corps, j’avais des pensées délirantes voir incohérentes (je n’arriverais jamais à m’occuper de mon fils, c’était trop de responsabilités , etc…) je ne pouvais plus passer la porte de la néonat sans avoir des nausées et de la diarrhée. Les sages femmes m’ont rassurée et m’ont dit que c’était un baby-blues, rien de plus normal. Ça a duré une journée. Ensuite ça allait mieux mais j’avais toujours une boule au ventre, la gorge serrée et quand j’allais voir le petit, je lui donnais les soins mais je sentais bien au fond de moi que le lien avait du mal à naître. Je suis rentrée chez moi après 12 jours pour faire ensuite les aller-retours à la Neonat. Le petit est rentré à la maison avec nous fin avril. Je dirais que tout se passait plutôt bien au début. Il mangeait bien, grossissait bien, aucune colique, juste des pleurs de faim. Un ange. Bon on était fatigués avec les nuits courtes, mais lui allait bien, ce qui était le plus important. Mais pour moi, c’était différent. J’avais toujours cette boule dans le ventre, et il était difficile chaque matin d’entamer la journée. Dès que la journée ne se passait pas comme la veille, dès qu’une petite chose changeait (heure de sieste, heure de biberon décalé) je me sentais mal, angoissée, paniquée. Dès que j’ouvrais l’œil tout me paraissait insurmontable : donner un biberon, le changer, le promener, jouer… Bref l’horreur. Et c’est le fameux 4 juillet que tout a basculé. Le petit a trop dormi à mon goût l’après-midi et j’ai commencé à angoisser (mais pourquoi dort-il autant ? C’est pas normal etc…) sauf que cette fois c’est devenu obsédant au point que j’étais à nouveau paralysée dans ma tête, mon corps, impossible de respirer, envie de vomir, diarrhée, fourmillements… Et des pensées incontrôlables et extrêmement rapides : je deviens folle, on va m’interner, mon compagnon va me quitter etc… j’étais en ENFER et je vous assure que je n’exagère pas. Ça a duré 6 longues heures interminables. Le lendemain, je ne sais même pas comment j’ai fait pour m’occuper de mon bébé. Machinalement sans doute, sans envie, et avec la peur que la crise revienne. Direction mon médecin en urgence qui m’a dit sous antidépresseurs et anxiolytiques, il m’a également prescrit des séances chez le psy. Je trouvais que j’allais mieux jusqu’au moment de partir en vacances. Je pensais positif, j’avais retrouvé un peu ma joie de vivre (je suis très très joyeuse à la base). Bref ça n’allait pas trop mal. Par contre j’avais toujours ces mini angoisses du matin : que vais-je faire avec le petit ? Comment le distraire etc… J’avais hâte de le mettre à la sieste et que mon compagnon rentre le soir, je n’en pouvais plus des journées seule avez bébé. J’ai tenu bon jusqu’aux vacances mais dès qu’on est arrivés, ça a été la catastrophe, des difficultés d’adaptation, lui qui était un ange, il s’est mis à râler tout le temps et à ne plus faire ses siestes. Donc maman n’a même pas pu lire un magazine des vacances. Et le pire c’est que j’avais toujours un peu de nostalgie de ma vie d’avant depuis la naissance mais en vacances ça s’est amplifié : je n’ai pas profité une seconde de mes vacances. Je n’avais que le bébé en tête et chaque chose que je voyais me rappelait ma vie d’avant : un couple qui prend un verre en terrasse, une personne qui court le matin etc etc…. C’est devenu une obsession si bien que parfois je restais prostrée en marchant dans mon coin et je n’arrivais plus du tout à parler à mon compagnon tellement ce sentiment de tristesse était si intense. Ou bien je restais des longues heures dans notre chambre à pleurer. Mon compagnon est très compréhensif, il sait que je ne vais pas bien et m’épaule comme il peut le pauvre mais malgré tout je me sens si seule. C’est un combat de tous les jours. J’ai contacté mon médecin qui m’a augmenté mes doses d’antidépresseur. J’ai hâte que quelques jours passent pour voir s’il y a des résultats. Voila j’en suis là, il y a des jours durs et d’autres encore plus mais des jours très bien, ça fait bien longtemps que je ne sais plus ce que c’est. Je ne vois pas le bout du tunnel. Je reprends le boulot dans quelques jours. J’ai entendu dire que reprendre une vie sociale aide beaucoup par rapport à la dépression. J’espère que c’est vrai, j’ai hâte de reprendre du coup. J’aime mon fils mais parfois je me demande si je suis vraiment faite pour être mère… Je ne sais pas, j’ai tellement de questions en tête… on me disait « tu verras avec les interactions avec ton bébé ça ira mieux » alors c’est clair que ses sourires me comblent de bonheur mais j’ai toujours l’impression d’attendre une étape de lui si bien que je ne profite pas du moment présent. Je me projette trop dans l’avenir avec l’espoir qu’en grandissant ça aille mieux, qu’il y ait plus de liens, que je comprenne plus ses besoins etc… cet enfant était tellement désiré, j’aimerais comprendre ce qu’il m’arrive… Si vous aussi vous avez vécu cette expérience svp dites moi que ça va mieux maintenant et que vous vous en êtes sorti, j’en ai besoin !!
