Le témoignage de Victoria met des mots sur deux choses que vivent de nombreuses femmes quand elles deviennent maman : la dépression post-partum quand on a un BABI (Bébés Aux Besoins Intenses). Mademoiselle Loulou avait un RGO et je me souviens de toute ce désespoir que j’ai ressenti, quand après un mois d’arrêt, mon mari est reparti travailler. Le même que celui de Victoria. J’en parlais dans cet article. Il faut absolument sortir de ce tabou et arrêter de dire aux jeunes mamans qui vivent cet enfer que « c’est normal ». Les pleurs de bébé sont sûrement la chose la plus difficile à gérer quand on devient maman. Son témoignage serre le coeur, mais il est une réalité qui heurte énormément de jeunes mamans. A lire absolument.
{Témoignage} Dépression post-partum, BABI, je me sens coupable
Bonjour à toutes et à tous,
Je suis maman d’une petite fille miraculeusement joyeuse. Elle a un peu plus d’un an et c’est une bombe de vie et de bonheur.
Récemment, j’ai relu ce texte que j’avais écrit quand elle avait deux mois.
« Il est 13h26.
Papa rentre à 18h, Maman écrit cet article sur son téléphone, d’une seule main parce Bébé dort –enfin — sur son bras gauche. Sommeil bien trop miraculeux pour être perturbé par une maman assez bête pour vouloir du confort.
J’ai faim, j’ai soif, j’ai envie de faire pipi, et YouTube est en train de me passer une chanson que je n’aime pas, mais je ne bougerai pas.
Cette enfant est née il y a 2 mois et demi, d’une maman heureuse et d’un papa formidable.
De retour à la maison, nous étions une jolie famille sereine. Son papa avait un mois de congé : deux semaines de congé paternité, et deux semaines de vacances. Sa maman ne pouvait pas trop se déplacer, mais papa était là.
Voilà 1 mois et demi qu’il est retourné travailler, et me voilà, immobile sur le canapé, pleine de vomi, de bave, de lait, et de larmes. Les siennes et les miennes.
Mon historique est rempli de recherches contenant les mots « bébé », « comment » et « pourquoi ».
Tout à l’heure, à 18h, il aura le temps de poser ses affaires et de passer aux toilettes, pendant que j’attendrai ma libération, le visage hagard, alors que lui rentrera d’une fatigante journée de travail.
On lit partout que la sécurité affective des bébés est cruciale pour leur bon développement. Qu’ils sont des éponges à émotions.
Alors quand ma fille hurle dans mes bras, et que je suis en sanglots, fatiguée et incapable de la consoler, quand j’ai le sentiment d’être la pire personne au monde et de ne pas mériter les sourires qu’elle peut m’adresser, et quand je rêve du soir et du week-end où on est trois et heureux, je me demande comment on peut faire quand on est seule, et j’accuse la société d’attendre de moi que je m’en sorte. (…)
Lui travaille toute la journée et lit régulièrement les messages de détresse que je lui envoie, mais il est impuissant. (…)
Je suis malheureuse de ne pouvoir lui offrir qu’un lit, de la nourriture et des couches ; les bébés ont aussi besoin de notre temps, de notre bien-être et de notre amour. »
J’ai écrit ce texte il y a un an, quand ma fille avait 2 mois et demi. Maintenant, je le relis, et je pleure encore.
Parce que ça fait un an, mais je n’ai pas cicatrisé de ces violences : celle que j’ai subie, la violence de l’abandon forcé de mon mari, forcé par la société qui n’imagine pas qu’un papa doit s’occuper de son enfant. Mais surtout, la violence que ma fille a subie, celle d’une mère au bout du rouleau qui hurle plus qu’elle ne pleure. J’ai été impatiente, méchante, brutale, mauvaise, incapable de faire mieux.
Ma fille était un BABI et on n’en a rien su. Elle était en bonne santé et c’était tout ce qui comptait pour les professionnels de la santé qui nous entouraient.
J’étais dépressive, mon mari était inquiet, et ça n’avait d’importance pour personne.
Je pense souvent au mal que j’ai pu lui faire, quand elle pleurait et que je n’avais plus la force de l’aider, quand elle voyait tous les jours que la personne qui devait la protéger n’était pas capable de se protéger elle-même. Quand elle a reçu des cris à la place de la tendresse dont elle avait besoin. Quand elle me voyait crier, pleurer, la faire pleurer, puis la consoler avec amour et regrets…
Je n’ai toujours pas mis le nom de « dépression post-partum » sur ce que j’ai traversé et traverse encore, parce que « C’est normal, un bébé ça pleure, c’est difficile, c’est les hormones« . Ce n’est pas ma fille qui m’a rendue malheureuse.
Ce sont tous les autres.
