En décembre dernier, Elodie avait témoigné pour raconter le « début » de sa fausse-couche tardive (à relire ici), à plus de 4 mois de grossesse. Aujourd’hui elle vient vous raconter l’accouchement. La mise au monde de son bébé malheureusement décédé. Cet article a vraiment pour vocation d’expliquer aux mamans qui passeraient par cette douloureuse épreuve son déroulement. Car dans ce genre de moment où l’on se sent très seule, on a besoin d’être accompagnée. Voici le témoignage d’Elodie.
Accoucher d’un bébé décédé in-utéro
Bonjour à toutes les lectrices,
Vous avez pu prendre connaissance de l’annonce du décès de mon bébé in utero courant décembre dernier, via un témoignage sur ce blog.
Voici comment l’accouchement s’est déroulé.
J’étais enceinte de 16 semaines
Mon gynécologue nous a expliqué comment ça allait se passer et nous a laissé le choix : provoquer l’accouchement le lendemain ou après le week-end.
Pour moi le choix était sans appel, je voulais que ça se fasse au plus vite. Porter mon bébé mort était insupportable.
Nous n’avons rien eu à faire si ce n’est prendre un médicament (pour faire tomber les hormones de grossesse) et rentrer chez nous. Il nous a donné rendez-vous le lendemain matin au bloc accouchement. Il s’est occupé de tout : démarches administratives ect…
Le lendemain à 6h je me présentais donc aux urgences, j’étais attendue en salle d’accouchement. Traverser l’hôpital, nous annoncer à la maternité, rejoindre la salle d’accouchement, avec mon petit ventre de 4 mois, mon bébé déjà parti, fut un supplice.
L’anesthésiste a posé directement la péridurale
J’étais surprise car je pensais que ce serait plus tard, comme pour l’accouchement « normal » de ma fille. Elle m’a expliqué que c’était pour que je ne souffre pas de l’ouverture de col médicamentée et que c’était déjà assez difficile comme ça, qu’ils faisaient tout pour limiter mes souffrances. Puis s’en sont suivies des poses de médicaments sur le col pour provoquer la dilatation. Quatorze heures.
Quatorze heures durant lesquelles nous avons pleuré, j’ai fait de la fièvre, j’ai tremblé, j’ai déliré à cause de la fièvre, j’ai voulu tout arrêter, qu’on m’endorme et qu’on me le sorte sans conscience… Mais aussi quatorze heures durant lesquelles l’équipe de sages femmes nous a entourés, soutenus, consolés. Les sages femmes m’ont apporté des couvertures quand je tremblais suite à la péri, des glaçons de jus de pommes quand j’avais la bouche sèche, des poches glacées pour faire diminuer la fièvre… Elles prenaient le temps de discuter avec nous. Chaque geste posé m’a été expliqué et mon autorisation à toujours été demandée avant que je sois touchée.
L’assistante sociale est venue nous expliquer les démarches administratives pour la suite, nous a écoutés.
Nous avons eu le choix de tout : voir le bébé ou pas, demander une autopsie ou non, organiser des obsèques ou laisser l’hôpital se charger de la suite. Avec une possibilité de changer d’avis plus tard.
Nous avions et avons toujours la possibilité de voir la psychologue de la maternité.
À 22h30 nous rentrions chez nous, mes jambes encore flageollantes, mon corps éprouvé, notre âme meurtrie. Mais nous rentrions avec quelque chose de fort : l’amour que nous nous étions porté mutuellement, la force de notre couple. Et aussi le soutien, le respect et la bienveillance de l’équipe médicale. Tellement nécessaires. Mon gynécologue nous a encouragés à partir en vacances comme prevu et nous a donné des clés pour répondre aux questions de notre fille.
L’importance de toute cette bienveillance c’est qu’elle a simplifié notre deuil.
Nous n’avons quasis pas connu la culpabilité
Nous n’avons pas été écrasés par les démarches, nous avons été portés.
Et surtout, j’ai été respectée, ma peine reconnue. Mon corps a été respecté. C’est extrêmement important pour se reconstruire.
Ce jour-là je ne voulais surtout pas accoucher, je trouvais que c’était l’ultime punition de toute cette histoire.
Aujourd’hui, je sais que c’était nécessaire pour mon deuil. Jusqu’au bout je suis la maman de Côme.
Six semaines plus tard, j’ai remercié mon gynécologue et son équipe pour l’accompagnement dont j’ai bénéficié. Il m’a dit que c’était normal. Je souhaite effectivement que ce soit normal, pour toutes les femmes, dans toutes les maternités.
Vous souhaitez publier votre histoire sur le blog ? Déposezvotre témoignage mariage ou témoignage maternité ici.
Emily dit
Si seulement ma fausse couche à 8 semaines s’était déroulée avec autant de bienveillance de la part de mon gynécologue. Ça devrait être le même égard peu importe la stade de la grossesse. Je suis vraiment contente que vous ayez été aussi bien accompagné. Bonne continuation.