La fausse couche est une véritable épreuve tant pour le corps que pour l’esprit. A 11 semaines de grossesse, notre lectrice a été confrontée aux premiers signes de la fausse couche et ensuite, tout est allé très vite… Elle témoigne pour raconter son histoire dans un récit où la temporalité a toute son importance. De la découverte à l’expulsion : tous les signes de la
Témoignages sur la fausse couche
Qu'elle soit précoce ou tardive, la fausse-couche est toujours une terrible épreuve pour la femme (et le couple) qui attendait un petit bébé. Elle survient la plupart du temps pendant le premier trimestre de grossesse, c'est à dire avant le troisième mois de grossesse qui correspond d'ailleurs à la première échographie. C'est d'ailleurs pour cela qu'on dit souvent aux femmes de garder le secret de l'heureux évènement qu'elles couvent jusqu'au 4ème mois. Mais il arrive que la fausse-couche survienne bien plus tard, jusque quelques jours avant l'accouchement. On parle alors de deuil périnatal. La fausse-couche est problème de grossesse, dû à la viabilité du foetus.
Des témoignages pour parler du tabou de la fausse-couche
Dans cette rubrique (juste en dessous), vous retrouverez de nombreux témoignages de mamans ayant fait une ou plusieurs fausse-couche. Des mamanges et des paranges comme on les appelle. Toutes les expériences sont différentes. Malheureusement la fausse-couche peut survenir n'importe quand. Une fissure de la poche des eaux, un utérus contractile, une béance du col de l'utérus... tellement de soucis peuvent survenir sans qu'on s'y attende.
Quels sont les symptômes de la fausse-couche
Dans les témoignages que vous découvrirez dans cette catégorie, vous verrez qu'il n'y a pas de signes annonciateurs flagrants à la fausse-couche. certaines femmes ont des pertes, parfois marrons, parfois sanguinolentes, alors que d'autres ne ressentent rien... jusqu'aux premières contractions tragiques. C'est pour cela qu'il nous paraît important de publier tous ces témoignages : ce sont autant d'histoire de femmes qui permettront à d'autres de se sentir accompagnées dans cette épreuve. Ou du moins, moins seule. La solitude est souvent le pire sentiment des femmes qui vivent une fausse-couche. Alors que quand on en parle, on se rend compte que beaucoup, BEAUCOUP de futures mamans en font une avant de mener une grossesse à terme.
Ne pas culpabiliser et surtout en parler
La fausse-couche est un sujet tabou. Notre mission est de le briser en publiant l'histoire de toutes ces femmes qui vivent l'arrêt d'une grossesse. Vous pouvez venir nous raconter votre vécu sur ce blog si le cœur vous en dit. Avec bienveillance nous publierons votre récit qui vous permettra peut-être de tourner la page, mais aussi de prendre contact avec d'autres mamanges ou paranges ayant vécu ce drame.
Vous pouvez laisser vos coordonnées en commentaire de chaque récit pour prendre contact entre vous. Les témoignages étant envoyé totalement anonymement au blog, je ne peux pas vous communiquer aucune adresse email. Merci de votre compréhension.
Témoignage : le déroulement de ma fausse-couche
“Votre grossesse s’est arrêtée il y a quinze jours, Madame !”, c’est l’uppercut violent qui te plonge dans un état second, les oreilles qui bourdonnent, le corps qui bouillonne ; le moment où comme le dit Orelsan "ton visage se décompose et rien n'est plus jamais pareil” .
“Bah ouais, votre grossesse s’est arrêtée il y a quinze jours, Madame !”, c’est comme cela que la gynécologue aux urgences maternité m’a annoncé que je venais de perdre mon enfant.
C’est tellement banal pour un urgentiste d’annoncer à une femme enceinte que sa grossesse s’est arrêtée à deux mois et demi.
Le poids des mots pour annoncer une fausse-couche
Cette phrase, c’est le début, ou bien la continuité d’une maltraitance psychologique au cours de ma deuxième grossesse. Je me répète sans cesse que j’ai de la chance d’avoir un enfant en pleine forme, résultant d’une première grossesse exemplaire, car commencer sa vie de parents par une gynécologue un peu fatiguée, pas du tout empathique qui te jette au visage ta fausse-couche, entre deux portes, entre deux rendez-vous, tout en retirant sa blouse pour aller déjeuner...
