{Reportage accouchement} Audrey & Eden
Quelle idée de vouloir faire photographier son accouchement… Je me présente, Audrey, 25ans, maman d’une petite loutre et d’un petit loup, Luna 23 mois et Eden 6 mois. Désolée pour la lecture mais impossible de parler de reportage accouchement sans vous racontez un bout de mon histoire. Elle commence à ma première grossesse, une envie de nature, une envie d’accoucher à la maison le plus naturellement possible, entourée uniquement de mon mari, puis un jour je tombe sur un reportage photo accouchement, les larmes ne cessent de couler devant la beauté et la qualité de la transcription des émotions, de cette complicité, de ces moments que nous ne pouvons voir, bien trop occupée à vivre nos propres émotions. Puis je tombe sur le reportage de Marie, Mademoiselle MDPix, malheureusement je suis à sept mois de grossesse et alitée pour menace d’accouchement prématuré et il est hors de question que n’importe qui rentre dans ce moment d’intimité rare.
Je laisse tomber l’idée…
Ma fille naîtra le 21/11/2014 sous péridurale à l’hôpital, l’inverse de ce que je voulais. Et un jour, surprise, j’attends le deuxième, à peine dix mois après avoir accouché de ma première et là je ne laisse pas passer une seconde, je prends mon téléphone et contacte Marie. Son attitude m’a tout de suite énormément plu, elle veut me connaître, et nous fixons un rendez vous. Déjà toutes les deux, pour voir si les principales intéressées sont sur la même longueur d’onde. Marie arrive, j’ai la boule au ventre, peur que le courant ne passe pas… et là Marie toque à ma porte, une copine, le courant passe de suite, à mon grand soulagement. L’aventure commence. Marie prend de mes nouvelles et je lui en donne, une complicité s’installe, une amitié naît, et c’est bien ça le plus important. On ne laisse pas rentrer n’importe qui, on ne téléphone pas au premier photographe qu’on trouve dans le bottin et on lui donne rendez-vous le jour de l’accouchement. Marie fera ma séance grossesse, 17 jours avant mon accouchement, et ce jour là je lui dis bien « prépare toi, ça ne va pas tarder ! » je le sais, je le sens même si je suis à un peu plus d’un mois et demi de mon terme. Et voilà le 18 avril 2016 arrive, 4h45 du matin, une contraction, puis deux, puis trois, ça commence, j’appelle la clinique pour les prévenir de mon arrivée, j’appelle Marie, en vain, elle ne décroche pas. 6 heures, nous prenons la route, Marie doit avoir 50 appels sur son téléphone, dans la voiture, je lui envoie un SMS : « s’il te plait, fais moi un signe, dis moi que tu es sur la route !! » J’ai des contractions toutes les trois minutes. Arrivée à la maternité, Marie répond, mon mari lui dit que c’est le moment, qu’il faut qu’elle vienne, elle n’en revient pas et est prise au dépourvu, coincée à la maison avec ses enfants, NON !!!! Mais elle lui dit, qu’elle va trouver une solution, qu’elle sera là, et qu’il faut que je tienne le coup. Et là le verdict tombe, vous être à 7, ça fait deux heures que je suis en travail, je regarde mon mari, je sais qu’elle en à pour une heure de route, elle n’y arrivera pas…
On part en salle de travail, trois contractions je perds les eaux, la sage-femme qui connaît mon projet de naissance, regarde mon mari et lui dit : « elle n’y arrivera pas, donnez moi votre téléphone, je ferai ce que je pourrai », je rigolais intérieurement, ma superbe sage-femme Delphine, c’était tellement mignon et bienveillant.
Une minute après je ressens l’envie de pousser, Marie n’est toujours pas là.
Et durant une poussée, j’entends mon mari dire : « ça va, bon elle un peu moins mais ça va », je ne peux pas expliquer ce que j’ai ressenti à ce moment là, Marie est là, Eden pas encore, quel bonheur. Le travail suit son cours, j’en ch***, mon mari est là, mais il ne sait pas quoi dire, il ne sait pas comment me rassurer, il ne sait pas ce que je vis, Marie oui, et de sa toute petite voix m’encourage, me rassure, ma sage femme aussi.
