« Le plus souvent dans l’histoire, anonyme est une femme« . Voici comment commencent les podcast de Charlotte Bienaimé. Une citation de Virginia Woolf qui fait écho en moi. La langue Française elle, non seulement oublie la femme mais lui impose une domination masculine : « Lorsque les deux genres se rencontrent, il faut que le plus noble l’emporte » décrète l’abbé Bouhours en 1675, puis » Le genre masculin est réputé plus noble que le féminin à cause de la supériorité du mâle sur la femelle » renchérit le grammairien Nicolas Beauzée en 1767. Voilà ce que nous apprenons depuis des générations et des générations aux enfants de notre pays. Voilà les principes qui régissent notre vie de tous les jours, tant au niveau du langage écrit que de la parole.
Ces dogmes sont inscrits en nous et tellement ancrés que nous les appliquons le plus souvent sans réfléchir. S’il y a 20 femmes dans une pièce et 1 homme, la règle voudra que l’on dise « comment vont-ils ?« . On oblige les femmes à s’identifier à des généralisations dont elles sont exclues. Il n’y pas longtemps mon mari me faisait lire un post sur Linkedin, écrit par une cadre de son entreprise, concernant une conférence de sensibilisation sur les violences conjugales. J’ai trouvé ça génial que cette entreprise organise ce genre de chose, mais tout étant retranscrit au masculin, sans même mention aux victimes femmes qui représentent 80% des personnes décédées à cause de ce fléau, cela m’a mise en colère.
Notre langue n’est pas égalitaire et n’est pas le reflet de la réalité dans notre société. Ou plutôt elle l’est trop, je ne sais pas. Cet article du huffington post et cet autre de usbeketrica.com décrivent bien les enjeux de la démasculinisation de notre langue.
Je me sens personnellement exclue de l’écriture traditionnelle française
Je ne suis pas un homme, je n’ai pas envie d’être un homme et je ne comprends pas pourquoi je devrais me sentir inclue dans un mot ou un tournure masculine. Je le refuse désormais catégoriquement. Je prends conscience de toutes ces injonctions orales et écrites et milite en féminisant ma prise de parole. Cela me paraît incontournable aujourd’hui, voire même obligatoire pour un monde plus juste.
Le chemin est encore long, je suis la première à employer encore par erreur des tournures masculines par défaut et je refuse de corriger en écriture inclusive les témoignages publiés ici, car j’estime que chaque auteur·e doit s’exprimer de la manière qui lui convient pour paraître au plus juste envers ses sentiments. Et puis je ne suis pas non plus favorable à une sur-féminisation de notre langue avec des recours à des suffixes lourds qui donnent des titres comme « autrice » par exemple.
Pour autant, je souhaite une langue Française plus juste, pourquoi pas avec une utilisation systématique du point médian qui permette de mettre un « e » à la fin des mots sans qu’il y ai forcément besoin que cela s’entende à l’oral. Ainsi on pourrait parler d’auteur·e, d’agriculteur·e, de pêcheur·e ou de rédacteur·e, ou de traiteur·e afin d’inclure tous les sexes dans ces métiers sans avoir à les différencier. De la même manière on pourra parler des invité·e·s de mariage puisque cela nous concerne directement (un jour je prendrai le temps de corriger tous les articles déjà publiés de ce blog, mais comme ça va me prendre 10 ans, j’avoue que je repousse l’échéance).
Et puis plutôt que de dire « il » et « elle », pourquoi ne pas avoir recours au « iel ». Je trouve ce mot joli, chantant et tout à fait représentatif d’une généralité. « Comment vont-iels« .
Enfin, je pense qu’il est tout à fait possible de dégenrer notre langue, grâce à des tournures englobantes. « Comment va ta famille ? » « Tout le monde est en bonne santé chez toi ? » pas besoin du « il » pour définir les gens. « Il y aura combien de convives à votre mariage ?« , « votre traiteur·e, vous l’avez trouvé·e comment ?« .