Vous souhaitez publier votre histoire sur le blog ? C’est ici que ça se passe.
Davion dit
Bonjour, comment avoir des nouvelles de la maman qui a témoigner ? Je suis exactement dans son cas aujourd’hui et j’ai peur..
Bonsignore dit
Bonjour je suis la maman qui a témoigné . Je suis désolée de la réponse tardive mais je suis retombée par hasard sur mon récit (avec beaucoup de nostalgie.) j’espère de tout cœur que vous allez mieux depuis septembre dernier… Si ce n’est pas le cas, envoyez moi un e-mail. Je suis là .
nina dit
bonjour,
vous vous en etes sorti au bout de combien de temps??
je suis dans la meme situation j’ai repris le travail mais des que je pense que je vais etre seule avec mon bebe l’angoisse ressurgit. en sachant que c’est mon deuxieme.
je suis sous antidepresseur et anxiolityque
Bonsignore dit
Bonjour ,En tout, en comptant le début de la prise d’antidépresseur et anxiolytique, je me suis sentie mieux au bout de 4 mois mais j’ai été vraiment complètement guérie au bout de 1 an. Cela va passer surtout que c’est votre deuxième. Aviez vous eu ceci avec votre 1er enfant ?
Julie dit
Bonjour,
Je viens de tomber sur votre témoignage et je retrouve les difficultés, angoisses de ma compagne dans votre récit.
Après un bébé tant attendu (3 ans de PMA, une grossesse et un accouchement difficile), elle a aujourd’hui beaucoup d’angoisses et a peur de se retrouver seule avec notre fils.
On vient de lui prescrire des antidépresseurs et des anxiolytiques.
Avez vous d’autres conseils pour que cela passe ? Nous essayons de garder, une vie sociale, de discuter un maximum, de rester entourée par la famille.. je ne sais plus quoi faire d’autres .
J’espère que vous verrez mon message ou que quelqu’un d’autre pourra m’apporter une réponse..
Julia dit
Bonjour Carole,
Je pense que les antidépresseurs traitent plus les symptômes que les causes du problème, donc cela pourrait être bien d’associer cette solution avec autre chose… C’est une bonne idée que ton médecin te propose d’aller voir un psy, avec tout ce que tu as vécu par le passé et ce que tu vis actuellement, cela pourra t’aider de parler de tout ça à quelqu’un d’extérieur à ton cercle familial/amical.
As-tu également pensé à la médecine douce comme l’acupuncture par exemple ? Certaines mutuelles remboursent les séances. Cela m’a beaucoup aidé pendant des périodes d’angoisse. L’acupuncture est connue pour réduire notablement le stress et fonctionne aussi pour pleins d’autres difficultés. Si tu n’aimes pas trop les aiguilles il y a d’autres possibilités que je connais moins bien comme la sophrologie par exemple.
