Après son accouchement, Lucie a eu une descente d’organe, un prolapsus comme l’appellent les médecins. Et malheureusement, à son stade ce n’est pas opérable. Voici son témoignage.
{Témoignage} Le jour où mes organes se sont fait la belle
Bonjour à toutes les mamans, futures mamans, celles qui ne sont pas sûres de vouloir devenir mamans et bien sûr celles qui hésitent à le devenir et qui lisent attentivement ce blog pour savoir dans quel genre de bourbier elles sont susceptibles de mettre les pieds.
Je viens vous raconter mon histoire et l’histoire de mes organes, afin de parler de ce fléau extrêmement courant mais extrêmement méconnu qu’on appelle « descente d’organes ».
En novembre 2015, je suis tombée enceinte naturellement d’un bébé, à 25 ans. Agent immobilier, j’adorais mon boulot, je ne voyais pas à quel moment je pourrais envisager de laisser mon travail de côté pour « me reposer » car j’étais dans une forme olympique.
J’enchaînais les longs trajets en voiture, le week-end je partais en randonnée avec mon chien et mon gros ventre, j’allais de rendez-vous médicaux en rendez-vous médicaux seule, en courses, en vacances… À 8 mois de grossesse, nous avons déménagé dans notre nouvelle maison, pressée d’accoucher, j’ai porté tous les cartons, déplacé les meubles, lavé ma maison tous les jours ! Mon ostéopathe m’a dit à plusieurs reprises que le bébé appuyait très bas, qu’il fallait que je me pose pour éviter la descente d’organes.
La quoi ? La descente d’organes ?
Ah non mais je ne suis pas concernée, je ne suis ni vielle, ni molle ! Je continue les randonnées très sportives, 12 km la veille de mon terme.
Arrive le jour fatidique de mon accouchement, le 23 août 2016. Ce jour-là, nous avons notre lot de surprises : l’accouchement s’est merveilleusement bien passé contrairement à ce que j’imaginais, nous avons appris le sexe de notre bébé qui était donc une fille et ce bébé qui devait faire 3kg maximum en fait 4. Mais bon 1 point de suture, je me dis que tout va bien. S’en suit un début de vie compliqué pour moi et pour ma Léonie mais finalement je prends le temps de faire mes 10 séances de rééducation périnéale manuelle chez la sage femme pour repartir avec un beau 4/5 de qualité musculaire. La sage femme me pose un stérilet en argent et en cuivre, me demande comment se passent les rapports sexuels, je réponds que j’ai moins de sensations, elle me dit « c’est normal », on en reste là.
Je reprends le sport, surtout les randonnées et je me rends compte qu’à la marche j’ai une douleur aiguë en bas à droite du ventre. J’ai un transit intestinal ralenti voire douloureux. J’ai également des douleurs au coccyx, je consulte mon ostéopathe qui me dit que mon coccyx a l’air d’être en bon état mais qu’elle ne peut pas m’en dire plus car elle ne peut pratiquer de toucher vaginal ou annal. J’ai de moins en moins de sensations pendant les rapports. J’ai des règles abondantes et douloureuses. Je consulte ma sage femme à nouveau, elle me propose de retirer le stérilet pour reprendre la pilule (mélange œstrogènes et progestérone).
Au moment de retirer le stérilet, elle prononce cette phrase : « excusez moi mais je ne trouve pas le stérilet ».
Ok. Garde ton calme.
Elle prend une espèce de grande pince flippante et après de longues minutes me retire le stérilet. Elle m’annonce qu’on a bien fait de le retirer car il avait bougé. Le lendemain matin je me lève, vais faire pipi et là : horreur ! En m’essuyant il me semble sentir une boule grosse comme une noix à l’entrée de mon vagin. Je panique, prend un miroir que je place entre mes jambes, persuadée qu’il s’agit d’une tumeur ou d’un kyste. Et là je comprends tout de suite qu’il s’agit d’un morceau qui au lieu d’être à l’intérieur, se trouve actuellement à l’extérieur. Je retourne voir la sage femme qui me confirme ce qu’elle va appeler un « prolapsus », me demande de prendre RDV avec mon gynécologue.