Cela m’a fait penser à la chanson de JJ Goldman “Juste Après”, qu’est-ce-que fait une gynécologue juste après avoir annoncé à une femme que son ventre est un cercueil depuis quinze jours, alors que sa carte vitale n’est pas encore sortie du terminal... elle parle du restaurant où elle va aller déjeuner avec sa secrétaire ?
Annoncer une fausse-couche avec délicatesse
La fausse couche est un évènement malheureusement très commun dans la vie des femmes, je peux comprendre que le corps médical n’en fasse pas une histoire et continue sa vie, il y a tellement plus grave dans leur travail mais bordel, il y a des comportements que la décence devrait empêcher d’être. Parce que pour cette femme, la vie ne s’arrête pas, ses enfants sont adolescents et je ne suis qu’une énième porteuse de mort, une de plus, et qui se pointe à l’heure du déjeuner ! Ma fausse-couche, c’est la mienne, j’ai compris dès cette phrase que ma rémission, mon deuil, je ne le devrais qu’à moi et que j’allais devoir trouver seule la force physique de subvenir à mes inquiétudes médicales.
Trois semaine aujourd’hui que ma vie a changé, trois semaines que cette phrase a été jetée, et je suis toujours en colère. Il y a trois semaines, j’étais enceinte de deux mois et demi.
Je me réveille le matin avec un mauvais pressentiment, je venais de rêver que je perdais un jaune d’oeuf en allant aux toilettes. Effectivement, je perds un peu de sang. Je ne panique pas, cela peut arriver. Mais la douleur arrive. Je me rends aux urgences maternité. Arrivée, la secrétaire médicale râle un peu que je soit passée directement par les urgences maternité et non généralistes… Nous sommes quatre femmes à attendre. La gynécologue est partie procéder à un accouchement. Le retard est indéterminé. Je suis déjà étonnée que la gynécologue soit seule mais je vis dans un presque “désert médical”. La secrétaire fini par annuler deux des trois rendez vous. Elle demande à une dame de rentrer chez elle malgré son infection et le fait qu’elle ai 1h de route pour venir. Le second rendez-vous c’est une dame qui devait poser son stérilet. La secrétaire lui dit “La gynécologue va prendre uniquement la dame qui fait son échographie et la dame qui perd du sang, vous avec votre stérilet vous n’êtes pas prioritaire !”. Nous rions avec la dame en question en disant “ce sera considéré comme une urgence si vous revenez dans un mois pour un IVG ?”.
Quand vient mon tour, elle me fait une échographie directement. J’avais compris avant sa phrase ce qui a doublé la violence de sa sentence. J’ai fondu en larmes. Elle a soufflé puis m’a dit “bon vous voulez appeler votre famille peut-être ?” . Je lui ai dit que non. Je voulais savoir de suite quelle était la procédure à suivre. Je me suis mise en mode automatique.
Nous avons eu une conversation purement technique sur la suite des événements. Puis à midi pile, elle me raccompagne au secrétariat. Elle attend que sa secrétaire Jocelyne* raccroche son téléphone. Jocelyne penche sa tête sur l’échographie imprimée. Elle me fixe en train de retenir mes larmes. Je suis debout dans son putain de secrétariat, le monde ne tourne plus autour de moi, je ne fais que me maudire d’avoir dévoilé ma grossesse… il y a deux putains de semaines. Il y a des patients qui attendent à côté.
J’ai honte. J’ai perdu mon bébé.
Je veux juste rentrer chez moi. Elle raccroche et elle me dit “oh je suis désolée”. La gynécologue lui dit qu’il faut prévoir un curetage le mardi suivant. Cinq jours après. Même jour, même heure que mon échographie de fin de trimestre. Jocelyne farfouille son ordinateur, prend ma carte vitale. La gynécologue lui dit “j’ai faim, on va manger où ? J’ai plus personne à voir là hein ?”. Jocelyne me regarde. Je fixe le vide et elle me dit “Madame ? Madame ? Ça fera 40 € s’il vous plaît.”
Je ne suis plus là. Elle m’a satellisée . Elles m’ont satellisée. Jocelyne me demande de revenir le lendemain, à 13h30, qu’on “fera tout à ce moment là” et puis dans la foulée, je verrai l’anesthésiste. Je repars brisée.
