Après plusieurs FIV, les médecins ont commencé à parler à Karine du don d’ovocytes, mais ce n’est pas une démarche facile à accepter. Voici son témoignage.
{Témoignage} Tu veux avoir un enfant « de vous » ou tu veux être mère ?
La question, tu ne te la poses jamais en ce sens tant que tu n’as pas traversé un certain nombre des expériences par lesquelles nous sommes en train de dérouler notre vie avec chéri.La question, tu ne l’entends jamais éclater de la bouche des autres tant que tu n’as pas eu à surmonter les obstacles et que ton entourage ne s’est pas « permis » de te la poser, par soutien ou… parce qu’il se la pose lui-même à cet instant…On m’a parlé de cette « solution » à l’issue de l’échec de notre seconde FIV. Un RDV a priori classique pour moi. Tellement que je ne me suis pas dit que mon chéri devait être présent à mes côtés à cet instant. Je pensais à un RDV administratif, un RDV où l’on te donne le calendrier des prochaines actions. Et puis la « sentence » est tombée : « vous devriez penser au don d’ovocytes ».
Désarroi. Un monde qui s’écroule… Pourquoi ?! Je n’en suis qu’à la troisième FIV (comptabilisée comme la seconde puisqu’il n’y a pas eu de transfert à cet essai) !!! Pourquoi déjà penser au don d’ovocytes et réfléchir au fait que je veuille, ou non, porter les enfants d’une autre femme alors que je n’ai pas encore testé toutes les chances qui nous sont offertes !?!!??? Depuis, nous avons entamé une nouvelle FIV… Avec un nouveau traitement. Un nouvel espoir. Vendredi dernier, nous sommes retournés à la clinique, plein d’espoirs, car on allait me transférer « deux beaux embryons » m’a-t-on dit. Deux BEAUX…. Qui « ont toutes leurs chances d’évolution ». En effet, les 3 autres qui avaient pu être ponctionnés n’ont finalement pas continué leur évolution donc aucune congélation possible. On vit dans l’attente de la fameuse prise de sang qui nous dira si, oui ou non, les choses sont en bonne voie… Je chéris mon bidou malgré les douleurs, l’inconfort, les sensations de ballonnements qui ne sont guère QUE des sensations… Le jour de la prise de sang approche mais je n’y crois plus trop. Mon conjoint est dans le même état. On ne sait plus si c’est du pressentiment ou de la crainte… Après 3 FIV, tu finis par te blinder. Tu passes tellement de fois par la case ESPOIR puis DESESPOIR que tu finis par ne plus vivre les choses de la même manière. Pour autant, ce n’est pas que tu t’en détaches ! Bien sûr que non ! Ce serait trop « facile »… Ton esprit essaie de se dissocier de toute cette vie qui tourne autour de cela mais, au final, tout est dirigé par cet espoir, que tu le veuilles sou non.
Ce pseudo détachement est un leurre.
