Lil et Cha devaient se marier le 25 avril 2020. Mais à cause du coronavirus, l’organisation de leur mariage a été un vrai calvaire. D’annulations en reports, ils espèrent pouvoir se dire Oui dans quelques semaines… si la situation le permet. Voici son témoignage.

{Témoignage} Mariage covid : On en a marre !
Bonjour à toutes,
Je suis Lil, lectrice assidue de ce blog depuis plusieurs années et heureuse épouse de Cha. Aujourd’hui, je souhaite partager avec vous l’histoire de nos mariages confinés, dont la liste menace de s’allonger d’ici peu.
Cha et moi faisons partie de ces personnes qui se sont rencontrées au lycée et ne se sont plus quittées depuis. J’ai eu très vite l’envie de me marier mais lui préférait attendre un peu. C’est donc avec bonheur et une pointe de jalousie que j’ai assisté aux premiers mariages dans notre cercle d’amis. Puis, alors que j’avais plus ou moins cessé d’y croire, Cha s’est finalement lancé. Il a fait sa demande en mariage de manière adorable, devant notre ancien lycée. Nous étions alors en juin 2019 et notre plus gros problème à l’époque était de nous mettre d’accord sur le type de faire-part que nous voulions.
Etant enthousiaste à l’extrême et passionnée d’organisation (je suis responsable de projet, ça ne s’invente pas !), tout se met rapidement en place pour notre belle fête prévue pour le 25 avril 2020. A Noël, Cha et moi sommes en avance sur notre planning et nous nous inquiétons à peine de ce virus qui bouleverse la vie de millions de personnes à l’autre bout du monde. Puis l’année 2020 débute et avec elle apparaissent les premières restrictions. Prudents, nous validons une date de report potentiel en novembre avec nos prestataires. Après plusieurs semaines de doutes, nous nous retrouvons, comme beaucoup de futurs mariés, à devoir reporter notre célébration. C’est donc complètement sidérés que nous vivons ce confinement – qui ne sera hélas que le premier mais nous ne nous en doutons pas.
Un premier mariage symbolique confiné
Le 25 avril, nous nous marions symboliquement dans notre appartement avant d’aller faire des photos illégales dans le parc en bas de chez nous. Durant cette période bizarre, j’essaie tant bien que mal de faire le deuil de ce mariage tant rêvé. Cha, de son côté, a de plus gros soucis à régler et nous avons parfois du mal à nous retrouver (ce qui est cocasse quand on est confiné dans un appartement). On se dit par moment que ce n’est pas possible que tout nous tombe dessus en même temps…
Une fois le choc passé, nous mettons à profit le temps dégagé par le télétravail pour préparer la fête reportée qui, cette fois c’est sûr, sera la bonne. Nos prestataires nous ont proposé le 7 novembre. Pour des raisons familiales, cette date n’est pas très heureuse mais nous comptons bien sur une disparition totale du virus d’ici là ! En attendant, ma robe de mariée prend la poussière et je trépigne. Puis, après la tristesse vient enfin une éclaircie : on nous annonce que les mariages seront ré-autorisés à partir de début juin.
Une mariage civil en tout petit comité et distancié
Nous sautons sur l’occasion, en nous disant qu’un « tiens » vaut mieux que deux « tu l’auras ». Tout est organisé en une semaine et, le 6 juin 2020, nous devenons mari et femme lors de notre mariage civil devant une immense foule de … neuf personnes. Notre ami le virus étant toujours dans les parages, ce sera un mariage sans embrassade. Les papiers sont signés, je change de nom mais en vérité je ne me sens pas mariée. L’idée de ce mariage découpé en morceaux qui fera un peu réchauffé pour les invités de novembre me gêne.
Les articles alarmistes sur le virus reviennent à la rentrée et avec eux, les angoisses. A partir de début octobre, nous enchaînons les réorganisations : mariage à 50, mariage à midi, mariage sur deux jours, mariage en visio puis pas de mariage. Là, à nouveau des larmes et un sentiment immense d’injustice puisque tout se joue à quelques jours près. Je repense avec amertume et profonde jalousie à ces amis qui se sont mariés mi-août. Nous étions 200. Le 7 novembre, nous rejouons donc la partition du mariage confiné, mais le cœur n’y est plus vraiment.
