Il y a deux ans, Elodie était venue nous raconter son histoire, celle de l’ablation préventive de ses deux seins à cause d’un gros risque de cancer (à relire ici). Aujourd’hui, elle revient pour nous parler de la suite, de sa reconstruction physique qui a été très difficile autant physiquement que psychologiquement.
{Témoignage} Ablation mammaire préventive : se reconstruire physiquement et psychologiquement
Bonjour !
Je reposte apres presque 2 ans !
Lorsque j’ai envoyé mon premier témoignage, je venais juste de subir mon ablation preventive des seins, après 11 ans de suivi pour une mutation génétique brca2.
Suite à cette ablation, j’ai eu 4 mois après ma première liposuccion pour ma reconstruction.
Prélèvement fait au niveau du bas ventre pour cette première.
La convalescence a été très bonne, 10 jours après je cavalais comme un lapin en vacances !
La deuxième intervention a eu lieu 3 mois plus tard
Prélèvement au niveau du ventre tout le côté gauche cette fois.
Ça a été un peu plus douloureux mais gérable malgré tout.
Après 15 jours de vacances, je reprends le travail avec enthousiasme.
Mais je déchante très vite. Après 3 interventions en 7 mois, mon corps fatigue beaucoup. Mes collègues me trouvent très pâle et me disent de rentrer chez moi. Je refuse, je ne suis pas malade, mon médecin estime que je peux reprendre, je reprends !
Je tiens tant bien que mal jusqu’aux vacances de Noël.
Allant de gauche à droite pour la famille et amis, des vacances très peu reposantes…
Je reprends début janvier, encore plus fatiguée que je ne l’étais. Au travail, avec la direction, ça ne se passe pas bien du tout, je subis pendant 1 mois, jusqu’au rendez-vous avec mon chirurgien pour ma prochaine intervention prévue début février.
Il me voit dans un état de fatigue avancé, et me dit de me mettre en arrêt sur le champ au risque de ne pas être opérable le jour J.
Le lendemain, je vais voir mon médecin traitant et je craque. L’ambiance au travail qui est détestable à souhait, le harcèlement que je subis de la part de la hiérarchie, je n’en peux plus…
Jour de mon arrêt, ma petite puce de 5 ans attrape la grippe.
Vu mon état de fatigue, je ne me fais guère d’illusions, l’opération sera probablement annulée…
Je me gave de produits naturels pour tenir le coup, mais deux jours avant l’opération, je suis à 39 de fièvre.
J’appelle l’hôpital pour le signaler, l’opération est annulée.
Le problème ? Pas de date avant la fin juin…
Sachant que la prochaine intervention était prévue fin mai, je leur dis de laisser tomber et je m’effondre…
La seule chose qui me permettait de tenir le coup, ces opérations à cadence régulière jusqu’à reconstruction totale, tout ça a volé en éclat en 2 mn…
Je retourne voir mon médecin, je suis au bord du burn-out, pas question de reprendre le travail pour le moment.
2 mois très compliqués pour moi, je suis au bout du rouleau, je n’accepte pas mon corps, je n’accepte pas cette pression que j’ai subis au travail, alors que jusqu’à présent, mes opérations étaient toujours tombées pendant les vacances pour justement ne déranger personne.
Je lutte pour chaque acte de la vie courante, je ne suis plus que l’ombre de moi-même, le simple fait de se lever le matin est une souffrance…
J’appelle régulièrement l’hôpital, afin de leur demander de penser à moi si jamais il y avait un désistement.
Je n’y crois pas de trop…
J’essaie de reprendre tant bien que mal le cours de ma vie.
15 mars, je vais chez une amie, sur la route le téléphone sonne, je m’arrête, je décroche, c’est l’hôpital, il y a eut un désistement pour la semaine prochaine, le délai est court mais est ce que c’ est bon pour moi ?
Oui oui oui sans hésiter oui !!
Le lendemain rdv en urgence avec l’anesthésiste et le chirurgien. Tout est ok.
Troisième opération de reconstruction
3eme intervention, il me prélève au niveau du flan droit et du haut de la cuisse droite.
Les suites opératoires deviennent un peu plus compliquées. C’est douloureux, j’ai beaucoup de mal à marcher, dormir, mais je m’accroche, il le faut j’en suis à un plus de la moitié maintenant !
Je me laisse 15 jours de convalescence et je décide de reprendre en mi-temps thérapeutique 1 mois, histoire de laisser le temps à mon corps d’encaisser cette 4 ème anesthésie.
Au boulot c’est toujours la galère, je subis encore et toujours, mais j’ai pris la décision de finir mon contrat et de ne pas le renouveler. Je décide de prendre le contre pieds et de ne plus me laisser marcher dessus.
J’ai suffisamment subi…
Je tiens le coup jusque début juillet, je dis les 4 vérités à ma direction et je m’en vais sans me retourner…
Fin juillet 4ème étape de ma reconstruction
Cette fois, le chirurgien prélève au flan gauche et le haut de la cuisse gauche.
Récupération très difficile, les sites de prélèvements sont très douloureux, je lutte encore.
Il faut plus de 3 semaines à mon corps pour ne plus avoir d’hématomes, être un petit peu moins fatiguée.