Alors quand vient le jour de la prise de sang, tu la fais, (comme tant d’autres, renouvelées tous les 3 jours) et tu te dis « ça ne va pas le faire… je ne sais pas pourquoi mais je ne le sens pas… ». Sauf que, la réalité, au fond de ton cœur, c’est que tu en meures d’envie d’y croire à cette bonne nouvelle ! Tu en crèves d’espoir… La journée paraît interminable. Tu fais mine de t’occuper. Avec mon chéri, on cherche une maison à acheter depuis des mois.. Alors c’est notre sacerdoce du moment… Et puis les heures passent. J’ai parié que le résultat arriverait sur les alentours de 17h. Mon Doudou, de 16h. On fait le pari (on s’occupe l’esprit comme on peut, tentant de le divertir et d’alléger les situation comme on le peut) : « Si les résultats arrivent après 17h, on a perdu tous les 2 ! ». Comme si ça allégeait quoi que ce soit au final. M’enfin… 18h15 : mail ! C’est ça ! On est dans la voiture, je télécharge les résultats… La sentence est tombée ! Un 9. Le résultat est pourri. C’est fini. On regarde les «échelles de valeur » pour voir si on espoir subsiste. Mon conjoint y croit encore… « On n’est qu’à 11 jours en fait ! Normalement tu fais le test à J=14… et tu sais que les résultats sont exponentiels ! ». Bref. S’ensuivent les larmes, l’abandon, le désarroi, l’incompréhension, l’injustice. Tout se mélange ! « Pourquoi ? On a tout bien fait ! Comment est-il possible que sur 2, au moins un n’ai pas pris ? Pourquoi ça ne fait même pas comme la première fois ? Je suis enceinte et ça évolue mal… mais au moins, ça prend ? (comme si ça changeait quoi que ce soit) Pourquoi…. ? »
Aujourd’hui, 2 jours après la prise de sang, j’ai rappelé la clinique pour savoir ce qu’il en est car personne ne m’a contactée (c’était le WE). La secrétaire me dit qu’il va tout de même falloir refaire une prise de sang pour être sûre car on n’est pas en deçà du 7 et je n’ai pas de pertes de sang donc il va falloir vérifier. A quoi bon ? Je sens bien que le mal de ventre qui me guette est celui du retour de mes menstruations (ces c******* ….. !) et que les symptômes ont disparu (je n’ai plus mal à la poitrine)Alors me voilà aujourd’hui à nouveau à essayer de vivre le quotidien. Ce quotidien qui nous tue lentement tant on y puise et verse de l’espoir mais tant il nous use à petit feu… Je sais pertinemment que la prise de sang ne servira à rien mais, tant que je ne l’aurai pas fait demain matin et que je n’aurai pas eu les résultats le soir, je continuerai malgré tout à espérer. L’humain est bizarrement constitué.
Je déteste plus que tout le gens qui me disent/diraient/diront « Garde espoir, ça va bien finir par marcher, y’a pas de raison….(gnagnagna) » Au réel, je hais autant leurs mots que j’ai envie d’y croire du plus profond de mon cœur… Mais j’ai mal au ventre… Je vais aux toilettes avec la hantise de découvrir ce sang qui arrive… mais qui va pourtant, j’en suis sûre, arriver assez tôt pour ne pas avoir besoin de faire cette prise de sang demain matin…. Pourtant, bien sûr, au fond, j’aurais aimé la faire cette prise de sang… De tout cela je suis désabusée. Ce ne sont pas les traitements qui m’épuisent, bien que le corps en souffre. Ce ne sont pas les piqûres au quotidien qui m’effraient, bien que les réaliser et surtout les inconforts physiques qu’elles provoquent ne soient jamais très agréables à vivre. Ce ne sont pas les opérations à répétition sous anesthésie générale qui m’atteignent (3 en 1 an depuis notre arrivée à Bordeaux), bien que l’on mette toujours le corps au repos au moins 3 mois après chacune d’elle… Je suis une machine comme m’a dit Marie (mon « amie de FIV ») : je suis toujours réveillée 15mn après l’opération avec la grosse patate pendant que beaucoup végètent et comatent des heures durant. C’est mon cerveau qui fatigue… mon cœur qui peine et qui saigne. Nous sommes à mi-parcours du nombre de tentatives prises en charge par la sécurité sociale et je sens que les choses n’iront pas dans notre sens.
