La reprise de la sexualité après l’accouchement. Voilà un sujet tabou que j’avais envie d’aborder sur le blog depuis un bon moment déjà.
Quand refaire des câlins après l’accouchement ?
Parce qu’il y a toujours cette différence entre la « normalité » qu’on s’imagine et la réalité que l’on vit. C’est en discutant avec des copines comme moi jeunes mamans que je me suis rendue compte du bourrage de crâne subit par les femmes à ce sujet. La remise en route des câlins après avoir donné la vie, on n’en parle pas ou en occultant une vérité, car souvent, la femme se sent coupable de ne pas en avoir envie, tout simplement.
La société et les magazines féminins nous mettent dans la tête que pour être heureuse en couple il faut faire l’amour 3 fois par semaine. (lol).
C’est une moyenne, cela veut donc dire que certaines femmes le font, d’autres le font plus, et d’autres le font moins. Mais ce qui reste malheureusement ancré dans la tête des femmes c’est ce « 3 fois par semaine » qui en culpabilise plus d’une qui n’en a pas envie. C’est juste une différence d’envie entre l’homme et la femme, mais pourquoi est-ce que ce serait à elle de céder ? Pourquoi cette fréquence doit-elle être adaptée à l’homme et pas au désir de la femme ?
Clotilde : « Mon mari veut faire l’amour tous les deux ou trois jours, si je ne dis pas « oui » il me met la pression jusqu’à ce que je cède, il devient fou« . Si en temps normal ce type de témoignage est déjà hyper choquant, on se dit qu’après l’accouchement… comment les femmes supportent-elles cette pression sexuelle ?
Refaire l’amour après avoir accouché… tout un programme !
Bien sûr après l’accouchement, beaucoup de femmes reprennent rapidement une sexualité normale.
Pour certaines comme Lolita ça va très vite : « 3 jours après l’accouchement nous avons refait un câlin, au moment du retour à la maison après la maternité. Je n’ai pas eu de saignements très importants, mon corps s’est remis très vite. Je n’ai presque pas eu des douleurs non plus. Je pense que j’ai eu beaucoup de chances les deux fois. Je sais bien que ce n’est pas pareil pour tout le monde. On verra si j’ai un bébé numéro 3 si cela se passe de la même façon« . Ou prend un petit peu plus de temps comme pour Marie : « J’ai accouché il y a un mois de Lola maintenant, j’ai de nouveau eu un rapport il y a 10 jours et c’était fusionnel avec beaucoup de complicité et passionnel. J’avais peur de ne pas être à la hauteur mais la complicité l’a emporté et au final plus rien« .
Mais dans une grande majorité des cas, cela ne va pas aussi vite que l’on pense (ou qu’on voudrait) comme le démontre le sondage que j’avais publié sur le sujet.
Plus de 6 mois pour retrouver ses envies et sa libido d’avant grossesse.
Laurie : « La reprise de la sexualité après l’accouchement a été très compliquée, il m’a fallu 4 mois pour accepter qu’il me touche et passer à la pénétration, puis 7 mois pour refaire l’amour avec envie et plaisir. Ce qui a finalement été encore plus compliqué que ces moments-là, c’est quelques années après lorsque mon mari, plein de rancune à ce sujet, me l’a bien fait comprendre. Il a été très dur et m’a fait beaucoup de mal, il me faisait sentir que ça avait été moi l’égoïste.«
Le soucis vient souvent d’un grand manque de communication à propos de ce qui se passe dans le corps et dans la tête d’une femme qui vient de donner la vie.
Géraldine : « J’ai accouché il y a deux ans et demi, depuis ce jour ma libido est partie je ne sais où . Mon mari n’arrive pas à comprendre, moi non plus. Notre intimité à pris un coup et notre complicité aussi. J’aimerais tant réavoir des rapports sexuels plus régulièrement et pas qu’une fois dans le mois. Je ne me sens pas normale« . Et pour certaines, cela prend encore plus de temps Emilie : « Le gynéco nous avait demandé d’attendre son rendez-vous médical avant d’envisager quoi que ce soit. Nous avons donc laissé au moins 1 mois et demi. Mais aujourd’hui petit bonhomme à 15 mois et ce n’est toujours pas le nirvana niveau sexe. J’ai beaucoup de mal, j’ai une episio toujours douloureuse, l’envie qui ne vient pas facilement. Alors j’essaye de faire quelques efforts pour mon homme, trop peu selon lui. Je ne veux pas de deuxième bébé, je suis devenue maman c’est sûr mais je ne suis plus une femme pour mon homme. J’essaye tout de même, mais le plaisir n’est pas toujours pas au rendez-vous. L’envie ne vient jamais de moi« .
Cette culpabilité, cette sensation de ne pas être normale.