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GipsyDangerFR08 dit
Merci pour ce témoignage qui m’a ramené 4 ans et demi en arrière, après la naissance de ma fille. J’ai vécu un accouchement difficile qui s’est terminé en cesarienne en urgence, j’avais la trouille et puis, comme on était un 11 novembre, jour férié, le papa n’a pas pu m’accompagner… j’ai vécu l’enfer… ma fille n’a pas pleuré quand on elle est sortie de mon ventre, j’ai paniqué… bref l’horreur… bébé en couveuse alors que je pensais qu’elle serait en peau à peau avec son papa… et puis papa a repris le travail après les 3 jours suite à la naissance et là mon monde s’est effondré… je suis restée 1 semaine en maternité et ma famille et mes amis étaient loin… je me suis sentie abandonnée… et puis Julia a fait un gros RGO, elle pleurait H24 et ne dormais que dans notre lit… je lui ai hurlé dessus plus d’une fois pour qu’elle se taise, et j’en passe… j’étais au bout du rouleau, la nuit tombée j’angoissait car pendant 6 mois elle m’a réveillé toutes les heures… aujourd’hui je suis enceinte de 3 mois mon 2e bébé. Le papa, qui n’est pas le même que celui de ma fille, est très présent et me soutiens énormément, mais malheureusement je suis en pleine dépression… a seulement 3 mois de grossesse… bah oui… je ne me sent pas enceinte, je me sent malade (nausées +++, grosse perte de poids, tension à 8-9, stress du boulot, brûlures d’estomac et sans compter que je n’ai rien avalé de très consistant depuis 2 mois…). Aujourd’hui en arrêt de travail et ce jusqu’à mon congé maternité (mon médecin ne rigole pas avec la dépression pendant et après la grossesse…), je me sent déjà un peu soulagée, je me suis remise à lire énormément et à faire des activités manuelles (diamond painting) pour passer mes journées et je reprend petit à petit goût à la nourriture et à la cuisine… tout s’arrange un jour mais c’est parfois difficile de voir le bout du tunnel avant d’être soi même au bout…du rouleau. Courage les moms et futures moms, vous déchirez 💪💪💪
Soph dit
Merci Victoria pour ce témoignage.
Je pense que beaucoup de mamans / parents de BABI se reconnaîtront dans ces écrits. Ca « fait du bien » de lire ça, non pas de voir d’autres personnes en galère, mais juste de se rendre compte qu’on n’est pas seuls, que c’est pas « parce qu’on fait mal avec notre enfant », comme la société nous le rabâche à chaque fois qu’on essaye de trouver un peu de soutien.
Vous l’aurez compris je suis maman d’un petit loulou hypersensible / BABI et je suis moi aussi passée par cette phase difficile et solitaire. Solitaire parce qu’on se sent tellement incompris, du monde médical en général (oui bébé va bien, ses parents par contre, ha mais Madame c’est normal un enfant c’est fatiguant, ha pardon merci) mais pour notre part aussi et surtout de notre entourage, en majorité jeunes parents d’enfants lambda. Et pour moi c’est ce qui a été le plus dur à accepter, accepter d’arrêter d’en parler pour arrêter d’avoir des conseils pourris non sollicités (genre laisse le pleurer, arrête de l’allaiter), des remarques du genre « non mais les BABI ça n’existe pas » alors que ça m’aurait fait tellement de bien de pouvoir en parler… J’ai finalement trouvé de l’écoute (une vraie écoute) et du soutien au bout d’un an sur le forum BABI (chercher BABI forum actif) et auprès du CMP (psy pour enfant mais en vrai ce sont les parents qui en avaient besoin) et quelques conversations avec des amis d’amis qui avaient eu des enfants hypersensibles.
Mon seul conseil c’est de trouver des gens « qui peuvent comprendre et écouter », mais c’est malheureusement beaucoup plus facile à dire qu’à faire. Et de ne pas comparer avec les autres enfants (conseil de la psy mais c’est dur).
Le temps fait le reste, chez nous la marche et la parole ont permis à petit loulou d’être moins frustré et de mieux dormir. On m’avait un jour dit « ça donne des enfants passionnants ». C’est vrai. Et puis un jour on arrive à profiter de son enfant, c’est long, très long, mais ça arrive. Courage.
@Marine P : Si tu me lit et que tu veux me contacter, demande mon mail à la mariée en colère.
Marine P dit
Merci pour ce témoignage qui met des mots sur ce que je ressens également, ça soulage de voir qu’on n’est pas un cas isolé.
Ma fille a 8 mois, le sourire aux lèvres en permanence tant qu’elle est dans mes bras, des yeix curieux et une envie de découvrir qui croit chaque jour un peu plus.