J’irai jusqu’au bout de la démarche, quoi qu’il m’en coûte parce que, s’il existe un seul espoir que je nous donne l’enfant/les enfants que nous espérons, je ne reculerai devant rien. Mais j’ai la sensation que ce combat est vain. Je sens qu’au prochain Rdv avec le Docteur, elle me parlera à nouveau du don d’ovocytes. Je sens que devoir intégrer cette possibilité est peut-être la clé d’un nous deux qui devienne plusieurs.. Je sens donc que cet instant de deuil d’avoir « NOTRE » enfant, celui de nos gênes, s’éloigne petit à petit et… Je sens qu’aujourd’hui je ne suis pas prête à accueillir ce qui semble peut-être une évidence (qui, par ailleurs, n’assurera pas forcément non plus la réussite). Je sens que je n ‘ai pas le droit d’imposer cela à mon conjoint si une chance nous est offerte. Même s’il me suit dans ces choix, prend-t-il vraiment toute la mesure de ce qu’est une vie sans enfant ? Suis-je moi-même, capable de la prendre dans ces circonstances ?
J’en reviens donc à mon titre.
Les choses ne sont pas terminées mais… quand même bien mal barrées… Non ?
Vous souhaitez publier votre histoire sur le blog ? C’est ici que ça se passe.
Pauline dit
Il faut vraiment y croire et etre patient, et persèvérer. Avant de se décider pour la fiv j’ai bien pesé tous les pours et les contres. Finalement j’ai compris que je peux réaliser mon rêve, un bébé d’Amour, c’est le plus important pour moi. Je crois dans nos parcours si difficiles le lien de sang n’ a pas vraiment son importance tant que l’Amour triomphe. Moi pour mon petit garçon, je ne me suis pas posé la question. Déjà on voulais adopté, alors quand ma gygy m’a parlé du don d’ovocyte j’ai sauté sur l’occasion . Pour moi il n’y a aucune différence, c’est mon bébé à 100%100. Le soutien et le service dans la clinique m’ont rassuré et j’étais sure de mon choix!
Alors aux filles qui hésitent encore pour franchir le pas du Don d’ovocytes , je vous dit foncer, réaliser vos rêves, car quand vous aurez vos petits trésors dans vos bras, vous verrez que le don n’a aucune importance, c’est l’amour qui triomphera dans votre famille.
Alison dit
Je vous souhaite d’y arriver et connaître le bonheur d’être parents. Ne pas désespéré mon docteur m’a dit que souvent cela marchait à la dernière alors je croise les doigts pour vous ??
Karine dit
Merci BEAUCOUP Alison pour ce soutien. Ces mots sont si précieux quand il est déjà difficile de les écrire et partager…
Hina dit
Je te souhaite de tout cœur que tu puisse fonder ta famille, par tous les moyens que tu jugeras nécessaires.
Il y a un grand nombre de témoignages d’enfants adoptés ou qui ne sont pas génétiquement liés à leurs parents qui pourtant ressemblent à ces derniers que ce soit physiquement, ou de par leurs gestes, leur attitudes, leurs valeurs. Si tu dois en arriver là ton enfant dans tous les cas te ressembleras l’amour va bien au delà des gènes.
Mais je ne peux que te souhaiter qu’après ce long et éprouvant combat que tu y arriveras enfin au bout.
Courage
Karine dit
Merci beaucoup Hina pour ces sentiments partagés, ces voeux… Plus le temps passe et plus mon avis sur la question change. Ma considération de la question a tellement évolué en si peu de temps que je ne sais plus s’il me faut me faire confiance ou si je me leurre pour tenter de voir un avenir. Ces questions sont tellement différentes quand on les aborde en tant que spectateur et non acteur c’est fou ! Dans le fond je partage ton raisonnement. J’espère que la vie nous donnera la chance d’évoluer vers un nous, qu’elle que soit la forme de « grossesse » ou autre qu’elle prendra…. MERCI
Banane dit
Dur de vous lire!
Je vous souhaite le meilleur.