Ce sont des pistes, mais il n’y a que les gens qui ne réfléchissent pas qui ne font pas avancer les choses…
Je n’ai pas la recette miracle pour faire ce changement qui aura un impact dans notre vie de tous les jours, mais je pense vraiment que le sujet mérite débat, que l’on se doit d’en parler. Surtout au niveau de l’académie Française qui devrait faire l’effort de prendre en considération ces revendications. Car on voit apparaître des réformes aberrantes prônant l’ortografe, l’ognon, ou l’apparition de termes comme « ubérisation », mais années après année les femmes n’ont toujours pas leur place dans notre langue, malgré toutes les requêtes sur le sujet.
La mairie de ma ville communique avec ce langage épicène et je suis vraiment heureuse que ce soit le cas. Bien loin d’être indigeste, je me sens citoyenne concernée grâce à cet effort qui ne devrait pas en être un pour nos dirigeant·e·s. Alors, ce que je retiens, c’est qu’il revient à chacun·e d’entre nous de faire ce travail pour que les choses changent.
Quand vous parlez, quand vous écrivez, demandez-vous si vos formulations peuvent être plus justes ou plus inclusives. Que vous soyez à la tête d’une entreprise, cadre ou simplement employé·e, que vous vous adressiez à des pros ou des proches, chaque petit effort peut faire changer les mentalités.
« Faites ce que vous pensez fondamentalement être juste, car vous serez critiqué de toute façon. Vous serez maudit si vous le faites, et vous serez maudit si vous ne le faites pas. » – Eleanor Roosevelt
Au programme cette semaine sur le blog
Côté mariage, mercredi je vous donne rendez-vous pour découvrir le mariage SUPER CANON de Laurie et Romaric. Vendredi on parlera du prix des cadeaux pour les invité-e-s et enfin, dimanche, on fera une rétrospective des mariages people de l’année 2019 (et de ce qu’on peut en retenir).
Côté maternité, jeudi on abordera le sujet des fausse-couches à répétition, et on vous donne samedi pour un article espoir pour toutes les OPK (et on sait que vous êtes nombreuses ici).
Côté féminité, on parlera dès demain reconstruction mammaire, avec la suite du témoignage d’Elodie qui avait subi une ablation préventive des deux seins. Une étape difficile, autant physiquement que psychologiquement.
Bonne semaine à toutes <3
Aude dit
C’est quoi le problème avec autrice? https://www.huffingtonpost.fr/2019/02/28/autrice-le-feminin-qui-genait-tant-lacademie-francaise-est-tout-sauf-un-neologisme_a_23680379/
Lau dit
Etant un peu plus jeune, j’ai appris que le masculin faisait office de neutre. Après tout, il y a un genre neutre dans beaucoup de langue (anglais, allemand, ect.) et ça me convient de me dire, qu’en français, le neutre s’écrit comme le masculin. Je ne vois donc pas l’intérêt de créer de nouveaux mots pour ce qui existe déjà. Quand à l’écriture inclusive, pourquoi pas, mais ce n’est pas la priorité. Il serait idiot de se concentrer dessus et de passer à côté du message qu’on souhaite transmettre.
Ce que je trouve insupportable par contre, ce sont les gens qui disent « le médecin et l’infirmière » ou « le directeur et la secrétaire » ou « les infirmière en grève ». Je trouve ça très irrespectueux envers les femmes médecins ou directrices et les hommes infirmiers ou secrétaires. Si tout le monde le faisait, cela changerait déjà les choses. Pourquoi ne pas commencer par correctement utiliser notre langue plutôt que de vouloir la changer ?
La Mariée en Colère dit
Du coup j’ai une question par rapport au blog. Puisque vous êtes quelques-unes contre l’écriture inclusive, comment devrais-je écrire sur le blog puisque le lectorat est composé à 95% de femmes et traite de sujets très féminins ? Dois je vous écouter et tout rebasculer au masculin pour coller au français que vous plébiscitez ou alors dois-je continuer à écrire à la fois en féminin et parfois en inclusif (pour inclure les hommes qui peuvent être intéressés par certains sujets ?). Votre avis m’intéresse grandement sur la question car j’ai l’impression que cet avis très tranché sur l’écriture inclusif ne prend pas en compte ce genre de particularité. merci pour votre avis
Sereno dit
Rien de particulier ne m’a jamais sauté aux yeux dans mes lectures sur ce blog…après, je n’analyse pas mes lectures, tant que je comprend le sujet je ne fait pas attention à la forme.
c’est a vous de décider comment vous souhaiter ’écrire votre blog.