Elle m’annonce également que mon coccyx est luxé et retourné. Je vais voir mon gynécologue qui me confirme que j’ai un prolapsus qui concerne 3 organes, c’est à dire que sont descendus mon utérus, ma vessie et mon colon. C’est une descente de niveau 1+, mais « on opère qu’en stade 3 ou 4, surtout si vous voulez d’autres enfants ». Je lui demande comment c’est arrivé ? Il m’explique qu’un bébé de 4kg c’est en fait 80kg de pression sur le plancher pelvien et qu’il aurait fallu se mettre au ralenti dans les derniers mois de grossesse.
Je lui explique que j’ai fait ma kinè sérieusement, il me répond que j’ai simplement musclé le muscle du périnée mais que le plancher pelvien est un entrelacs de ligaments qu’il est impossible de retendre. En gros, au mieux le prolapsus va se stabiliser, au pire il passera au stade supérieur lors de ma prochaine grossesse. Et alors mes douleurs ? Ma perte de sensibilité lors des rapports ? Mes douleurs chroniques au coccyx qui m’empêchent de rester assise ? Il m’explique que sa médecine à lui ne peut rien pour moi et il me donne l’adresse d’une sage femme qui travaille « à l’ancienne ».
Moi qui avais déjà peu de confiance en l’allopathie, j’étais ravie de me tourner vers autre chose. Je pars donc en consultation avec cette sage femme qui pratique l’ostéopathie intrapelvienne. Elle me parle beaucoup, me fait pleurer en abordant des questions sensibles, je passe trois séances assez pénibles de manipulation intrapelvienne et également intra-annale. À chaque séance je vais mieux, je n’ai plus de douleurs à la marche, je redécouvre un transit intestinal normal, puis à la dernière séance je redécouvre un coccyx non douloureux.
Alors qu’on soit bien d’accord : j’ai toujours ma petite noix qui sort de mon vagin, j’ai toujours une perte de sensibilité lors des rapports et même un petit obstacle qui se lubrifie mal et qui peut être source de douleurs. Je n’ose plus allumer la lumière quand je fais l’amour. Je me sens très mal quand mon homme me fait un cunnilingus alors qu’il me dit qu’il n’est pas du tout gêné par ça.
Je me dis que si j’avais un jour à refaire ma vie je ne pourrais jamais faire l’amour avec quelqu’un sans être terriblement gênée par mon prolapsus. Je ne peux plus aller à la salle de sport car la musculation de ce type n’est pas adaptée au prolapsus car on « pousse » sur les abdos (notamment avec les squats, les abdos, la presse pour les cuisses) mais je me suis mise à l’aquabike et au yoga. Je fais attention à ce que je porte, j’évite de ramasser les objets au sol avec ma fille dans les bras.
J’ai appris qu’une femme sur 8 était concernée par ce problème.
Bon courage à toutes !
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Bonjour, je m’appelle Nathalie. C’est moi qui ai créé ce blog en 2011. Au début, il était exclusivement dédié à l’organisation de mariage, aujourd’hui on y parle également de maternité et de voyages. Je suis maman d’une petite Louise depuis décembre 2015. C’est moi qui corrige et édite vos témoignages. Ce blog est mon travail à plein temps depuis 2012. N’oubliez pas de vous inscrire à la newsletter pour ne rien rater !