On ne parle pas de la baisse de libido après l’accouchement
mais elle est pourtant tout à fait normale. Épisiotomie, déchirure, accouchement traumatisant, césarienne, douleurs en tout genre, saignements (pour ma part ils ont duré 1 mois et demi), nouvelles responsabilités, c’est tellement de changements pour une femme, surtout lors d’un premier accouchement… comment ne pas comprendre que la jeune maman n’en ai rien à faire du sexe en sortant de la maternité ?
Judith : « Nous avons refait l’amour un mois après l’accouchement, en attendant la fin des saignements, des douleurs de l’episio et l’appréhension. En voyant les semaines passer je me suis dit qu’il fallait bien s’y remettre, sans plus de désir que ça. J’ai eu des douleurs à chaque rapports pendant les 9 mois qui ont suivi. C’était plus pour lui faire plaisir que pour mon propre plaisir finalement. J’avais également des mycoses à répétition depuis l’accouchement (autre problème dont pas mal de femmes souffrent j’ai l’impression) ce qui affectait mon moral et mes rapports. Apres plusieurs traitement qui n’empêchaient pas la récidive et n’arrêtaient pas la douleur, j’ai décidé sur les conseils d’une amie d’acheter des tampons en pharmacie à base de probiotique et là … plus de douleurs pendant les rapports ! Nettement moins de mycoses également. L’envie et le plaisir est revenu à ce moment là (9 mois après !) ». Les femmes ont beaucoup d’appréhension, et souvent peur d’avoir mal à leur intimité déjà malmenée par la mise au monde de leur bébé.
Virginia : « Après l’accouchement, une appréhension terrible s’était installée pour moi… j’avais déjà peur d’aller aux toilettes alors pour un câlin… mais grâce à mon homme, sa patience, sa douceur et sa compréhension tout est revenu naturellement mais peu à peu … :) »
Heureusement, de plus en plus, les sages femmes abordent le sujet avec les hommes qui acceptent de faire les cours de préparation à l’accouchement.
Paulette : « La seule personne qui a abordé le sujet avec moi pendant ma grossesse c’est la sage femme qui me suivait. Elle m’a dit qu’après l’accouchement le corps avait besoin de se remettre, de prendre son temps, que la femme devenue maman pouvait très bien avoir une libido en berne pendant un long moment et que ce n’était pas grave. Elle a même fait la leçon aux papas qui sont venus lors de la préparation à l’accouchement spécial papa. Une fois bébé arrivé, j’ai fait une énorme dépression post-partum, je me sentais complètement perdue et mon mari était le seul lien qui me permettait de tenir. Mais je ne reconnaissais plus mon corps, j’avais peur de dégoûter mon mari puisque je me dégoûtais moi-même. J’avais terriblement envie de faire l’amour avec mon mari mais j’avais la trouille, nous avons tenté une première fois un mois après mon accouchement, j’ai eu trop mal alors nous nous sommes « contenté » de caresses. Nous avons pu faire l’amour entièrement 2 mois après, ça a été douloureux pendant quelques temps à cause d’un point qui était entré sous ma peau et qui était très mal placé. La première fois que nous avons fait l’amour j’ai pleuré de soulagement et de joie. J’avais tellement peur que mon mari n’ait plus envie de moi. Alors que bien au contraire, il n’arrêtait pas de me dire combien il aimait mon nouveau corps, qu’il me trouvait encore plus désirable qu’avant… Une fois cette peur évanouie, je me suis encore plus lâché lors des joyeusetés, comme si devenir maman avait fini de me modeler en tant que femme« .
Patience mon Chéri, tu sais ce que c’est une épisiotomie ?
Tous les témoignages reçus en viennent à la même conclusion : l’homme doit être patient pour laisser le temps à sa compagne de se remettre physiquement et mentalement de l’accouchement. De se sentir bien dans sa peau de jeune maman. Aurélie : « Pour moi, la difficulté était physique (plusieurs points d’épisiotomie), mais elle était surtout psychologique. J’étais en mode maman et plus du tout en mode femme. Il a fallu que je « m’oblige » à m’y remettre pour retrouver une envie. Chéri a attendu que cela vienne de moi et ne m’a en rien brusquée« .