Le plus dur dans une fausse-couche, c’est de prévenir les proches. Ceux qui sont au courant du secret. Mais je vis dans un petit département. Ici, tout se sait rapidement. C’est vertigineux quand tu dois penser à qui tu dois prévenir pour éviter que quelqu’un remue la plaie naïvement quelques mois plus tard.
Le lendemain, j’arrive à 13h pour mon rendez-vous. J’attends jusqu’à 14h. Personne. J’appelle le standard, Jocelyne me répond et me dit que oui, elle est là mais elle est en maternité. Effectivement, en passant une énième fois dans le couloir pour aller aux toilettes en attendant, je la vois assise avec ses collègues. Dans la salle d’attente, je vois un écusson “Centre IVG”, je fais quelques recherches sur mon téléphone.
Cette clinique est le seul “centre IVG” du département
14h15, Docteur Con arrive en claquettes avec sa serviette de plage qui est sanglée nonchalamment sur sa mallette de Docteur. Jocelyne me dit d’aller m’asseoir dans le cabinet pendant que Docteur Con cherche une blouse blanche car “faut être un peu professionnel” m’a t’il dit. Son attitude désinvolte me fait sourire et j’envoie un texto à mon mari “sérieux, c’est un sketch ?”
Il rentre dans le cabinet et me dit “oui je vous écoute”, sérieusement ? Ils n’ont pas de dossier patient ? De post-il ? De carnet de liaisons ? Me voilà en train de répéter les détails techniques de façon très factuelle. Je ne suis plus dans mon corps. Il me dit “ah ? Bon bah on va faire une petite écho, la dernière !”. Je n’y tiens pas. Il insiste. “Si si, une dernière, allez”.
Parce qu’il croit quoi ? Que mon fœtus recroquevillé hier sur l’image est devenu un bébé énergique de 3kg500 ? Je me plie à sa volonté, c’est lui le docteur. En me déshabillant devant le miroir, je réalise que mon ventre est rentré. Mon bidou de femme enceinte qui était sorti est rentré en l’espace de 24h. Je suis incapable de savoir que mon bébé était décédé depuis quinze jour mais je peux perdre mon ventre en 24h ?
Il me fait l’échographie, il tourne l’écran vers moi et me fait regarder. Il me dit “oh bah le sac s’est déjà affaissé. Mardi vous dites le curetage ? Hmm . Vous tiendrez pas. L’hémorragie se fera avant.”. Il nettoie son instrument et retourne à son bureau. Je me vois, allongée, les pieds dans les étriers, la robe relevée sur les seins. Il ne m’a rien donné pour essuyer le produit de l’échographie. Rien autour de moi.
Pauvre femme. Je me fais pitié.
Je me lève et ma robe se colle de suite à mon ventre. Je me rassois à son bureau et il me dit “bon je ne vous fait pas payer la consultation !”. Je dois dire merci ? 3mn de rendez vous et une échographie forcée et je vais payer ? Déjà qu’ils font pas le tiers payant, qu’on doit se débrouiller avec des feuilles de soin (en 2019 ?). Il me fait un sourire et me dit “ce sera moi mardi qui vais vous opérer.”
Je me suis retenue de lui demander s’il ira à la plage avant ou après. C’est en sortant du cabinet que je réalise que je n’ai pas posé de question sur ce terme d’hémorragie…
Je suis pressée, Jocelyne m’a donné le rdv avec l’anesthésiste collé avec mon rdv avec le gynécologue. Il était en retard donc je suis en retard. J’ai peur de rater mon rdv avec l’anesthésiste. Je ne sais même pas où est son cabinet.
L’anesthésiste me prend avec 1h30 de retard. Il s’étonne que mon curetage n’ai pas eu lieu ce matin car le bloc avait de la place. Il comprend que je sois en colère de devoir attendre 5 jours avec la douleur physique ET morale. Il répond lui-même à mes questions sur l’opération en elle-même. Pas sur l’anesthésie. Non, il répond aux questions gynécologiques car en fait, on ne m’a rien expliqué. Le monde à l’envers. Lucette* sa secrétaire m’a demandé 50 € en liquide en sortant et m’a gratifiée d’une feuille de soin.
Je me demande si mardi ils vont me demander d’avancer l’argent pour le curetage. Combien cela peut coûter un enterrement de fœtus ?
