Cette semaine (jeudi plus précisément) je vais avoir 35 ans et cette année, a été une année de prise de conscience. Je défends les femmes depuis toujours dans ma vie perso et encore plus depuis qu’on a ouvert la rubrique maternité sur le blog. Mais cette année, mon militantisme a pris un nouveau tournant.
Chaque semaine depuis des mois je vois défiler des articles concernant des féminicides. Toujours plus horribles, toujours aussi insoutenables, toujours autant révoltants. J’avais l’impression que l’on en parlait moins les années d’avant, ou c’était peut-être parce que je ne m’intéressais pas encore à cette partie là du féminisme.
Quoi qu’il en soit, cette année j’ai pris conscience de ce qu’il se passait partout autour de moi, autour de nous. J’ai pleuré à l’annonce de certains meurtres, comme celui de cette maman, que sa propre fille avait vu mourir sous ses yeux, à cause de coups de couteaux. J’ai pleuré quand je me suis rendue compte que l’Etat ne faisait rien de concret pour ces femmes en danger. J’ai pleuré quand j’ai vu les féministes se démener pour essayer de changer tout ça. La solidarité existe, et même si on n’est pas tout le temps d’accord, on avance dans le même sens et c’est ce qui me paraît le plus important.
Mais je crois que finalement, ce qui m’a rendue le plus triste, c’est l’indifférence face à ces tragédies : « ça ne m’arrive pas donc ça ne me concerne pas, ce n’est pas à moi de faire quelque chose« .
Si, on peut faire quelque chose. En parler autour de nous, regarder avec attention les femmes que l’on rencontre pour s’assurer qu’elles vont bien. Qu’elles n’ont pas de bleus ou de coquard, leur glisser le numéro de téléphone du 3919, leur dire que leur vie peut changer, qu’elle doit changer avant qu’il ne soit trop tard… ça n’arrive pas qu’aux autres, ça n’arrive pas que dans certaines catégories socio-professionnelles, et c’est à nous de faire changer les choses.
Qu’on soit simple citoyen-ne ou politicien-ne.
Non ce n’est pas facile, mais c’est toujours mieux que de s’acheter une tranquillité de conscience en se disant « qu’on ne peut rien faire alors à quoi bon en parler ?« .
En 2019, ce blog a eu plus de 2 millions de visiteur ·es uniques, plus de 7 millions de pages vues… un lectorat composé à 90% de femmes. Je prends conscience de l’ampleur de notre travail quotidien.
J’ai reçu sur ce blog des témoignages de femmes battues, j’ai reçu des témoignages de femmes violées par leurs maris et à chaque fois j’ai essayé de les aider, comme je le pouvais. Ce n’est peut être pas grand chose, mais déjà leur faire prendre conscience qu’elles sont des victimes est un premier pas. Les écouter, leur dire qu’on les croit, glisser un petit mot réconfortant, voilà ce qui peut faire la différence, à notre niveau. Briser le tabou qui devient une honte et emmure les victimes.
On peut toutes et tous faire quelque chose.
Et déjà ne pas saper le travail des féministes qui se battent pour faire bouger le gouvernement serait un grand pas. Car c’est un autre argument que j’entends : « le féminisme ne sert à rien« . Oubliant tous les combats menés depuis des décennies qui ont permis entre autre de nous donner le droit de vote, l’accès à l’IVG ou la suppression d’aberrations dans le code civil qui prévoyait que : « le mari doit protection à la femme, la femme doit obéissance à son mari », on décrète qu’aujourd’hui tout va bien, qu’on n’a plus besoin des féministes.
Non, tout ne va pas bien.
Il y a encore le harcèlement de rue, les viols, tous ces couples qui pensent que le « devoir conjugal » est normal et toutes ces femmes qui meurent sous les coups de leur conjoint ou ex-conjoint (liste non exhaustive). Et je ne parle que de la France, car si on regarde à l’étranger c’est souvent bien pire. Des petites filles mariées de force dès leur puberté, excisées, vendues…
Comment peut-on avoir le culot de se bander les yeux et de se boucher le nez pour ne pas prendre conscience toute cette merde autour de nous. J’appelle cela de la lâcheté. Lisez Le Monde, FranceInfo, il n’y a pas besoin d’aller bien loin pour être informé ·e de ce qu’il se passe.