Bonjour, je tombe sur votre article en faisant des recherches sur le sujet et je dois avouer que je me sens beaucoup moins seule maintenant. Je vis avec une descente d’organes depuis l’âge de 33 ans. Elle a été découverte environ 2 ans après la naissance de mon fils qui faisait 3,6kg. J’ai accouché par voie basse. En même temps, on m’a découvert une double scoliose. Depuis ce jour, tout n’a fait qu’empirer. Obligée de changer beaucoup de mes habitudes en terme d’activités physique. Le prolapsus concerne les 3 organes. La vessie, l’utérus et le rectum. J’avais de petites fuites urinaires depuis quelques années lorsque je toussais ou eternuais. Mais depuis quelques mois, ça a empiré. Je n’arrive plus à me retenir. Les fuites sont plus conséquentes. Je suis séparée du père de mon fils depuis 10 ans. Mon fils va avoir 13 ans. J’ai eu des relations avec des saignements pendant les rapports, des douleurs et pareil, des pertes de sensations. Je suis extrêmement gênée, car célibataire et je n’ai toujours pas résolu mon soucis de saignements lié à une atrophie (je suis en peri ménopause). Ma scoliose s’est aggravée, ma descente d’organes aussi. Bref c’est pas la joie. Cela m’inquiète pour refaire ma vie. Je me dit que cela va être compliqué de trouver un homme compréhensif. J’ai un stérilet. Le kyleena. Il va falloir le retirer, car je peux sentir le fil rien qu’avec mon doigt. Rien n’est à sa place à l’intérieur. Ça fait flipper quand je mets mes ovules le soir (du coup, j’ai un traitement à base d’ostrogenes). Je vais sûrement être opérée à terme. Mon médecin me l’a confirmé avant hier. Mais je doute que l’opération résolve tout et que ça tienne dans le temps. Pareil, des douleurs dans le bas ventre. Un transit difficile, de la constipation. C’est vraiment pénible au quotidien et le pire sont les fuites urinaires. Dur de sortir de chez soi quand on a tjs envie de pipi ! Bon courage à toutes !
Bonjour,
J’imagine bien la détresse liée à ce prolapsus aussi précoce. J’ai ce type de problème depuis plusieurs années, sur lequel un nom a été mis quand j’avais 40 ans et une boule a l’entrée du vagin avec grosses difficultés pour à la selle. J’ai cherché sur internet ce que ça pouvait bien être. C’était une rectocele, une descente du rectum. Comme j’avais eu 3 enfants dont 2 de plus de 4 Kg, le gynécologue que j’ai vu à l’hôpital Montsouris à Paris à confirmé le diagnostic. J’ai eu une opération par cœlioscopie, une promontofixation qui a réparé le problème. 4ans après, ça a recommencé et j’étais désespérée, voyant la ménopause approchée et me sentant très mal psychologiquement face à mon image corporelle. J’ai beau avoir un mari très compréhensif, j’avais du mal à me supporter, je devais absolument aller à la selle le matin avant d’aller au travail pour ne pas sentir cette compression toute la journée. Difficile en week-end chez des amis, besoin d’utiliser un laxatif et d’avoir les toilettes à dispo. Finalement, par manque de choix et peu de prise en compte par le corps médical, j’ai appris à faire avec car jusqu’à il y a quelques années, je ne pouvais pas être opérée à nouveau car ça risquait de ne pas marcher. J’ai continué à chercher des moyens de résoudre ce problème et j’ai entendu parler du pessaire cube du Dr Arabin. Ma gynécologue ne connaissait pas et j’ai pris rendez vous avec une sage femme dont j’ai vu une vidéo sur YouTube. Elle m’a expliqué l’intérêt de ce dispositif, expliqué la pose et le retrait . J’utilise ce cube désormais qui se met comme un tampon et se retire le soir . J’ai pu reprendre une vie normale, du sport comme avant. J’ai 62 ans à présent et j’espère que ce témoignage donnera confiance à toutes celles qui souffrent de cette pathologie qui gâche la vie.
peut-on avoir des nouvelles suite à ce témoignage?
Bjr.
Puis je savoir les coordonnées de l’ostéopathe
Bonjour,
Merci beaucoup pour ce témoignage rare et précieux!