On est que vendredi. J’ai mal au ventre. J’ai peur. Je ne sais pas comment ça va se passer. Je ne comprends pas ces histoires d’hémorragie. On me dit de venir aux urgences de suite si je perds beaucoup de sang. C’est quoi beaucoup ? “Une serviette toutes les trente minute” me répond une sage femme libérale au téléphone.
Je me rend compte qu’en fait une fausse-couche ce n’est pas un truc qui t’arrive et qui s’arrête de suite.
Non, la fausse couche ça peut durer plusieurs jours.
Je cherche sur le net. Je ne trouve que des occurrences sur “j’ai fait une fausse couche” pas “je FAIS une fausse couche”.
Je n’ai aucune réponse à mes questions. Aucun repère physique sur la “normalité” de la douleur, de la quantité de sang, et de la durée. Je me sens très seule.
Le samedi, je me fais la remarque qu’on peut continuer sa vie EN FAISANT tranquillement sa fausse-couche. Je passe du temps en famille, je m’occupe de mon enfant, etc…
Le dimanche, j’ai mal au ventre toute la journée. Je ne me sens pas bien. J’appelle SOS Médecin, j’ai besoin de savoir QUAND partir aux urgences. On me passe le docteur de garde. Il me conseille de prendre deux aspirines, deux spasfons et un doliprane. Je suis choquée.
Je sais que l’aspirine fait saigner encore plus. Ce docteur vient-il de me donner la recette pour accélérer ma fausse-couche ? Dans tous les cas, je suis seule à la maison. Je ne vais pas jouer aux apprentis chimistes.
Je fais une fausse-couche
Le soir, je ne suis toujours pas bien. J’ai envie d’aller aux toilettes toutes les cinq minutes. Je sais que quelque chose va se passer. Je le sens. Mon enfant dort enfin, mon mari s’occupe du jardin. Je vais aux toilettes. Je pisse littéralement du sang. Je sais que cela va arriver.
Il va se passer quelque chose. C’est imminent. Mais cela ne rentre pas dans les critères que l’on m’a donnés pour me rendre aux urgences. Je retourne aux toilettes, je suis éclaboussée de sang. Quelque chose est tombé. Instinct de survie. Je ne cherche pas à savoir. Je sais déjà ce que c’était. J’ai besoin d’un seau d’eau pour déboucher les toilettes.
Je suis devenue une amazone. Guerrière amoureuse. Je prends soin de bien refermer la porte de la chambre de mon fils. Je tombe en larmes sur ma terrasse et ordonne à mon mari de rester dehors.
Deux heures plus tard, je remplie une serviette toutes les cinq minutes.
C’est l’heure de partir à la maternité
Nous arrivons aux urgences en pleine nuit. La cours des miracles. J’explique ma situation à l’infirmière de garde à l’accueil entre deux quintes de toux vomitives d’un patient impatient.
Je serais quatrième sur la liste d’attente. Un paquet entier de serviettes hygiéniques plus tard, je passe enfin. Ça y est, ils ont traités les urgences d’avant moi, la jeune fille que ça brûle quand elle urine, celui qui tousse du sang, celle qui s’est foulé la cheville pendant son enterrement de vie de jeune fille et la dame qui avait mal aux dents.
Interdiction à mon mari de rentrer avec moi dans le box. Me voilà de nouveau seule, à expliquer ce qui se passe dans mon corps. L’infirmière me dit “je pense que vous l’avez expulsé, ça y est”. C’est pas très délicat mais j’ai le même sentiment qu’elle. Par contre, elle m’explique bien que le gynécologue de garde ne se déplacera pas. Je verrai un généraliste urgentiste. Ce dernier me donne 2 spasfons, et 1 doliprane en me disant de "revenir demain vers 10h” de sa part pour passer une échographie de contrôle.
Je rentre chez moi terrorisée. C’était ça ? L'hémorragie prévue par le Docteur Con ?
Est-ce qu’on peut mourir d’une fausse couche ?
La nuit passe tant bien que mal. Et je ne suis pas au bout de mes peines. En déposant mon fils à l’école, j’ai la présence d’esprit d’appeler Jocelyne, la secrétaire de la maternité. Je lui raconte et elle me dit de ne surtout pas venir à 10h. Elle me donne RDV à midi.