Karine dit
C’est très gentil Banane. Navrée du manque de smiley et fun attitude dans ce témoignage. Je n’étais pas au mieux lors de son écriture. Avec le temps les émotions s’apaisent et se posent. Merci pour votre soutien
Camille dit
Ce que je vais te dire te semblera peu etre dérisoire mais mon père a été adopter ( ce qui est différent encore que le don d’ovocyte) et il nous a toujours dis que c’est père n’était pas celui qui lui avait trannsmi son capital génétique mais celui qui lui payait ses chaussures et qui lui a transmis ces valeurs je pense qu’une mère ce n’est pas forcément des gènes mais de l’amour et même si vous faite vos enfants avec des dons d’ovocyte tu les auras porté, aimé élevé et c’est sa une mère
J’ai moi aussi un parcours difficile j’ai fait 9 fausse couches précoce et perdu deux petits garçons ( à un 27 sa et le second a 38 sa )
Et je comprend tout à fait ses montagnes russe de l’espoir et cette colère qui peut vous habiter
La seule chose que je peut vous souhaiter c’est de vous aimer toujours avec votre compagnon et qu’un jour vous puissiez avoir votre famille
Avec tout mon soutien …
Karine dit
MERCI Camille pour ces mots… Ils sont si touchants et empreints d’émotions que l’on aimerait apaiser pour vous aussi à travers la « reussite » de vos « projets ». On en arrive souvent à se demander pourquoi la vie est ainsi faite et si injuste parfois. On perd du temps sur des questions qui n’ont de réponse, le temps que l’on accepte de s’ouvrir à autre chose… L’amour est effectivement primordial… la clef même de la réussite. On passe par tant de fossés boueux et de remises en question que le couple en est ébranlé si fortement au final. Mais, comme vous le sous-entendez, il peut aussi fortifier l’édifice que l’on tente de construire pour ces petits que l’on attend et espère. Votre soutien me va droit au coeur…. je souhaite aussi vivement que la vie vous apporte / ai apporté ce que les cigognes ne devraient refuser à quiconque s’en donne (la peine) la chance…
Asle dit
Ton témoignage est très touchant, et résonne en moi, j’étais dans le même état et la même situation il y a encore quelques mois…
Le don d’ovocytes, notre spécialiste nous en a parlé dès le 1er rendez-vous, dans la mesure où je souffre d’une insuffisance ovarienne. Je suis me suis bien évidemment effondrée.
Il n’a pas compris, pour lui cela voulait dire que j’allais être mère dans tous les cas, pour moi cela raisonnait bien évidemment très différemment. Les médecins et la psychologie…
Puis tout doucement cette idée parfaitement incongrue, bizarre (un enfant à moitié à lui et pas à moi) a fait son chemin, il faut dire que j’étais suivie par une psy, je ne sais pas si c’est ton cas, mais ça aide vraiment dans ce parcours.
Finalement, nous n’avons pas eu besoin d’aller jusque là, puisque la 3ème insémination a été la bonne.
Tout ça pour te dire, que c’est un parcours difficile, cruel même je dirais, mais qu’il faut te faire aider et accompagner, pour arriver à vivre ces montagnes russes, d’espoir et de désespoir, qui sont de toute façon complètement incontrôlables, et faire le choix qui vous correspond réellement.
Le témoignage de Madame Arwen et de son don d’ovocytes réussi sur le site Dans ma tribu pourra peut être t’aider à voir les choses sous un autre angle.
Bon courage et je croise les doigts pour que cette prise de sang t’apporte tout le bonheur que vous espérez !
Mathilde dit
Je n’ai pas d’expérience à partager, car nos parcours ne se ressemblent pas, mais votre témoignage m a ému et je vous apporte tout mon soutien…
Qu’importe ce que dise les autres, faites confiance à votre ressenti !vous seule savez ce que vous pouvez accepter !
Courage!
Karine dit
Un grand MERCI Mathilde d’avoir pris le temps de partager ces quelques mots. Chaque histoire à sa particularité et même si elles ne se comparent que rarement, c’est aussi leur partage qui fait la richesse de ces échanges dans ces instants de vie souvent chaotiques. Alors Merci encore pour votre soutien chaleureux… Il me remplit d’espoir aux moments les plus creux de la vague.