Mais c’est aussi un BABI, je ne peux pas la poser, elle ne dort que sur moi et hurle à s’en étouffer si je l’allonge 5 mn.
Tout prend des proportions catastrophiques, aller aux toilettes, ouvrir au facteur ou prendre une douche prend des allures d’exploit …
Elle ne peut dormir que dans notre lit.
Les beaux principes ? Je me suis assise dessus, depuis qu’elle est née je fais ce que je peux, pas ce que je veux.
Je suis épuisée, irritable, je pleure pour un rien, je n’ai pas dormi plus de 4h d’affilée depuis 8 mois.
Je l’aime de tout mon coeur, je l’ai désirée plus que tout, mais je suis au bout du rouleau.
Mais le pire, c’est de ne pas pouvoir en parler, de se faire juger, mépriser, railler.
De se sentir impuissante et de culpabiliser, parceque le temps passe et qu’on voudrait être meilleure, profiter plus… mieux
Entendre que je fais mon malheur seule à vouloir l’allaiter, qu’un bébé ça pleure et que je n’ai pas à me plaindre, elle est en bonne santé….
Er pleurer. Merci, merci d’avoir assumé d’en parler librement, courage.
Anne Laure BENIER dit
Victoria, merci de ce témoignage que j’aurais pu moi même écrire il ya presque 7 ans lors de la naissance de mon fils aîné. J’avais 23 ans, aucune experience en matière de bébé, et la première année de vie de mon petit Chaton a été un véritable enfer pour moi. Tout d’abord, un accouchement qui s’est terminé en césarienne d’urgence et la sensation d’être une incapable (ben oui à 23 ans ne pas avoir accouché par voie basse, faire du peau à peau avec son bébé, la tétée de bienvenue et tout c’est con mais c’est crucial on se voit comme dans les soaps américains souriante, pas décoiffée une heure après l’accouchement….), des violences obstétricales (paroles violentes du personnel tout le long de mon séjour à la maternité sur ma prise de poids, ma détresse face à un bébé qui hurlait…), un papa pas des masses investi et surtout l’incompréhension totale de mon entourage face à la tristesse que je ressentais. Et les petites réflexions assassines « Mais arrêtes de te prendre la tête ton bébé est en bonne santé, césa ou accouchement par voies basses c’est pareil! », « Ah ben moi j’ai eu pire j’ai eu une épisiotomie c’était bien plus douloureux! », « Mais arrêtes de pleurer et bouges toi t’as rien foutu de la matinée à part allaiter ton fils »… 7 ans après ma gorge se serre en te lisant, je te serre virtuellement dans mes bras et te dit bravo ma belle, tu as traversé ces épreuves et tu es sortie vivante de cette tempête!
Breviere clémentine dit
Votre message est extrêmement touchant et criant de vérité pour les mamans que nous sommes…merci pour les mots que vous avez mis sur vos/nos maux.. je vous souhaite le meilleur du monde avec votre bébé et son papa, d’être heureux tous les 3.. il y a tant à faire pour lever les tabous et faire cesser cette violence ravageuse. Prenez soin de vous, vraiment. Je vous embrasse
Blandine D dit
Sans avoir un BABI, j’ai également traversé plusieurs mois très compliqués après la naissance de mon 1er enfant.
Le conseil que je pourrai donner c’est celui de sortir et de parler, d’échanger avec des personnes bienveillantes. Cela peut être avec ses amies, sa famille, ou des professionnels. Il est possible de participer à des ateliers massage pour bébé (proposés dans certaines maternités), à des temps d’échanges entre parents.
Cela m’avait fait du bien.
Je suis enceinte de mon 2eme enfant et je redoute à nouveau les mois suivants la naissance…
La 1ere année du bébé est effectivement une période délicate, ensuite j’ai trouvé cela plus facile 🙂
Courage à tous les parents concernés.
Claire dit
Comme je te comprends. Mon fils de 21 mois est un hypersensible (ou un BABI si on veut), et j’ai bcp bcp pleuré avec lui la 1ère année.
La reprise de travail de mon mari a été un déchirement.
Je suis retournée travailler lorsqu’il avait 3 mois, à la fois rongée par la culpabilité de laisser mon bébé et ce sentiment de libération…
Il a dormi avec nous pdt 1 an, et nous ne pouvons tjs pas le faire garder pour un week-end.
Mais son hypersensibilité en fait un enfant plein d’empathie,curieux et attentif. Sa nounou me disait pas plus tard qu’hier comme elle était heureuse de le voir maintenant aussi bien dans ses baskets.
Sans le vivre, personne ne peut comprendre ce que c’est. Cette fatigue, cette culpabilité… Je suis sure que tu fais de ton mieux et que ta fille est une petite personne extraordinaire.
Et pour te donner du courage, passé la 1ère année il y a vraiment du mieux.