Je vais avoir 35 ans…
et même s’il m’a fallu longtemps pour ouvrir les yeux sur toutes ces choses inacceptables, aujourd’hui plus que jamais je vais continuer à me révolter. Lutter pour briser les tabous, soutenir les victimes et aider les femmes à se libérer de leurs entraves.
Je vais avoir 35 ans et j’ai compris que les combats que je mènerai dans ma vie ne me serviraient pas personnellement. Toutes ces batailles seront pour les femmes qui n’ont pas la chance que j’ai, mais aussi pour toutes celles des générations futures. Car j’ai compris que si je peux être heureuse aujourd’hui c’est grâce à toutes et tous les féministes qui se ont milité pour que je puisse vivre comme je l’entends.
Et si je veux me battre à l’aube de mes 35 ans c’est aussi et surtout pour toutes les petites filles, dont la mienne qui fête aujourd’hui ses 4 ans.
Qu’elle puisse devenir un jour une femme heureuse, qu’elle souhaite se marier ou non, devenir maman ou non, qu’elle ait la liberté d’aimer qui elle veut et surtout qu’elle se sente respectée en tant qu’être humain.
Un cadeau d’anniversaire bien ambitieux mais que j’espère mener à bien.
(Au cas où je me rate j’ai aussi pris une peluche licorne qui fait de la lumière et deux ou trois produits dérivés de La Reine des neiges et de la Pat Patrouille… on ne sait jamais 🙂 )
Au menu cette semaine sur le blog
Côté mariage, demain on parlera blog mariage : quel intérêt d’en faire un pendant ses préparatifs et sur quelle plateforme. Jeudi je vous publie ma séance photo préférée de toute l’année. Un renouvellement de vœux GENIAL d’un couple original et tellement beau ! Enfin, dimanche je vous donnerai plein d’idées pour organiser un mariage sur le thème des fleurs.
Côté maternité, je vous donne rendez-vous dès demain avec le témoignage de Fad, atteinte d’une maladie auto-immune qui lui provoque des fausse-couches à répétition. Puis, Emmanuelle viendra nous parler samedi de son combat pour une première grossesse, qui dure depuis plusieurs années maintenant.
Côté féminité, le sujet de l’IVG sera abordé vendredi avec le témoignage de Fleur qui nous expliquera l’importance de l’accompagnement bienveillant dans ce genre de situation.
Je vous souhaite une bonne semaine <3
Pixie dit
Bonjour,
Je fête également mon 33e automne ce jeudi (team sagittaire en force!), et à cette occasion je voudrais raconter une anecdote qui a eu lieu quelques années plus tôt, au moment où je fêtais mes 18 ans.
Je m’apprêtais à sortir pour fêter cela avec mes amies, et ma mère m’a regardé de pied en cap avant de lâcher le verdict suivant: « He bien avec une tenue pareille, si tu ne te fais pas violer… »
Non, le féminisme n’est pas inutile, le féminisme n’est pas un gros mot qu’on contourne avec des phrases du style « je ne suis pas féministe mais… », le féminisme est vital pour lutter contre les violences faites aux femmes, pour rappeler que les femmes ne sont jamais responsables des violences qui peuvent leur être infligées, et tant d’autres choses encore…
Merci à ce blog d’exister, et de donner la parole aux femmes dans toute leur diversité!
La Mariée en Colère dit
holala, la violence des propos venant d’une maman…
vous avez tuot à fait raison, le féminisme est vital ! merci beaucoup à vous de suivre le blog <3
Flora dit
Très bon article qui devrait être lu par le plus grand nombre. Bonne continuation.
Mélanie dit
Merci pour tout ce que tu fais sur ce blog et celles que tu peux aider ! J’aime lire tes articles et les témoignages même s’ils peuvent me révolter ou m’attrister. Bon courage à toi et à toutes celles qui en ont besoin.
La Mariée en Colère dit
Merci beaucoup à bientôt <3