J’arrive pile à l’heure. Docteur Con m’attend déjà. Pas de temps à perdre. Il m’écoute tout en préparant l’échographie. Il m’explique que j’ai pas expulsé le sac. Juste “trois quart de foetus”.
Ok merci, bon appétit. 12h03, la robe qui colle, la feuille de soin pour 35 € de consultation. Je suis dehors. C’est fou ce qu’on peut faire en 3 minutes. Il m’a même dit “A demain matin, ça va être rapide, ne vous inquiétez pas !”. Je ne suis pas inquiète, non, si peu.
Mon téléphone sonne dans l’après midi. Je dois être à 7h30 à la clinique le lendemain.
Le curetage va donc enfin avoir lieu
Malgré l’horreur de la veille.
Je n’ai plus du tout mal au ventre. Il est plat. J’ai l’impression de ne pas avoir été enceinte et déjà le stress de voir mes projets pour les six prochains mois bouleversés.
Mardi matin arrive. Je pars aux toilettes avant de partir. Une contraction et de nouveau splash et le seau d’eau.
Je me sens liberée. Je me rends au service ambulatoire et demande une échographie avant qu’on m’endorme. Docteur Con est appelé. Il me fait l’échographie et me dit “bien. Le reste est parti, sauf une toute petite partie, ça va prendre une minute le curetage.” De nouveau la robe qui colle.
Il y a une coupe budgétaire ? Plus de sopalin ? C’est quoi son problème à lui ?
Je dois dire au revoir à mon mari. Nous serons trois dans la chambre. Impossible d’avoir un accompagnateur. Dur pour un centre IVG. On m’accompagne dans ma chambre, une femme est allongée sur un lit. L'infirmière nous dit “vous êtes là pour là même chose !”. Sur le coup, je trouve ça “sympa” puis ensuite je trouve ça inconvenant. Je pense aux jeunes filles qui peuvent avoir besoin d’aide et se retrouvent dans un univers si froid, si violent. Je me mets à pleurer dans ma chambre dès que la première patiente pars au bloc.
C'est parti pour le curetage
L’équipe du service ambulatoire est au top, une infirmière me caresse la joue pendant que l’autre installe le cathéter, elles me disent toutes deux être passées par là, me disent que c’est bientôt fini. Mon carrosse arrive, l’infirmière se présente en m’accompagnant au bloc. Elle me laisse dans le couloir du bloc, l’infirmière de la salle de réveil vient me voir et m’allonge sur un brancard. Elle me fait des blagues. J’entends Docteur Con sortir du bloc en disant “bon c’est fait”, il sifflote un air et chahute deux infirmières de façon très dérangeante.
L’anesthésiste arrive et se présente en me disant “je suis là pour vous faire planer”.
Je ne rigole pas. Elle me demande si ça va, je lui explique que j’ai peur. Elle m’injecte un petit calmant. Je me permets de dire à l’infirmière de la salle de réveil que Docteur Con est un con. Elle sourit. J’entends la patiente se faire réveiller, elle demande à boire. Puis se met à pleurer quand on lui dit que c’est fini. On vient me chercher et on m’aide à passer du brancard à la table. Je suis triste pour la femme d’a côté. Je fais une blague sur mes jambes pas épilées. Puis le vide.
Je me réveille, je demande un brumisateur car je sais que je n’ai pas le droit de boire. Ce petit cœur d’infirmière de la salle de réveil me donne un chiffon mouillé.
Elle dit que je suis prête à remonter dans ma chambre. Je lui demande l’heure. 09h40.
Je la remercie et je retourne dans mon fauteuil roulant retrouver ma chambre.
La patiente d’à côté prend son petit déjeuner. Je me jette sur mon téléphone pour prévenir ma famille que tout va bien. 10h30, le petit déjeuner arrive. Puis plus rien jusqu’à 13h. Je me suis levée plusieurs fois, j’ai pu aller aux toilettes. Je vais “bien”. Ma voisine de chambre a de la visite. Son mari essaie de savoir quand elle pourra partir. Il me ramène de l’eau. Car depuis 10h30 plus personne n’est passé. On sonne plusieurs fois. Une infirmière nous répond qu’on ne peut pas partir avant d’être auscultée par le gynécologue. Puis on entend “Bon allez salut les filles” et de nouveau le sifflotement. La voix de l’autre là.