Moi je pense juste que l’impact de la linguistique sur une éducation n’est pas assez importante pour influencer les relations homme/femme et l’image des hommes et des femmes. Car a mon sens la grammaire n’a pas de lien avec le comportement sociétal.
il ya bien longtemps que la devise de notre pays est liberté, égalité, fraternité…et pourtant on en est loin… et je ne pense pas que liberté.e, égalité.e fraternité / sororité aurais changer cet état de fait…en écrivant je me rend même compte ça clive encore plus les hommes et les femmes
les hommes d’un coté du point et les femme de l’autre coté…
( je ne trouve pas le point median sur mon clavier)
Lucie dit
Voilà un édito qui a le mérite de faire parler autant sur les réseaux que sur vitre blog. Le sujet est vraiment intéressant et j’aime votre point de vue non extrémiste sur la situation.
Je suis d’accord sur le fait qu’il soit nécessaire de degenrer la langue française, les personnes qui ne se sentent pas concernées sont encore bien trop ancrées dans le patriarcat pour comprendre.
Le féminisme n’a pas de petit combat, degenrer la langue en fait partie.
Lucie
Lulu dit
Il y a des progrès à faire pour l’égalité homme/femme, c’est sûr, mais pour autant, je trouve cet édito un peu excessif – opinion perso mais je donne quand même, nah!
Disons que je m’effraie plus de voir les gens ne pas faire la différence entre « je sais » et « je c’est » ou « je ses », que de les voir employer « il » de façon neutre. Pour moi ça n’a jamais été parce que le masculin est plus noble que je l’utilise. Alors d’accord, le iel est tout à fait envisageable et j’aime quand les textes font l’effort de l’intégrer, mais mettre un point et un e à tout, c’est abusif et ça marque plus selon moi une volonté d’exclure le masculin plutôt que d’inclure le féminin.
Sinon il faudrait aussi dégenrer des noms comme « UNE folie », « UNE hystérie » car on considèrait avant que c’était des attributs typiquement féminins.
Et il y a aussi les qualificatifs plus féminins que masculins. On n’entend pas souvent dire d’un homme qu’il est joli!
Bref, même si au 17è, c’était pensé de façon machiste, aujourd’hui « ils » est pensé de façon neutre, en tout cas c’est ce que j’ai appris à l’école en 2000. Ce n’est pas un système parfait, certes, mais je ne trouve pas ça problématique non plus. Alors ceux/celles/ceulles/ceux.lles qui ne pensent pas comme moi et veulent vraiment dégenrer la langue française, comment feraient-ils/elles/iels, eux/elles/eulles/eu.elles.x? N’y a(ont) t-ELLE(S) pas des situations où il (elle?) suffit d’élargir son esprit au lieu de le changer?
La Mariée en Colère dit
Bonjour Ludivine, je comprends votre point de vue mais justement, c’est votre jugement sur l’écriture inclusive qui est excessif comparé à mon édito qui essaie de tempérer un petit peu les extrémismes. Beaucoup font des fautes d’orthographe, certes, mais si l’écriture inclusive est apprise dès le plus jeune âge il n’y aura aucune différence. Au contraire, cela pourrait même sûrement simplifier quelques règles ? D’autre part comme je le dis au début de mon commentaire, j’ai un point de vu beaucoup plus tempéré que le vôtre, le but n’est pas de tout changer de but en blanc, simplement de faire évoluer la langue française pour qu’elle tende vers l’égalité.
Le service communication de la ville où j’habite écrit en inclusif et ce n’est pas du tout un soucis. Vous avez un point de vue extrême sur ce qu’est l’écriture inclusive alors que comme pour tout, il y a différents degrés.