Même si tu n’en n’as pas forcément envie pour le moment, peut être pourrais-tu faire une activité rien que pour toi chaque semaine ? Si ton conjoint est disponible pour garder votre enfant par exemple, un sport comme de la marche, du yoga, de l’aquagym où bien une activité créative/artistique à l’extérieur pourrait te permettre de t’occuper de toi, de retrouver un peu ce qui te manque de ton ancienne vie. Tu peux y aller seule si tu préfères ou bien avec une amie, une proche…
Enfin, il y a également des groupes de soutien qui existent ou les mamans se regroupent pour discuter de leurs ressentis et expériences. Cela peut faire énormément de bien de discuter avec des personnes qui vivent la même chose que toi et des professionnels qui partagent leurs conseils. Peut-être que ton conjoint, ton psy ou une sage-femme peuvent t’aider à en trouver un près de chez toi.
Bon courage ma belle.
Le_putois dit
Je suis toujours triste de réaliser le nombre de mamans qui vivent ça… j’ai eu aussi une dépression post partum, avec plus ou moins les mêmes réflexions que toi : le regret de ma vie d’avant, l’envie que mon nain dorme pour pouvoir être tranquille quelques minutes et me reposer, et la perte de toute ma belle joie de vivre. Ça a duré en gros un an. Les 6premiers mois ont été très difficiles, et j’ai tout doucement remonté la pente les six mois suivants en trouvant progressivement des solutions, des changements pour que ça aille mieux. Le papa s’est plus investi, en allant se promener avec notre fils le weekend pour que j’ai des journées entières à moi toute seule. Ma maman est venue souvent à la maison pour m’aider. Et puis mon tout petit a grandi. Je n’ai pas un bon souvenir de la toute petite enfance, quand l’enfant est totalement dépendant de ses parents. Le gazouillage, les sourires, la diversification, le 4 pattes, la marche, les premiers mots. Chaque étape m’a rendu les choses plus faciles avec lui. Vraiment.
Sois patiente envers ton bout de chou et envers toi même. Ça prend du temps pour se remettre d’une telle dépression mais ça viendra, j’en suis convaincue. Fais toi aider le plus possible. Et laisse le temps au temps de guérir toutes ces blessures.
Je t’envoie un milliard de bisous pour la tendresse et une tonne de courage pour le reste.
Lucie dit
Mon expérience est sans rapport avec la vôtre : un bébé moins attendu (et donc, j’imagine, moins idéalisé), une grossesse sans réels problèmes de santé (à l’exception d’importantes nausées au premier trimestre et d’un col très ouvert à 6 mois de grossesse me contraignant à prendre pas mal de précautions), une bébé plutôt cool (sans RGO même si on a eu le droit à l’allergie aux protéines de lait de vache avec hospitalisation et placement sous respiration artificielle)… Et pourtant, certaines de vos phrases me parlent tout à fait : l’épuisement, la hâte que mon mari me rejoigne le soir, l’envie que mon bébé dorme à tout prix…
Mais, si ça peut vous donner un peu d’espoir, mon retour au travail, pour les trois mois de mon fils, m’a appris à apprécier à leur juste valeur chaque moment passé avec mon fils. Je savoure désormais chacune des secondes passées avec lui et il nous le rend bien : sourires, éclats de rires quand il nous voit arriver le soir, etc… Et, en parallèle, je passe des heures « au calme », entourée d’adultes, je fais les magasins le midi, j’ai quelque chose à raconter le soir… Et je crois que ça m’avait manqué !
J’aime mon fils plus que tout au monde, mais pour lui exprimer au mieux tout ce que je ressens pour lui et lui offrir le meilleur de moi-même, j’ai eu besoin de veiller avant tout à mon propre épanouissement…
Bref, pensez à vous, prenez soin de vous pour prendre soin au mieux de votre bébé et ayez confiance en l’avenir !
chavin dit
C’est une période très difficile et il est compliqué, dans ces périodes, de se raisonner et d’avoir les idées claires. A la lecture des commentaires, tu peux constater que TU N’ES PAS LA SEULE à ressentir ces angoisses, ce mal-être. A être nostalgique de ta vie d’avant et à en arriver à te demander si tu étais finalement faite pour être mère. Beaucoup d’entre nous passent par là et hélas, ce n’est pas assez médiatisé. Tout le monde idéalise la grossesse et la naissance et oublie (ou évite de mentionner) les moments vraiment difficiles.