Je dis à ma voisine “il est parti sans nous voir ? Sérieusement ? Je n’en peux plus, je me casse.” Quand elle me voit étudier mon cathéter pour l’arracher sans mettre du sang partout, elle appelle de son téléphone, le standard gynécologie. Elle explique. Jocelyne lui répond que Docteur Con est parti prendre son petit déjeuner mais qu’elle va le faire revenir. Une infirmière vient mettre un scotch sur mon cathéter et me faire la morale. Son téléphone sonne et elle dit “je vais vous accompagner toutes les trois ensemble.” .
On se prépare toutes les trois. On a nos feuilles de sortie à faire signer.
On suit l’infirmière dans les couloirs et je reconnais la partie maternité…
Une porte s’ouvre sur notre gauche. Une femme en train d’accoucher.
On est en train de passer par les salles d’accouchement, après notre curetage.
A ce moment, je réalise que ce n’est plus de la maladresse mais bien de la maltraitance.
Docteur Con nous reçoit par ordre de passage du matin. Il me fait mon échographie de contrôle, il se veut rassurant. Tout s’est bien passé. Il peut parler pour lui… Il me demande si je veux un arrêt maladie. Je lui demande si c’est préconisé ou si c’est un arrêt de complaisance. Il rigole.
Je lui demande pour les suites du curetage, la reprise des câlins, la baignade, tout. “Restez tranquille jusqu’à vos prochaine règles.” Il me dit “ah oui et la prochaine fois, ne prévenez pas votre fils avant le 4ème ou 5eme mois de grossesse !” .
Dehors, machinalement, je vais voir Jocelyne et je m’apprête à payer. Mais l’infirmière du service ambulatoire nous attend, on doit repasser par les salles d’accouchements pour aller retrouver nos accompagnants. Je regarde à gauche. Oui, c’est bien un chemin pour aller directement à l’accueil sans passer par les salles d’accouchements. Il n’y a pas la clim certes mais j’aurais préféré.
Je retrouve ma famille et je sais que le pire est passé. Je suis en colère pour tout ce que j’ai subi mais épuisée. Je n’arrive pas à pleurer ni à dormir. Je suis vidée.
Les jours qui ont suivi, j’étais triste pour le deuil de mon bébé, et en colère du traitement que j’ai subi.
Et ce qui a été le plus dur c’est qu’avec la fausse couche, on est privée de sa maternité. Du jour au lendemain on passe de future mère à rien, mais aussi privée de ma féminité. Pas de rapports pendant 1 mois et pas de baignade.
Je suis horrifiée à l’idée que des jeunes filles ou primipares puissent vivre cela. Je suis triste de voir qu’on est bien seule dans ce genre de deuil.
17 jours après mon curetage, qui a sonné la fin de ma fausse-couche, c’est avec mes larmes que j’écris cela. Il fallait que je l’écrive pour que ces souvenirs, cette blessure sorte de moi.
Il fallait que j’accepte de laisser partir la colère pour être triste et enfin guérir.
“Écoute, l'histoire s'écrit en tournant les pages . Écoute.J'ai pris quelques notes” (Orelsan)
Ce sont mes notes trop tard pour un plus jamais.
Retrouvez plus de témoignages de fausse-couches ci-dessous
Fausse-couche médicamenteuse et cette maltraitance médicale
Bienvenue sur le blog de Cynthia. PMA, maternité, elle vous raconte son parcours pour devenir maman. On ne m’avait pas prévenue de la douleur lors d’une fausse-couche médicamenteuse Je ne sais pas comment aborder le sujet des maltraitances médicales et avoir les bons mots. Mais peut-on avoir vraiment les “bons” mots pour un événement tel qu’une fausse-couche ? Après l’expérience que j’ai vécue, je souhaite, non
Fausse-couche : l’âge et le surpoids en cause ?