Après ce deuxième échec, nous choisissons de privilégier un autre projet et de mettre le mariage de côté. Cette pause de huit mois nous fait le plus grand bien. Puis en août 2021, la question du mariage se pose à nouveau. La vaccination va bon train, la voie semble se dégager. Cette fois-ci, nous choisissons une date qui nous plaît (notre anniversaire de rencontre) : le 18 décembre 2021. Cha est plein d’entrain et nous essayons de rêver à nouveau ce mariage qui nous a pour l’instant plus attristés que réjouis.
Un « vrai » mariage pour la fin d’année ?
Aujourd’hui, nous sommes à moins d’un mois de la date et nous ne savons toujours pas si la célébration pourra avoir lieu. Nous ressentons une grande lassitude, ce mariage est devenu un poids qui nous empêche d’avancer. Je renoue avec la frustration et l’angoisse dont j’espérais m’être débarrassée. Je tourne en rond sur internet, ballotée entre les sites d’infos et les prédictions en tous genres. Je cherche des coupables, quelqu’un à qui en vouloir. J’ai l’impression que le sort s’acharne sur nous, je me demande des fois si nous avons fait quelque chose pour mériter cela. J’enrage, je pleure mais il faut préparer quand même, au cas où… Cha reste stoïque, comme à son habitude : « on verra bien, personne ne sait où en sera l’épidémie dans quatre semaines ». Je croise les doigts et les orteils en priant pour que nous y arrivions, même sur le fil car nous n’aurons pas la force de nous projeter dans une quatrième fête.
Pour moi qui vis beaucoup dans le rêve et la projection vers un futur idéalisé, toutes ces crises et annulations ont été des moments de remise en question. J’ai notamment compris que j’avais surévalué l’effet « rite de passage » de cette tradition qu’est le mariage : je m’attendais à devenir une autre personne, la « version mariée de moi ». Tous ces chamboulements nous ont aussi poussés à nous poser des questions profondes sur le sens de notre engagement et ce qui compte vraiment pour nous. Dans ces épreuves, il a été très important de ne pas se sentir seuls et, lorsque les mots de nos proches ne suffisaient plus, quel soulagement de pouvoir lire les témoignages d’autres marié.e.s dans la même galère !
Je ne mentirai pas, si nous ne pouvons pas faire la fête le 18 décembre, le mariage restera pour moi une blessure ouverte. Pour l’instant, penser à cette éventualité, à cette robe de mariée jamais vraiment portée, à ces faire-parts de remerciement qu’on n’enverra jamais ou à ces belles photos de mariage qu’on n’aura pas, me fait monter les larmes aux yeux. Cependant j’essaie de positiver en me disant que, quoiqu’il arrive, dans un mois, ce sera derrière nous. Le positif, dans cette histoire – parce qu’il y en a un peu quand même – c’est que nous sommes plus amoureux que jamais et que j’ai une foi inébranlable dans notre capacité à surmonter tous les sales coups à venir.
Avec ou sans mariage, avec un beau mariage ou un mariage qui ne ressemble à rien, fiancés pendant 6 mois, 2 ans ou 10, aimons-nous, c’est le principal !
Câlin du courage à toutes celles et ceux qui ont vécu un report/annulation ou sont en train de se poser les mêmes questions que nous !
Vous souhaitez publier votre histoire sur le blog ? Déposez votre témoignage mariage ou témoignage maternité ici.
Merci pour ce message…
3e mariage aussi prévu le 30 avril prochain après 2 confinement… Je trouve très difficile de se remotiver et d’un autre côté, j’ai tellement envie/rêvé/imaginé ce mariage que je me vois pas laisser tomber… On y arrivera! 💪💪
Merci!
Bonjour,
Pour avoir vécu exactement presque les mêmes choses, je le comprends totalement. Prévision d’un mariage en juillet 2020, finalement mariage en petit comité à 14 personnes, puis prévision du mariage laïc fin octobre 2020 à 180. Changement de salle car salle communale non louée deux mois avant la date, puis diminution drastique des invités, puis interdiction en salle tout court, puis goûter et restaurant le lendemain midi… Puis confinement annoncé deux jours avant le jour J. On a jalousé les mariages de l’été, et même les mariages de la semaine précédente. On a ragé, on en a eu marre. Et on a retenté cette année, fin octobre toujours. Mais jusqu’au dernier moment c’est compliqué. J’espère de tout cœur que votre mariage pourra se dérouler sans trop d’encombres nouvelles, et que vous pourrez « passer à autre chose » sereinement, sans déception. Haut les cœurs, vous êtes proches du but ❤️