Après des débuts difficiles avec son bébé (je vous ai remis le lien en vert juste en dessous), Emilie est devenue une maman parfaite. Elle a fait passer sa famille et son travail avant sa santé. Et puis un jour son corps a dit stop. Un sujet que je trouve très intéressant à aborder sur le blog car je pense que comme Emilie, de nombreuses mamans tirent sur la corde, qui un jour fini par se rompre. Voici son témoignage.
{Témoignage} J’étais la maman parfaite… suite et fin.
Bonjour,
J’ai déjà témoigné il y a à peu prêt un an plus sur grossesse au sujet coup de foudre à l’arrivée de son enfant quand la magie n’opère pas …et la difficulté d’en parler. Peut-être vous souvenez-vous de moi. Je vous propose un témoignage de maman, d’épouse, de femme, pour parler d’un sujet que j’aurais bien aimé avoir croisé sur mon chemin, même si maintenant c’est trop tard… Être à l’écoute c’est essentiel mais pas si facile… Cet article est déjà un petit bilan, c’est bien de l’avoir écrit pour moi et peut être pour d’autres… Mettre des mots sur des impressions, des ressentis, des symptômes, essayer pour l’avenir d’être plus facilement à l’écoute de moi-même (enfin j’espère).
J’ai tiré tiré tiré sur la corde …
Je n’ai pas vu que progressivement au fur et à mesure elle était en train de se déchirer sous mes yeux …
Je voulais et je suis devenue une maman parfaite…
Je suis coach et prof de danse, je voulais le bonheur de TOUS mes élèves (avec des profils différents je vous laisse imaginer la complexité !)
Ma maison est impeccable toujours rangée, propre décorée…
Des repas faits maison, bio, repas au pluriel car mon fils de quatre ans ne mange pas de tout, son papa n’a pas les mêmes envies que les miennes alors quand je dis des repas c’est un repas différent pour chacun à table… et le travail que cela comporte…
Je n’écoute jamais ma fatigue, je masque les douleurs, les inquiétudes, subies les insomnies car je ne sais plus appuyer sur off le soir et recommence le lendemain : « the show must go on« …
J’ai un mental de danseur classique, on ne lâche rien, on performe, on est au-delà de la douleur, de la fatigue…
Gentiment mon mari m’appelle la machine…
Et puis lors d’un examen banal de la cheville peu invasif qui consiste à introduire une longue aiguille dans l’articulation et y faire entrer un produit de contraste en vu d’une imagerie, c’est le drame. J’attrape une infection lors de cet examen, dans mon articulation. Hospitalisation, ponctions de la cheville à deux reprises, chirurgie en urgence…
Et là de retour chez moi je souffle sur les ruines encore fumantes de mon corps, actrice de mon propre désastre au-delà du fait à pas de chance…
Un risque, mais vraiment très rare surtout pour une jeune femme de 35 ans avec un mental et corps comme le mien… une machine nourrie au bio, qui ne fume pas, ne boit pas de coca, mange sans gluten, ne bois pas d’alcool etc etc etc (la perfection je vous dis et c’est juste ironique envers moi même).
J’ai laissé tomber le masque…
A vouloir voler trop haut on se brûle parfois les ailes…
Moi qui ne prenais aucun médicament je reviens de la pharmacie comme je reviens d’auchan… 20 comprimés et des piqûres tous les jours, quel gâchis. Je supporte les effets secondaires des antibiotiques à très haute dose et de façon prolongée…
Moi qui volais au-dessus du sol, brûlais le plancher en tournant, ne touchais plus terre, je suis clouée au canapé, aux béquilles.
D’actrice, voir même de metteur en scène car je suis très active dans ma vie, je suis devenue spectatrice…
Mais j’ai espoir de repartir différemment, de pouvoir dire stop quand c’est trop…
Donner autant à mes élèves sans pour autant m’oublier…
L’équilibre, je pense, est la question à régler pour tous de nos jours
J’espère trouver le mie…
J’ai utilisé beaucoup de points de suspention comme ma vie qui l’est en ce moment, ils contiennent toutes les douleurs, la tristesse et les angoisses qui occupent mes jours, mes nuits, mes regrets. Mais ils sont aussi le reflet de mes espoirs. Je ne suis pas sortie d’affaire, le traitement est encore long, je ne connais pas la date de mon retour à la barre. En attendant j’ai écrit pour dire à toutes les mamans que la perfection, ou en tout cas sa quête, peut générer des effets très pervers dont il faut se méfier ….
à bientôt
Emilie
Vous souhaitez publier votre histoire sur le blog ? C’est ici que ça se passe.
marion dit
Beaucoup de courage à vous! (et au delà du fond, un grand bravo pour ce texte magnifique, très agréable à lire, vous êtes douée pour l’écriture!!)
fleurdementhe dit
Courage… A t’écouter, j’ai envie de me mettre moins la pression… mais je crois qu’on subit toutes, ou la plupart, çà : cette idée qu’il nous faut réussir à tout prix partout, comme pour atteindre un idéal portée aux nues par une poignée de personnes, mais idéal qui s’inscrit dans l’esprit de chacune. Mère parfaite, femme coquette, femme d’affaires, décoratrice de goût, consommatrice avertie et experte, éducatrice bienveillante, esprit compréhensif, …
Jen dit
Bonjour,
Courage, j’ai vécu la même chose et je suis encore dedans!
J’ai voulu être une femme parfaite et être au top au travail tout en subisant la préssion et le genou a lâché en faisant mouvent que j’ai déjà fait 10mille fois…
Bon rétablissement!
Sara dit
Courage, bonne convalescence !
Il faut en profiter pour se reposer et retrouver le sommeil. On néglige souvent trop le sommeil alors que c’est lui le premier médicament naturel ! 🙂
FFF dit
Courage Émilie ! Merci pour ce témoignage.
Maud dit
Émilie,
Je ne peux que te reconnaître à travers ce témoignage que je trouve vraiment touchant, poignant et très beau. On sent que cette « pause » certes imposée et douloureuse, te permet de prendre du recul sur ta vie et de lever le pied pour ton bien-être. La mère parfaite pour moi n’existe pas, et c’est tant mieux ainsi ! Dans ton malheur, tu arrives à tirer des leçons sur ton perfectionnisme et arrive à relativiser sur ton comportement. La vie est tellement plus belle dans ses imperfections! Paroles de maman imparfaite lol! Je te souhaite de te remettre vite (je crois que tu as repris la barre non?) et de prendre la vie à la cool sans t’imposer trop de contrainte qui détruisent à petits feux. Courage Émilie !
Maud M.