H. a trente-neuf ans et en est à sa seconde fausse-couche. Aucun diagnostic n’explique ses arrêts de grossesse, mais les médecins pensent que le poids et l’âge de le jeune femme peuvent en être la cause. H. est perdue. Voici son témoignage. {Témoignage} L’âge et le surpoids peuvent-ils être la cause d’une fausse-couche ? Bonjour à toutes Je laisse mon témoignage ici car je suis
{Témoignage} 3 arrêts naturels de grossesse à 18 ans
Stéphanie est jeune et en parfaite santé, mais elle en est à sa troisième « fausse-couche« . Des arrêts naturels de grossesse qu’elle ne comprend pas et qu’elle a beaucoup de mal à encaisser. Elle qui rêve de devenir maman. Voici son témoignage. {Témoignage} 3 fausse-couche en 9 mois Bonjour à toutes lectrices, Je m’appelle Stéphanie, j’ai 18 ans et je fais malheureusement partie de ces 2%
2 enfants et 4 grossesses, je voulais tant ce petit dernier
M. est déjà maman de deux enfants. Elle et son mari se sont relancés dans les essais bébé pour essayer d’avoir un dernfer bébé. Mais après deux fausse-couche dont une GEU, la jeune femme ne veut plus revivre cela. Voici son témoignage. {Témoignage} Je voulais ce petit dernier, mais c’est terminé Bonjour à toutes les lectrices du blog, J’ai 34 ans, je suis maman et
Oeuf-clair : « J’attends cette fausse-couche avec impatience »
Lola est confrontée à un problème de grossesse qui touche 15% des femmes enceintes : l’oeuf-clair. L’embryon n’est pas viable et doit être expulsé naturellement ou via médicaments par fausse-couche. La jeune femme a hâte que tout se déclenche pour pouvoir passer à autre chose. Voici son témoignage. {Témoignage} Passer à autre chose après l’annonce d’un œuf-clair Bonjour à toutes, Je m’appelle Lola, j’ai 27
Fausse-couche, œuf clair, quand commencer les FIV ?
Nana n’a pas de relation suivie mais souhaite devenir maman. Après deux grossesses, terminées en fausse-couche précoce et œuf-clair, la jeune femme se demande à quel moment elle peut commencer à envisager les FIV. Voici son témoignage. {Témoignage} A 41 ans, j’ai peur de ne jamais devenir maman Bonjour à toutes, Moi c’est Nana, j’ai 40 ans, bientôt 41. J’ai un boulot prenant qui m’occasionne
Fausse-couche : j’ai d’expulsé le sac gestationnel sous ma douche
Faire une fausse-couche est une chose malheureusement banalisée : beaucoup de femmes passent pas cette épreuve, surtout lors d’une première grossesse. Elle n’en reste pas moins une épreuve traumatisante pour la future maman. Marie avait déjà deux enfants, et savais que cette troisième grossesse ne se déroulait pas « normalement ». Sa fausse-couche s’est déroulée naturellement, sous la douche, et la jeune maman était choquée de ce
Fausse-couche à répétition : 3 FC et finalement 2 bébés
Avant d’avoir ses deux bébés, A. a fait 3 fausse-couche à répétition. La jeune femme n’y croyait plus. Elle pensait qu’elle n’arriverait jamais à mener à terme une grossesse… et puis un premier miracle, et puis un second… voici un beau témoignage plein d’espoir pour toutes les futures mamans qui subissent cette terrible épreuve. {Témoignage} 3 fausse-couche à répétition : je n’y croyais plus, et
100% de malchance : 4 fausses-couche et une trisomie
Jen a bientôt 40 ans et veut un troisième enfant. Mais pour ce dernier bébé, rien ne se passe comme prévu. Elle enchaîne les problèmes de grossesse, entre œuf-clair, fausse-couche et trisomie. Elle en vient à se demander si un jour elle aura ce troisième bébé tant désiré. {Témoignage} Je veux ce troisième bébé coûte que coûte Bonjour à toutes et à tous, Je n’ai
Une fausse-couche et un corps médical qui n’en a rien à foutre
Lors de sa fausse-couche, L. s’est rendue compte que le corps médical n’était pas du tout à l’écoute de ce qui lui arrivait. Ballottée entre sage-femme et médecin traitant, elle s’est sentie seule pour traverser cette épreuve. Heureusement, tous vos témoignages sur la fausse-couche publiés sur le blog, l’ont aidée à comprendre ce qui lui arrivait et à être plus sereine. Elle voulait remercie toutes
Tomber enceinte avec une seule trompe
Audrey a fait 4 fausse-couche et l’une d’elle était en fait une grossesse extra-utérine qui lui a valu l’ablation de l’une de ses trompes. Mais cela ne l’a pas empêchée de retomber enceinte et de mener à terme cette grossesse pour avoir un magnifique petit garçon. Un merveilleux message de persévérance, qui donnera de l’espoir à toutes les femmes subissant les nombreux problèmes de grossesse
1 an après ma fausse-couche, j’attends un bébé pour Noël !