Aurore : « J’aurai vraiment aimé y être préparée. Avec Chéri on a une très belle relation avec beaucoup de communication, alors je n’aurai jamais cru avoir de problème de ce côté-là. Quand je suis tombée enceinte de notre chouquette, j’ai perdu progressivement ma libido à partir du 5ème mois de grossesse et j’ai senti que ce n’était pas un problème car mon ventre d’arrondissant de plus en plus. Il faut avouer que les câlins étaient de moins en moins praticables et que la libido de Monsieur a suivi la mienne dans le Néant. Néanmoins sur le dernier mois de grossesse je me suis tout à coup sentie en manque de tendresse physique, peut-être parce que je commençais à réaliser que nous passions nos dernières semaines « rien qu’à deux », et ce qui m’a fait tenir bon c’était de me dire que dans quelques semaines tout rentrerai dans l’ordre après l’accouchement… je pensais innocemment que tout reprendrai dès mon retour de la maternité. Mais ça ne s’est pas vraiment passé comme ça. Tout d’abord parce que physiquement, avec les points de suture (déchirure) mon corps n’était pas opérationnel mais aussi parce qu’avec l’allaitement il avait pris une nouvelle fonction que je ne sentais plus compatible avec une quelconque sexualité. Pendant ce temps, Chéri lui s’était déjà remis et sa libido avec, ce qui a occasionné une période assez délicate.
J’ai mis beaucoup plus de temps que ce que je pensais à réenvisager une vie sexuelle et deux mois après avoir accouché j’ai bien voulu qu’on y retourne progressivement mais qu’elle a été mon angoisse de constater que ce n’était plus comme avant, notamment parce que physiquement mon corps venait de vivre une sacrée épreuve avec l’accouchement. Éperdument amoureuse et soucieuse de notre vie de couple j’ai continué à chercher à provoquer ces moment de tendresse jusqu’à ce que tout redevienne normal au bout de 9 mois je dirai. Heureusement Chéri a été patient et compréhensif et encore une fois c’est la communication et la bienveillance l’un envers l’autre qui nous ont aidé à surmonter cette période« .
Communication, bienveillance, écoute, patience et PAS DE PRESSION, chacune son rythme
Il n’y a pas de normes à part la vôtre :
Eléonore : « J’étais très mal dans ma peau après mon accouchement pendant un bon mois, voir mon corps ainsi déformé par 20 kilos de plus… bref c’était pas la joie et j’avais envie de me retrouver en tant que femme et épouse (après neuf mois a partager son ventre, les moments câlins sans le gros ventre c’est quand même mieux) donc après l’arrêt des locchis qui ont duré environ deux semaines, j’ai eu envie de retrouver mon mari pour un câlin… sauf que bien sur la douleur était encore trop intense. Je me sentais nulle, je pleurais. Mon mari me consolait, me disait qu’on avait tout le temps, que de son coté il était tellement pris par son nouveau rôle de papa que ce n’était vraiment pas grave si on ne le faisait pas tout de suite, bref il a été super compréhensif ! J’ai cru que j’aurai toujours mal car ça a duré longtemps, des mois et des mois. J’en ai parlé avec mes sages femmes, pendant la rééducation du périnée, elles ne voyaient pas de soucis… je pense que j’étais juste impatiente, je voulais retrouver mon corps trop vite… il faut laisser le temps au temps. On n’a pas arrêté de me dire « 9 mois pour la créer…9 mois pour s’en remettre » et c’est bien vrai ! Maintenant je n’ai plus mal du tout« .
Caroline : « Lors de ma grossesse, mon compagnon n’a plus voulu me toucher après le troisième mois. Nous vivions plutôt en colocation qu’en couple. Mais après l’accouchement, nous avons repris une vie sexuelle lorsque notre fille avait un mois, à l’initiative du papa. Je n’avais pas très envie, physiquement, mais j’en avais besoin moralement. La première fois a été peu agréable et un peu douloureuse. La deuxième aussi. Mais à la troisième, c’est reparti comme en 40. Voila, notre petite fille a deux mois et demi et nous avons repris notre vie de couple, à ma grande satisfaction« .
Julie : « J’ai eu deux grossesses dont une gémellaire. La première grossesse j’ai eu un déchirement avec des points. Nous avons repris une vie sexuelle après la fin des pertes de sang d’après accouchement et la peur a dépasser de ne pas déchirer de nouveau… soit environ 2 mois après l’accouchement. Et pour la dernière grossesse nous avons repris plus tôt, environ 1 mois après. La sensation de plaisir de refaire l’amour avec mon conjoint après la naissance de notre fille a été décuplée je pense que le fait de voir son conjoint impliqué avec son enfant, le sentiment d’être vraiment une famille a augmente le plaisir « . Laurence : « Ma libido pendant la grossesse était proche de 0. Je n’avais absolument aucune envie. Les 6 premiers mois, je me forçais un peu, et au final, j’avais des orgasmes mais si mon fiancé ne « me cherchait » pas, je n’allais pas le chercher. Après l’accouchement (long et pénible : dépassement de terme, déclenchement, 28 h de travail, les forceps, épisiotomie, déchirure, quelques semaines plus tard, descente d’organes : la totale !), on n’y pensait même pas, avec la fatigue et mon baby-blues. Puis mes points de suture ne tombaient pas… 5 semaines plus tard, le dernier point tombe enfin. Mon fiancé est donc venu « me chercher ». Je n’avais pas une envie folle mais bon, je me suis dit « L’appétit vient en mangeant, la sexualité vient en … ». Bon, ça a demandé des ajustements (l’épisio et la déchirure tiraient un peu, le prolapsus fait qu’il fallait revoir notre positionnement), mais c’était appréciable ! Malheureusement, au lendemain de cette reprise, rdv post-partum et pose du stérilet : « Bon, par contre, pas de rapport pendant 2 semaines, madame »… ce qui a désespéré mon fiancé quand je lui ai annoncé. Mais au final, ces 2 semaines ont été salutaires. À ce moment-là, ma libido est redevenue à peu près normale et les douleurs de mes cicatrices ont cessé. Au final, j’ai compris qu’en fait, les fameuses « 6 semaines » ne me convenaient pas. Pour moi, il m’en fallait 8 pour retrouver une sexualité épanouie« .