Après 2 accouchements par voie basse, et derrière chacun une rééducation correcte, me semblait-il mais très peu éducative, j’ai du subir quelques années plus tard une hysterectomie et ovariectomie.Donc ménopause, à 42 ans. Et petit à petit, des fuites urinaires, des douleurs au pelvis, etc… ce que vous décrivez très bien. Idem, un « petit » prolapsus non opérable, et aucune prise en considération de la gêne, de la douleur, de l’inconfort quotidien. Peur de faire du sport (et je ne m’étends pas sur les problèmes vésicaux associées). J’hésite à me remettre à la randonnée, car c’est après avoir marché 20 km et eu particulièrement mal que je me suis décidée à consulter.
D’ailleurs, avez-vous repris la randonnée?
merci encore d’avoir témoigné!
Merci d’en parler. Moi j’ai 37 ans et je suis enceinte de 4 mois (1ere grossesse) et j’ai un prolapsus de niveau 3. Mon Gynécologue me dis qu’il n’y a rien à faire si ce n’est de me ménager ou si ca le fait il me fera un cerclage. Moi je sais en qui j’ai cru. Jésus qui a ressucité Lazare va me permettre de mener ma grossesse à son terme. Après je verrai si je dois me faire opérer ou pas. Courage à toutes ses braves dames qui en souffrent
Bonjour Gabrielle, j’aimerais avoir de vos nouvelles??? Comment se passe ou s’est passé votre grossesse par la suite???? Et votre accouchement si cela a déjà eu lieu???
Bonjour, merci pour votre témoignage car on n en trouve pas énormément sur les forums français !
J ai eu aussi la mauvaise surprise de découvrir cette fameuse boule à l entrée du vagin 6 semaines après mon accouchement. Quelle frayeur ! J ai eu un accouchement avec forceps et personne ne m a prévenue que celà pouvait favoriser une descente d organes et qu il faudrait que je me ménage pendant longtemps après la naissance.
La rééducation perineale n a pas permis d améliorer la situation d autant que j allaite et que celà semble avoir une influence sur la tonicite musculaire.
Personne ne m a parlé du pessaire. C est en consultant des sites anglais et américains que j en ai appris l existence. Ensuite j ai mis du temps à trouver une sage femme qui puisse m indiquer quelle taille me convient.
Maintenant j en porte un depuis 5 semaines, que je mets chaque matin et enlève chaque soir. Cela soulage complètement la sensation de pesanteur et je ne sens plus mon col faire le yoyo dès que je marche un peu vite. Mais j ai maintenant des petites fuites urinaires…
Je ne sais pas si une nouvelle grossesse est possible avec un prolapsus d autant que vu mon âge il faut qu on se décide rapidement ! Mais si j ai la chance de t à nouveau la vie je demanderai une césarienne. Car les 6 premiers mois avec mon bébé ont été un peu assombris par cette descente d organes. Et que dire des années à venir…
Merci Lucie pour ce témoignage et Joanne pour ton commentaire.
Je suis dans la même situation et c’est très dur à vivre. J’ai trouvé pas mal de choses en anglais mais le tabou est encore grand en France! Où en êtes vous psychologiquement et physiquement? Vivez vous une vie normale? Je me sens vraiment limitée par la peur d’aggraver les choses depuis mon diagnostic…
Plein de belles pensées pour vous!
Bravo d en parler ! C est très fréquent en effet ! Il faut vraiment attendre avant de refaire des abdominaux, et bien se reposer pdt le grossesse, même si on se sent bien. Je ne sais pas pourquoi on n en parle pas plus.
Bonjour,
Je souhaite tout d’abord saluer votre courage de parler de ce problème que peu de femmes connaissent et dont on ne parle pas beaucoup…
Je suis préparatrice en pharmacie et il m’est arrivé quelques fois de devoir commander un pessaire pour des patientes atteintes de ce même type de pathologie. Il s’agit d’un dispositif inséré dans le vagin ou l’anus pour éviter cette descente d’organe. Peut-être en avez vous déjà entendu parlé? Cela pourrait peut-être vous soulager.
J’espère que vous trouverez une solution qui vous soulagera et vous permettra de vivre plus sereinement.