Entre temps, début octobre, nous déménageons dans le sud.
1 semaine après je dois remonter en Normandie pour ma 5eme et dernière reconstruction.
Jour J, je ne suis pas seule, ma meilleure amie est là et m’accompagne pour cette dernière, je lui serai toujours reconnaissante d’avoir été à mes côtés !
L’opération se passe bien, bien mieux que les fois d’avant même !
L’anesthésiste a changé une molécule, je me réveille bien, je suis bien, ça y est c’est fini, c’était la dernière !
Après 2 jours auprès de ma meilleure amie, je reprends l’avion tant bien que mal et rentre à la maison.
La douleur se réveille.
Le dernièr prélèvement a eut lieu au niveau des cuisses des deux côtés.
Plus les jours passent, plus la douleur augmente, je ne peux plus marcher, la codéine ne fait rien, l’accupan ne fait rien, je souffre atrocement.
Je prends la voiture tant bien que mal pour aller voir mon médecin traitant.
Plus d’1h d’attente insoutenable tellement j’ai mal.
Il me met sous morphine.
Je rentre chez moi, prend les comprimés de morphine et me couche.
Je dors mal, ma douleur est toujours insoutenable.
Le lendemain, désespérée, je fais le 15.
Je tombe sur un adorable médecin qui me dit qu’il n’est pas normal que souffre à ce point. Il veut vérifier qu’il n’y a pas d’infection, il m’envoie une ambulance.
Les ambulanciers arrivent, me posent des questions, prennent mes constantes. La douleur est telle que je suis en tachycardie et hypertension.
Ils m’emmenent.
J’arrive aux urgences, j’avais espoir d’avoir au moins une perfusion pour que ça agisse plus vite mais non.
Le médecin me donne de la morphine à libération rapide et me renvoie chez moi avec mon ordonnance.
La morphine agit difficilement, je dors difficilement. Après 15 jours à lutter, la douleur commence à diminuer.
Après 1 mois les énormes hématomes se résorbent.
Cela fait 1 mois 1/2 que ma dernière opération a eu lieu. Par moment j’ai encore quelques douleurs aux cuisses mais plus rien de comparable à ce que j’ai vécu.
J’ai vu un chirurgien sur Toulouse, tout est ok.
Je lui pose la question du suivi maintenant ?
Il me répond qu’il n’y aura plus d’imageries, que c’est fini que ça sera un suivi simple avec le médecin traitant et le gynécologue !
Je sors de l’hôpital avec un énorme sentiment d’abandon.
Après 11 ans de suivi à passer dans les machines tout les ans voir tous les 6 mois par moment, après avoir arpenté les couloirs de l’hôpital quasiment tout les mois pendant les 19 mois qu’ont durées mes interventions, du jour au lendemain, plus rien, ça fait vraiment drôle.
Je suis enfin tranquille, libérée de ce fardeau qui a pourri mon enfance, mon adolescence et ma vie de jeune adulte.
Le 28 décembre dernier, un jour important pour moi, car je suis allée essayer ma robe de mariée !
Après 12 années passées à mes côtés, mon tendre et moi allons nous marier en Août 2020 !
Ce mariage est pour moi l’aboutissement final de ces 12 années de soutien sans failles, avec les joies, les pleurs, les galères, les bonheurs, et c’est une façon pour nous de tourner le dos au passé et se tourner vers le futur.
Un grand grand merci à mon chéri d’avoir enduré tout ça à mes côtés, à mes 2 petites princesses qui ont été très fortes malgré leur jeune âge, ma meilleure amie mamour, ma moitié au féminin, Marie Luce,
Marie France et mes collègues Maickel, Natache, Mélanie et Marine qui ont été un soutien énorme pour moi au quotidien également.
Et un grand merci à toutes mes amies, à ma famille pour leur soutien par message, par teléphone et autres dans ma démarche.
Vous souhaitez publier votre histoire sur le blog ? Déposezvotre témoignage mariage ou témoignage maternité ici.
Votre reconstruction mammaire sur le long terme ? Êtes vous satisfaite ?
Bonsoir,
Pas forcément très satisfaite, il faudrait une autre intervention de lipofiling et une autre pour remonter la poitrine.
Mais le chirurgien refuse de m’opérer, il veut que je me repose et que je me reprenne en mains 😉
Après tout ce long parcours, je me dis que c’est secondaire.
Je suis toujours suivi par un psychologue pour le moment, car mine de rien, j’ai beaucoup souffert physiquement et psychologiquement.
Je également un suivi avec une kiné car beaucoup de tensions sont apparues avec les interventions.
Oui mais le résultat de votre reconstruction mammaire sur le long terme ? Êtes vous satisfaite?
Bravo, toutes mes félicitations pour avoir gagné ce combat, pour vos projets,et tout l’amour qui vous entoure. Bonne continuation.
Merci beaucoup ❤️
Je n’ai pas de mot. J’ai tout Lu depuis le début. J’ai pleuré, j’ai souris sur la fin, j’ai pas de mot… Longue et belle vie à vous 💖
Merci beaucoup <3
Le mariage a été repoussé du fait de la crise sanitaire, mais je suis plus légère, plus sereine 🙂