La reprise de la sexualité après l’accouchement est un sujet tabou
Mais il ne tient qu’à nous d’en parler à nos compagnons, à cœur ouvert pour leur faire comprendre ce que l’on ressent. Expliquez-lui ce que vous ressentez, parlez-lui de vos peurs, de vos douleurs et quand vous vous sentirez prête vous pourrez ré-envisager de faire des câlins, avec beaucoup de douceur. Vous venez de lui offrir le plus beau cadeau de la terre (un enfant !) et maintenant il va falloir trouver un nouvel équilibre avec une nouvelle recrue en plus dans votre famille. Tout cela est un énorme chamboulement que vous devez apprivoiser avec sérénité. Ne vous laissez donc pas mettre la pression par quiconque (et surtout pas ces conneries de magazines féminins), c’est votre corps et c’est à vous de décider quand vous serez prête à reprendre une sexualité. Celle-ci ne sera peut-être pas tout de suite épanouie, mais avec beaucoup de bienveillance, de patience et de douceur, vous retrouverez votre complicité d’antan, à votre rythme, cela peut prendre plusieurs mois il ne faut pas vous en inquiéter, vous êtes NORMALE. Et si ce n’est pas le cas, surtout n’hésitez pas à en parler à votre sage-femme.
Julie dit
Pour ma part, malgré ce super article, je reste inquiète quant à mon absence d’envie… Nos jumelles vont avoir 11 mois dans quelques jours et ma libido frôle toujours le 0. Pas de douleurs, accouchement par césarienne donc ni déchirure, rien, juste pas envie pour ma part.
Mon mari est hyper compréhensif et patient mais je ne peux m’empêcher de m’inquiéter et culpabiliser 😔
Lou-Lou-Lou dit
Il faut aussi savoir que l’allaitement assèche les muqueuses et les rend moins élastiques (personne n’en parle, mais c’est vrai !). Pour ma part il a fallu facilement deux mois pour retenter un rapport sexuel (impossible car trop douloureux la première fois). Puis encore deux mois pour que l’envie revienne vraiment. Le plaisir (de la pénétration), lui, est revenu quand j’ai complètement stoppé l’allaitement quand bébé a eu neuf mois. Je n’avais jamais fait vraiment le lien avec le changement hormonal créé par l’arrêt de l’allaitement, jusqu’à ce que ma gynécologue le mentionne, et ça a fait TILT. Mon homme ne m’a jamais pressée à reprendre les rapports, c’est plutôt moins qui en avait envie mais j’avais très peur que ça ne fonctionne pas. Lui n’avait plus trop de libido depuis le deuxième mois de grossesse environ, donc on a vraiment fait une grosse pause des câlins entre la grossesse et le post-partum. Et d’après la plupart de mes amies, c’est tout à fait normal.
delphine dit
Effectivement je trouve que l’on ne parle pas assez des hommes qui ont une libido à 0 pendant la grossesse. ce serait chouette d’en faire un sujet à part entiere 😉
Lyssa77 dit
Il est vrai que la sexualité est mise a rude epreuve avec la maternité. Mais il y a aussi un autre soucis duquel on parle peu, c’est du côté des hommes. On dit toujours que c’est eux qui mettent la pression etc… mais il y a aussi le problème inverse, les hommes qui ne touchent plus leur femmes pendant la grossesse et après, qui ne les voient plus comme leur femme, traumatisés par l’accouchement ou bloquės tout simplement, et qui laisse place a une enorme frustration pour la maman, qui je pense ne l’aide pas du tout a retrouver sa place de femme et une belle image d’elle apres tous ces changements. .. cela aussi provoque des dégâts sur le couple et son estime de soi…