Il y a un immense décalage entre ce qu’on imagine quand on attend un enfant (d’autant plus quand il a été difficile de tomber enceinte) et ce qu’on vit quand il est là : la fatigue, les hormones (elles sont vraiment dure à gérer celles là !) et surtout le changement brutal de vie nous bouleversent.
Je peux seulement te dire que je suis passée aussi par là et que un et demi après, la vie est belle. Oui on retrouve notre joie de vivre, oui on devient de vraies mamans heureuses de jouer ce rôle, oui l’angoisse disparaît et on est même capables de refaire des choses qu’on faisait « avant »… Mais la période est plus ou moins longue en fonction des situations. En attendant, courage !
Mathilde dit
Ton témoignage est bouleversant… il montre toute la difficulté de devenir mère…
Malheureusement je n’ai pas vécu cela donc je ne pourrais pas t’aider sur ce point. Je t’envoie tout mon courage et te souhaite que d’ici quelques temps ce ne soit plus qu’un lointain souvenir. Ta vie avec ton enfant ne se résumera pas uniquement à ce passage quand tu regarderas en arrière dans quelques années. Courage…!
maria dit
Je te souhaite beaucoup de courage et de patience pour affronter cette épreuve.
Je pense en effet que la reprise du travail ne pourra que t’aider car tes journées ne seront plus centrées sur ton bébé mais un peu plus sur toi. Le voir moins pourra ausi t’aider à mieux profiter des instants que tu passes avec lui, ils seront plus précieux.
Je pense aussi qu’il est important que tu te ménages du temps pour toi et pour ton couple.
Pourquoi ne pas faire du sport le week end pendant que monsieur s’occupe du bébé ou aller à la bibliothèque ou voir une copine ?
Et ne pouvez vous pas confier le bébé de temps en temps à votre famille ou à des amis pour vous faire un resto en tête à tête ou un ciné, une promenade…
Bonne chance avec l’avenir.
lullibee dit
Bonjour
Je te comprends totalement, même si je n’ai pas exactement la même histoire j’ai eu une fin de grossesse très difficile (hospitalisée à 30 SA j’ai enchainée complications sur complications, les hospitalisations, l’HAD 3 fois par semaine qui m’envoyait aux urgences quasiment une fois sur deux, pour finir par un déclenchement en urgence à 37SA pour pré éclampsie sévère)et un travail qui a duré presque 3 jours. Autant dire qu’après l’accouchement j’étais rincée mais bêtement je me suis dit que le pire était derrière moi.. Erreur, avec la fatigue, l’allaitement difficile d’une petite crevette de 2kg et le RGO (ahhha mais qu’elle horreur) puis l’allergie aux protéines de lait de vache, j’étais à bout, je pleurais tout le temps, je ne supportais plus de m’occuper de ma fille, je me demandais chaque jour comment j’allais tenir la journée… dès que ma fille pleurais (que dis-je hurlais) de douleur (RGO oblige) je me mettais à pleurer et j’étais incapable de m’en occuper.. j’en venais à regretter d’avoir eu ce bébé pourtant désiré. Je me disais que c’était une erreur et j’aurai tout donné pour revenir à ma vie d’avant…
Bref l’enfer. Heureusement j’ai eu un mari très à l’écoute qui a tout fait pour m’aider et une maman disponible qui passait beaucoup de temps avec moi et le bébé dans la journée sinon je n’aurai pas tenu je crois … J’ai repris le travail avec beaucoup d’angoisse (ma fille ne faisait toujours pas ses nuits et on levait en moyenne 10 fois par nuit avec mon mari..)mais je dirai que le temps a fait son œuvre…
Aujourd’hui elle a 5 mois et même si ce n’est pas toujours facile, c’est le jour et la nuit. Je me demande ce qu’on arrivait bien à faire sans elle, je l’aime plus que tout et chaque jour je me presse pour partir du travail pour la retrouver…
Alors oui c’est dur, on en voit pas le bout mais promis ça finit par passer. Je sais que c’est long mais il faut être patient et surtout se faire aider par l’entourage.
bon courage!