Votre commentaire n’est pas écrit en écriture inclusif du tout, il est écrit en l’idée que vous vous faîtes de ce que c’est.
Par contre ma réponse est écrite en inclusif, les termes sont choisis pour être non genrés et respecter la langue française, et si je ne vous l’avais pas dit, vous n’auriez même pas vu la différence 🙂
au plaisir d’échanger avec vous 🙂
Lulu dit
Coucou,
Sisi, j’ai compris votre point de vue et comme je le dis le « iel » pour moi est une bonne chose.
Par contre je parlais à ceux et de ceux qui veulent une langue française totalement dégenrée – un peu à l’extrême de ce que vous citez donc c’est vrai que j’ai sans doute dévié du sujet.
Mais étudiant la linguistique en majeure, j’en vois beaucoup par exemple qui veulent qu’on change « il y a » parce que c’est « il », changer le genre de « couple » parce qu’il implique un homme et une femme, et trouver un nom pour citer un couple homosexuel… C’est un débat que je trouve abusé, parce que les mutations dans les langues et leur écriture se font toujours sans forcer. C’est leur intégration officielle qui se fait dans un débat de grosses voix (D’ailleurs quand on en parle en cours, ça vire vraiment à l’absurde)
Regardez quand en 1990 on a réformé l’orthographe pour imposer l’écriture « nénufar » et que presque personne ne l’applique.
‘Fin bref, j’ai parlé de dégenrer, alors qu’ici on parle de démasculiniser. Je sors —> [ ]
La Mariée en Colère dit
ha oui mais là je suis carrément d’accord il ne faut pas faire n’importe quoi ! comme toujours il y a des extrémistes ce qui n’est pas mon cas. Un couple reste un couple je suis tout à fait d’accord 🙂 merci beaucoup pour votre retour en tout cas 🙂
Sereno dit
La langue française est déjà si compliquée entre les règles de grammaire d’orthographes et leurs exceptions…si maintenant il faut compter les participants pour savoir comment écrire un compte rendu, réfléchir a savoir si il faut un point médian ou pas.
Certes notre société patriarcal a fait un choix pour leur camp, lorsque il fallu choisir un moyen pour simplifier notre langue ( et en même temps que pouvait-on attendre de la part d’hommes du 17eme siecle?). Certes la société a évoluer et aujourd’hui nous n’avons plus les même croyance qu’à cette époque. Mais a l’école, il y a 30 ans je n’ai pas appris l’avis de ces hommes, mais tout simplement qu’en grammaire en présence de masculin (et non pas d’hommes) et de féminin ( et non pas des femmes) le masculin (le genre pas le sexe) l’emporte . exemple: la pomme, la poire et le citron sont bons.
Aujourd’hui plutôt que de passer X temps a réapprendre notre langue, je pense qu’il vaux mieux passer ce temps a éduquer nos enfants a l’égalité homme femme de manière pratico-pratique au quotidien (jeux de filles jeux de garçon, vêtement de fille, vêtement de garçon, métier de fille, métier de garçon, les petite fille comme ci les petits garçons comme ça…) et de laisser la grammaire à sa place de grammaire et de ne pas se sentir dévalorisée quand j’ecrit: » mon mari et moi sommes intéressés par cet article ».
Sarah dit
Je n’aime pas du tout l’écriture inclusive qui rend un texte totalement indigeste à lire. Et tout ça pour quoi ? Le féminisme ne se situe pas à ce niveau à mon avis. Doit-on surveiller tout son langage et le mesurer à l’aune d’une certaine définition du féminisme qui tourne à l’idéologie (ça fait un peu penser à Orwell d’ailleurs) ? Non merci, je refuse cette conception. La langue s’adapte aux évolutions de la société et c’est très bien. Mais attention à ne pas tomber dans l’absurde et à devenir des gendarmes de la langue politiquement et idéologiquement correcte.
Marie Noëlle dit
La langue ne s’adapte pas du tout aux évolutions de notre société ! Elle reste sexiste et masculine. C’est au contraire un enjeu majeur pour faire évoluer le statut de la femme.
Merci pour cet article