UNE EQUIPE DE CHOC. Chacun m’apporte quelque chose, de l’amour, des conseils, de l’expérience… Eden est là, et après avoir serré mon fils et embrassé mon mari, mon regard plein de larmes se pose sur elle, elle qui fait aujourd’hui partie de ma vie, car elle a fait de ce jour quelque chose d’indélébile. Nous pleurons, pour ma part, j’ai vécu l’accouchement de mes rêves, nous venons tous, dans cette salle, de vivre quelque chose d’exceptionnel, LA VIE. Le 18 avril à 15h06, soit un peu plus de 7 heures, seulement, après la naissance de mon fils, je reçois une première photo, et pas n’importe laquelle, le regard de mon mari à la naissance de notre fils… Peu de femmes peuvent se vanter de connaître ce regard bienveillant, ému, admiratif, heureux, amoureux,… j’ai la chance d’en faire partie et mon fils pourra voir en une seule photo tout l’amour que lui porte son père depuis qu’il est né.
C’est ça faire photographier son accouchement, c’est une expérience magnifique, ce sont des regards, des émotions que l’on ne peut pas voir quand on est en travail, quand on accouché, que l’on ne peut pas non plus expliquer, tellement c’est intense, une photo transcrit la profondeur d’une émotion. C’est aussi une complicité que l’on ne perçoit pas forcément, souvent nous sommes bien trop submergées par la douleur. Mais aussi les soins de notre enfant que nous ne pouvons voir, ses premiers pas, car oui nous sommes toujours en position gynécologique, on doit aussi nous soigner.
Bien sûr ce moment est intime, mais ça n’a rien de pervers. Les souvenirs sont là même sans photo, certes. Nous photographions notre mariage, pour avoir une trace visuelle de cette instant magique, du regard que pose notre futur mari sur nous en arrivant à l’autel, de notre papa qui pleure parce qu’il laisse son bébé aux soins d’un autre homme que lui, et j’en passe, et bien photographier son accouchement c’est pareil. C’est pour nous rappeler avec exactitude la beauté de cet instant, du combat que nous avons mené, de la souffrance endurée pour mettre au monde le fruit de l’amour et de ce soulagement, de cette joie qui remplit nos coeurs à cette instant précis ou nos regards se croisent. Et comme dans une église, le/la photographe se doit d’être invisible, et c’est en ça que Marie aura été une parfaite photographe, elle sait trouver sa place dans cette bulle qui n’est normalement réservée qu’aux parents et où s’immisce déjà le corps médical, sans notre consentement pour le coup.
Pour la publication des photos, je comprends que cela fasse débat, pour ma part, je suis fière de partager ça avec mes proches, des amis, et des personnes qui suivent Marie, parce qu’il n’y à rien de honteux à montrer la douleur, la souffrance, et la joie, ce petit être qui n’a qu’une seconde et qui nous rend déjà si fière, de nous, de lui. Et non, vous pourrez chercher, vous ne verrez rien de choquant si ce n’est un petit bonhomme tout nu qui ouvre les yeux pour la premières fois. Désolée d’en décevoir certains…
Voilà mon histoire, celle d’Eden, celle de mon mari, celle de Marie et de Delphine.
Irginie dit
Merci pour ce partage d’expérience et et d’émotions!
Je n’ai pas été choquée.
Je vois plutôt ce reportage comme effectivement un souvenir familial mais il y a quelque chose d’anthropologique . Cela vient dire quelque chose sur nous humains du 21eme siècle
Amélie C dit
Pfouuu le récit, les photos… c’est magnifique et très émouvant. L’accouchement est un moment tellement hors du temps, intense… avant d’accoucher je ne pensais pas que cela soit si fort. Je souhaitais aussi un accouchement le moins médicalisé possible et mon mari et moi avons adoré être dans notre bulle. Etant photographe moi-même, donc très sensible aux souvenirs photographiques, j’ai un petit pincement en me disant que je n’ai pas de photos de toutes ces émotions. Pour le deuxième sûrement ! Et puis comme dit Audrey, la photo du papa découvrant son nouveau-né, quel merveilleux souvenirs !
Audrey, chéris bien ces photos, elles sont tellement précieuses. Vous êtes magnifiques