Lorsque l’on tombe enceinte la première fois, on ne pense pas aux risques de fausse-couche. Et puis elle arrive, plus souvent qu’on ne le croit, surtout pour une première grossesse. M a très mal vécu sa fausse-couche, mais gr^ce à tous vos témoignages publiés sur le blog, elle a pu remonter la pente. Alors aujourd’hui elle souhaite témoigner à son tour pour rassurer les futures
Essais bébé : il ne comprend pas que le temps m’est compté
Gloria avait 24 ans quand les médecins lui ont diagnostiqué une anomie utérine qui augmente considérablement son risque de faire une fausse-couche. Et plus le temps passe, plus ces risques s’amplifient. Alors comment faire comprendre à son conjoint, qui lui pense qu’ils ont encore largement le temps, qu’au contraire il ne faudrait pas trop tarder pour se lancer dans les essais bébé ? Voici son
Ce n’était pas une fausse-couche mais une grossesse extra-utérine
Chloé pensait faire une fausse-couche, mais elle se vidait de son sang. Quand les douleurs insupportables se sont rajoutées, elle a été transportée aux urgences où les médecins se sont rendus compte qu’elle faisait une grossesse extra-utérine. Une opération en urgence, une trompe droite retirée et une trompe gauche à surveiller. La jeune femme encaisse les coups durs. Voici son témoignage. {Témoignage} Je pensais faire
Enceinte de 8 semaines, j’ai fait une fausse-couche
Karine était en tout début de grossesse lorsque les saignements ont commencé. Il y a eu un hématome, puis une fausse-couche. La jeune femme a eu du mal a en parler à son entourage et a décidé d’aller consulter une psychothérapeute. Voici son témoignage. {Témoignage} Je suis allée consulter une psy pour parler de ma fausse-couche Bonjour les filles Je voulais partager mon expérience en
Grossesse extra-utérine suivie d’une fausse-couche : garder espoir
A cause d’une grossesse extra-utérine décelée très tard, Mana a dû se voir retirer l’une de ses trompes. Elle est retombée enceinte très vite en suivant, mais a fait une fausse-couche. Comment garder espoir quand coup sur coup, le sort s’acharne ? Voici son témoignage. {Témoignage} GEU, fausse-couche, comment ne pas perdre espoir ? Bonjour à toutes, Je tiens à remercier toutes celles qui laissent
Une seconde grossesse miracle, après une attente interminable pour la première
C’est après une première fausse-couche et de longs essais bébé, que les médecin ont enfin découvert que C avait le syndrome des ovaires polykystiques. S’en est suivie une seconde fausse-couche et puis… la vie. Voici son témoignage. {Témoignage} SOPK, fausse-couche et grossesse naturelle Bonjour à toutes les lectrices du blog, Je m’appelle C, j’ai 33 ans, je suis mariée à Monsieur T, 37 ans, et
{Témoignage} Fausse-couche : Petite graine
Margot fait une fausse-couche. Demain elle devra prendre le médicament qui lui permettra d’expulser l’embryon. Avant de faire ce geste, elle voulait témoigner, de la douleur, autant mentale que physique de cette épreuve, par laquelle passent tant de femmes. Voici son témoignage. {Témoignage} Au revoir petite graine Bonjour, Je me présente brièvement, je m’appelle Margot, j’ai 27ans, et je viens de vivre ma première grossesse.
Grossesse sous stérilet et fausse-couche tardive
Alors qu’elle portait un stérilet et ne souhaitait plus avoir d’enfant, Marion s’est aperçue qu’elle était enceinte. Le choc ! Elle a hésité entre avorter ou poursuivre cette grossesse sous stérilet, avec les risques de fausse-couche encourus. Ce récit est très dur à lire, et on envoie plein d ‘amour et d’ondes positives aux mamans à qui cela pourrait arriver <3 Merci aux futures mamans,
- 1
- 2
- 3
- …
- 10
- Page suivante »